Tout n’est donc pas perdu, mais tout peut être gagné avec courage et persévérance. C’est la conclusion à laquelle parvient Maître Jean Philippe Delsol, administrateur de l’IREF, quand il observe les politiques courageuses qui sont menées aujourd’hui dans le monde. Et en France ?
Il n’y aura pas de redressement des finances publiques, et plus largement de retour durable à la prospérité sans que les hommes politiques trouvent le courage de redonner aux individus les responsabilités individuelles sans lesquelles les libertés sont menacées tout autant que le progrès et l’épanouissement de nos sociétés. Les Anglais ont voté pour le « sang et les larmes » et les Américains se sont révoltés contre la politique d’abandon et d’assistance d’Obama. Ce sont les signes favorables d’un nouveau courage politique qu’expriment également Angela Merkel et certains députés français.
L’espoir Cameron
Dans le cadre des efforts budgétaires qu’il a promis, le gouvernement britannique prévoit de réduire de 81 milliards de livres les dépenses publiques d’ici à 2015 et d’avoir retrouvé à cette date l’équilibre du budget de la Couronne. Dans ce cadre le ministre du travail et des retraites de David Cameron, Iain Duncan Smith, a présenté un projet de loi pour remettre les chômeurs au travail. Si ce projet est définitivement adopté, les agences pour l’emploi pourront imposer aux 1,4 millions de chômeurs indemnisés que compte actuellement la Grande Bretagne de faire des travaux d’intérêt général, pendant 30 heures par semaine et sur une durée de quatre semaines, en contrepartie de leur allocation chômage de 64,30 livres par semaine. A défaut, les chômeurs seront privés de leur indemnité pendant trois mois. Il en sera de même pour ceux qui refusent des offres de travail ou n’en cherchent pas.
Les Anglais ne semblent pas vouloir, à la française, multiplier les manifestions et les grèves. Le Parti travailliste lui-même exprime ses critiques avec pondération. Seul l’archevêque de Canterbury, chef de l’église anglicane, crie au scandale : «Je suis très inquiet. Je ne pense pas que cela soit juste». Il est oublieux sans doute de la seconde lettre de Saint Paul aux Thessaloniciens (3, 7-12) : « …si quelqu’un ne veut pas travailler, qu’il ne mange pas non plus ». Faudra-t-il encore longtemps que les chrétiens raisonnables continuent de croire malgré leurs clercs ?
Au-delà de l’économie budgétaire, qui n’est d’ailleurs programmée qu’à moyen terme eu égard au coût de mise en œuvre du programme plus général engagé par le ministre pour regrouper, sous la forme d’un crédit universel, une trentaine d’allocations diverses et rendre le système plus incitatif au travail, notamment en permettant aux chômeurs qui retrouvent un emploi de conserver une part des allocations afin d’être sûrs qu’ils gagnent plus, il s’agit d’abord de lutter contre l’habitude de désœuvrement qui s’instaure chez presque toute personne sans travail pendant trop longtemps.
Le risque Obama
Au-delà du chômage, qui est toujours une difficulté grave pour ceux qui le subissent, il s’agit de savoir comment lutter le mieux contre ce fléau : en aidant ses victimes à l’infini ou en les rendant mieux responsables d’elles-mêmes.
Ce fut le débat de fond en France sur les retraites. C’est parce qu’ils ne veulent pas assumer la responsabilité d’eux-mêmes, de leur avenir, que les Français refusent les fonds de pension et la retraite par capitalisation. Ils ont si peu confiance en eux qu’ils préfèrent compter sur la solidarité du voisin et celles des générations à venir plutôt que sur leurs propres capacités. Et parce qu’ils s’en remettent à l’Etat et aux autres pour administrer leurs problèmes, ils perdent l’habitude et la capacité de les gérer, s’enfonçant dans une terrible spirale d’irresponsabilité et de soumission au Léviathan.
