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Le Voyage de l’Humanité – aux origines de la richesse et des inégalités, par Oded Galor

Cet article est extrait du Journal des libertés n°21(été 2023)

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Dresser la fresque du progrès de l’humanité, et notamment comprendre le processus du développement économique, présente toujours un côté attrayant par la révélation d’une explication globale embrassant de nombreux siècles. Toutefois, le risque est de se fourvoyer dans des explications réductrices qui s’avèrent finalement assez peu éclairantes. Le pari est osé, la démarche héroïque, mais l’entreprise pas toujours couronnée de succès.

Le Voyage de l’Humanité d’Oded Galor participe à cette entreprise globale de la compréhension des sources du développement économique. Son auteur est professeur d’économie à la Brown University. Il est l’inventeur de la théorie de la croissance unifiée, qui s’inscrit dans une démarche macro-historique s’appuyant sur les phénomènes de long terme pour expliquer le développement économique et les dynamiques divergentes de développement. Cet ouvrage vient donc à la suite d’autres contributions plus ou moins récentes, qui insistent sur les institutions de la liberté permettant l’accumulation du capital, le développement du travail et des échanges (Hoppe, 2021). McCloskey (2022), reprenant en partie son argumentation élaborée dans d’autres ouvrages (McCloskey, 2016), et tout en dénonçant les limites de l’approche néo-institutionnelle, souligne l’importance des vertus bourgeoises, d’une éthique bourgeoise, laquelle consiste notamment en la prudence, la tolérance, le respect, la considération de l’autre, etc. Ce qui fait écrire à McCloskey, “The original and sustaining causes of the modern world … were ethical, not material” (Ibid,, p. XXXI). La dimension matérielle du progrès économique n’est que la courroie de transmission d’un mouvement plus profond. Quant à North (1990, p. 118), il place au cœur du processus du développement économique les institutions, instruments de réduction de l’incertitude, qui fournissent alors un cadre d’échange et de spécialisation relativement stable pour les acteurs économiques. North (2005) revient sur l’importance de l’incertitude et la nécessité de sa maîtrise par les individus qui élaborent des « échafaudages », mobilisant des croyances et des perceptions, et la culture (Ibid., p. 14). Le processus de développement repose donc sur une dimension cognitive ; ce modèle vient enrichir l’approche néo-institutionnelle classique, et ce faisant en dénonce les limites en soulignant son caractère relativement rustre. Bien évidemment d’autres travaux comme ceux de David Landes (2000) et Joel Mokyr (2020) auraient pu être mentionnés.

Voyage de l’Humanité s’inscrit donc dans un contexte où de nombreuses contributions ont déjà défloré le sujet. L’ouvrage s’articule autour de deux grandes parties. La première intitulée l’Odyssée humaine s’intéresse aux conditions de décollage économique de l’humanité, les conditions de la prospérité. La deuxième partie traite des origines de la richesse et des inégalités. Galor précise dans son introduction que cette seconde partie de l’ouvrage consistera en l’examen des « facteurs institutionnels, culturels, géographiques et sociétaux qui ont émergé dans un lointain passé et propulsé les sociétés sur des trajectoires historiques distinctes, qui les ont arrachées à la stagnation à des périodes différentes et ont creusé les écarts de richesse entre les nations » (p. 15).

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