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La France a-t-elle vraiment assaini ses finances publiques comme le prétend la Commission européenne ?

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La Commission a officiellement recommandé de mettre fin à la procédure pour déficit excessif déclenchée contre l’État français en 2009. L’État français aurait assaini ses finances publiques en réduisant enfin ses déficits en-dessous de 3% du PIB, conformément aux prescriptions du Pacte de stabilité et de croissance (PSC). Il est vrai que de nombreuses mesures ont été prises ces dernières années pour réduire le déficit de l’ensemble des administrations publiques. Même s’il faut rappeler qu’il reste encore beaucoup à faire pour s’aligner sur les nombreux pays européens qui présentent une comptabilité plus équilibrée.

Evolution du Déficit des administrations publiques pour certains pays sélectionnés en Europe % du PIB, 2009 – 2017

Evolution du Déficit des administrations publiques pour certains pays sélectionnés en Europe % du PIB, 2009 – 2017

Cependant, la réduction des déficits ne saurait à elle seule être interprétée comme un assainissement des finances et de l’économie d’un pays. Rappelons tout d’abord qu’au regard de l’analyse économique, l’improductivité des déficits publics tient à ce que qu’ils impliquent de détourner l’épargne des citoyens pour renflouer les administrations déficitaires…au détriment des investissements réellement productifs. Le secteur marchand se voit ainsi privé d’une manne financière considérable. Ce qu’on appelle dans le vocabulaire économique « effet d’éviction ». Le détournement de l’épargne par les administrations réduit les financements des entreprises productives, tout en les rendant plus coûteux (en raison de la pression que les gouvernements font peser sur la demande d’épargne). Selon Eurostat, le PIB de l’Union européenne s’élevait à 15 326 milliards d’euros environ en 2017. Le déficit moyen des pays de l’Union européenne s’étant établi à 0,96 % du PIB en 2017, ce sont au moins 147 milliards d’euros qui ont été détournés par les gouvernements européens en 2017 au détriment d’un usage plus productif. Le résultat de ce détournement est une accumulation de capital productif ralentie et donc des gains de productivité globaux plus faibles que si les sommes détournées par les gouvernements avaient été directement investies dans le secteur productif. La croissance de la production globale de richesses étant ralentie, c’est la lutte contre la pauvreté qui est in fine retardée.

Plus que les déficits, ce sont les dépenses publiques et la fiscalité qui comptent véritablement

Pour connaître la totalité des sommes détournées par les gouvernements, la dépense publique et la fiscalité sont des indicateurs plus pertinents que les déficits publics. En effet, chaque euro prélevé et dépensé par l’État est un euro en moins à la disposition des citoyens-producteurs, éventuellement pour épargner ou investir. Or en France, la dépense publique n’a pas diminué de manière significative ces dernières années, Autrement dit, à la différence de nombreux pays européens, la réduction des déficits en France s’est faite principalement à travers une augmentation de la pression fiscale, ce qui est de nature à affaiblir les incitations à créer de la richesse dans l’hexagone.

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Assainir une économie, c’est réduire la sphère publique au profit du secteur productif

Au-delà de la simple question des déficits, une véritable entreprise d’assainissement des finances publiques et de l’économie consisterait à faire reculer la sphère publique au profit du secteur productif. Entre 2009 et 2016, 22 des 28 pays qui composent l’Union européenne l’ont sensiblement fait. On trouve parmi les mauvais élèves la France, la Belgique ou encore la Grèce mais dont les habitants ne payaient pas vraiment leurs impôts commencent seulement à le faire. .

Si l’Union européenne tient à coordonner efficacement les politiques budgétaires, elle devrait donc ajouter aux critères de convergence l’obligation de ne pas dépasser un certain niveau de dépense publique et de fiscalité acceptable, c’est-à-dire suffisant pour assurer l’ordre et la sécurité au sein d’un État membre. Ce serait la seule forme d’harmonisation budgétaire acceptable.
Ferghane A

Evolution du Déficit des administrations publiques pour certains pays sélectionnés en Europe % du PIB, 2009 – 2017
Evolution du Déficit des administrations publiques pour certains pays sélectionnés en Europe % du PIB, 2009 – 2017
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2 commentaires

LEXXIS 13 juin 2018 - 5:02

LA COMMISSION A CÔTÉ DE LA PLAQUE!
On reste sidéré par l'inanité des règles européennes en matière de finances publiques. Surveiller le déficit ou la dette,sans se soucier du niveau des dépenses publiques, ni. de l'importance des prélèvements obligatoires, c'est incontestablement passer à côté de la question et quand on voit les salaires de Bruxelles, on est bien obligé de convenir qu'on paye des ânes à braire.Mais il ne faut pas s'étonner ensuite que se développe chez les peuples un sentiment de vive méfiance, voire d'hostilité vis-à-vis de ceux qui font si mal leur travail.

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Astérix 18 juin 2018 - 10:39

En plein accord; il faut sortir de cette europe avec un petit e car l'on ne peut supporter plus longtemps tous ces incapables. Nous subissons une véritable dictature administrative et financière de type ex URSS qui vient s'ajouter à celle de la France qu'il faut rejeter de toutes nos forces.
Ce régime est simplement insupportable.
Assez !
Nous voyons bien que tous nos dirigeants sont incapables de gérer; ils n'ont toujours pas compris qu'il fallait baisser massivement les dépenses publiques, alléger considérablement les prélèvements, impôts et taxes, privatiser au maximum et libérer les énergies des contraintes et normes imbéciles.
N'importe quel crétin, sauf nos énarcotechnocrates, pourrait comprendre que lorsque l'état prélève 70 % de la richesse créée par le privé, le Pays est économiquement mort et sa population avec !

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