C’est ce débat aussi, incompris des Européens, qui a été, autrement, au cœur du projet d’Obama sur l’assurance maladie. La question était de savoir si l’Etat doit s’occuper de l’assurance des gens, voire seulement les obliger à s’assurer, ou si la liberté individuelle doit prévaloir au risque que certains se trouvent forts démunis quand viendra la maladie. Le risque des mesures adoptées par le Congrès américain pour assujettir tous les citoyens à une assurance obligatoire est que s’émousse rapidement la responsabilité de chacun dans la gestion de sa propre vie. Au travers de cette mesure évidente pour des Européens et particulièrement pour des Français, c’est tout l’esprit d’une société qui est en jeu, toute sa dynamique fondée sur la liberté et la responsabilité, tout son fonctionnement que favorise l’ascenseur social capable de monter et de descendre. Un autre risque, aux moindres conséquences, est que comme en Suisse, le coût des assurances s’envole dès lors qu’elles seront obligatoires.
La forte réaction des Tea Parties et des électeurs américains contre la politique démocrate lors du scrutin du 2 novembre démontre qu’une partie significative de la population américaine croit encore aux vertus de la liberté individuelle.
Retour à la responsabilité
La responsabilité des citoyens passe par celle des élus. Prendre ses responsabilités exige du courage, et pour un élu, du courage politique. Certains en apparaissent capables comme Angela Merkel, qui soutient avec force que le sauvetage des banques européennes ne peut pas reposer sur les seules épaules des Etats, donc des contribuables, mais aussi sur le porte monnaie de ceux qui ont investi dans ces banques ou dans leurs produits.
C’est aussi une démarche responsable, dans un autre domaine, que celle d’Hervé Mariton qui ose dire qu’il faudrait supprimer le Conseil Economique et Social, un organisme, selon ses propos, qui réunit des gens de qualité, mais qui « ne sert à rien ». Il sert, à dire vrai, à reclasser les recalés de la République ou à leur offrir une retraite tranquille et rémunérée, comme à Monsieur R. Soubie. D’autres députés de la majorité, comme Richard Maillé et Lionel Tardy, tempêtent à juste titre contre les 700 comités Théodule dont le coût est estimé à 25 millions d’euros et dont la liste tient de l’inventaire à la Prévert, du Comité de la prévention et de la précaution (on n’est jamais trop prudent), avec un budget de 80.000 euros en 2009, pour dix réunions, au Comité national de l’initiative française pour les récifs coralliens qui réunit, lui, tous les deux ans ses 38 membres pour un coût de 150.000 euros, ou la Commission nationale d’indemnisation des dégâts de gibiers ou le Comité stratégique du calcul intensif… le Conseil supérieur de la prévention des risques professionnels maritimes et du bien-être des gens de la mer, la Commission spécialisée de terminologie et de néologie en matière juridique.
Les voix de ceux qui réagissent sont encore trop souvent des voix dans le désert. Mais tant qu’il y a des voix, il y a encore du débat et de l’espoir. C’est aussi le sens de notre propre voix pour croire que non seulement tout n’est donc pas perdu, mais encore que tout peut être gagné avec courage et persévérance.
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La c.s.g en est un bel exemple
La c.s.g n’est elle pas un bel exemple de ce que vous décrivez.
J’ai toujours été surpris qu’une telle ineptie fiscale puisse voir le jour.
En effet cela reviens à taxer de l’argent que l’on a jamais eu!
Un peu comme la taxe de la taxe sur certaines factures……..
Donc distribuer au détriment de ceux qui travaillent de l’argent qui n’existe que dans la tete de certains.
Quand j’entends certaines personnes vivant des subsides de l’état,dire qu’elles attendent leur salaire…!
Etant cependant bien conscient que c’est la paix sociale qui favorise les affaires.De ce point de vue les responsabilités ont glissés petit à petit des personnes morales représentants le monde du travail vers une entité d’état.
Que chacun prenne ses responsabilités.
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