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François Hollande : l’impuissance tragique

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Que retiendra-t-on des vœux du Président ? Sans doute le « pacte de responsabilité ». Mais pourquoi les entreprises passeraient-elles un pacte avec l’Etat qui porte la responsabilité du chômage ? Et en quoi le « modèle social français » nous protégerait-il de la ruine, alors qu’il nous y plonge ? Le Pr.Jean Philippe Feldman s’interroge…

Lors de ses traditionnels vœux du Président de la République, le 31 décembre 2013, François Hollande a eu le mérite de résumer en quelque dix minutes la tragique impuissance qui l’habite depuis maintenant vingt trop long mois.

Après avoir critiqué Nicolas Sarkozy, souvent à juste titre, et après s’être contenté dans ses vagues propositions pour l’élection de 2012 de défaire ce que ce dernier avait fait, notre Président semble enfin se rendre compte de la gravité de la situation. Il a dû reconnaître -et Dieu sait si cela a dû lui en coûter- que les impôts étaient excessifs, que le chômage restait trop élevé, que la Sécurité sociale n’était pas exempte d’abus, que les collectivités locales pouvaient faire mieux en dépensant moins, que le déficit budgétaire devait être réduit. Le constat, globalement lucide, est terrible au regard du programme du candidat Hollande en 2012 et de la politique socialiste depuis cette date.

Compte tenu de ce triste constat, quelles sont les propositions présidentielles ? Là, les choses se gâtent sérieusement. La seule véritable annonce faite est celle d’un vague « pacte de responsabilité aux entreprises » selon lequel, si l’on comprend bien, celles-ci bénéficieraient d’une fiscalité sociale réduite et de règles moins contraignantes à condition qu’elles embauchent plus et qu’elles pratiquent davantage le « dialogue social ».

Ainsi, François Hollande se rend-il compte que le chômage est dû entre autres à des questions fiscales au sens large et à une sur-règlementation. Mais l’analyse présidentielle est parcellaire et surtout on ne s’explique guère pour quelle raison les entreprises devraient conclure un « pacte » avec les autorités, alors que celles-ci sont « responsables » du chômage. Si les entreprises n’embauchent pas, c’est qu’elles n’y ont pas intérêt en raison des « risques » liés à l’emploi : fiscalité abusive, monopole désastreux de la Sécurité sociale, insécurité normative croissante, Code du Travail obèse et illisible, coût de la rupture des contrats de travail, etc.. Quant au « dialogue social» – clin d’œil appuyé et électoraliste aux syndicats de salariés -, il est peu ou prou inexistant dans la mesure où les syndicats, d’une part, ne sont pas représentatifs, sauf exception, et, d’autre part, ne sont généralement pas « responsables ». François Hollande a beau mobiliser un vocabulaire traditionnel de « gauche », ce dernier tourne à vide : « justice sociale », solidarité, « exception culturelle », « protection », etc..

Quant à la méthode, elle ne peut que surprendre : il faudrait dépenser moins, non seulement pour réduire les déficits, mais encore pour, « à terme, baisser les impôts ». Il est certes louable que le Président se rende compte du fait que la France, vice-championne du monde des prélèvements obligatoires, dépense trop. Mais la méthode est coupable : c’est, au contraire, en diminuant le périmètre de l’État et en réduisant la fiscalité de manière drastique que l’on entrera dans un cercle vertueux, accompagné d’une baisse des dépenses publique.

Les vœux présidentiels ne peuvent être que des vœux pieux : François Hollande reste englué dans les certitudes de la plupart des hommes politiques français. Au milieu de son allocution, il donne la clef de sa pensée : « Le modèle français n’est pas négociable. Parce que c’est lui qui nous permet d’avancer, génération après génération ». En réalité, c’est le modèle français, que « le monde entier nous envie » (au point de nous en laisser le monopole), qui nous plombe et, pour reprendre la métaphore présidentielle, c’est lui qui nous fait avancer au bord du précipice. Tant que François Hollande ne l’aura pas compris, ses discours et ses actes seront voués à l’échec.

Jean-Philippe FELDMAN
Professeur agrégé des facultés de droit
Maître de conférences à Sciences Po
Avocat à la Cour de Paris

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3 commentaires

dd 13 janvier 2014 - 3:37

Pauvres dirigeants
Ils sont pour la plupart sortis de l'ENA,ce qui est loin d'être une référence!
Ils ignorent tout de la vie "normale" du citoyen normal.
Dans leurs hautes études, on leur a enseigné que l'on pouvait tout faire et tout acheter sans se soucier si la dépense était possible (comme un ménage "normal" en somme!
Et depuis des décennies nous avons affaire à ce genre de personnages qui gaspillent sans compter l'argent que le peuple a tant de mal à gagner. C'est tout simplement scandaleux.
Et nous ne sommes pas près de voir le bout du tunnel………………………..

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ouioncoulapic 14 janvier 2014 - 11:14

bravo pour ce message rafraichissant et concis
Tout y est dit.
Le mal est fait, la confiance est perdue. Les élites sont parties ou s'y préparent.
L'industrie est laminée. L'économie décélère et les effets ne se sont pas encore pleinement fait sentir. Après avoir plumé tous les pigeons et que les derniers dindons se soient envolés, l'amortisseur social ne sera bientôt plus qu'un matelas de cailloux.
Mais comment a t'on pu en arriver là ?

Décliniste ? Méchant patron de droite ? Anarchiste en devenir ? Imbécile ?
Je ne sais pas … mais désabusé et en colère oui.

Alors courage ! Fuyons !

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Astérix 18 janvier 2014 - 11:36

Ou comment gagner du temps
Conférence de presse de F. HOLLANDE; Que doit-on retenir ?

– Un Conseil stratégique de la dépense publique
– Un Observatoire des contreparties
– Un Conseil de l'attractivité
– Un Conseil de simplification

Ou comment enfumer une fois de plus les Français et le monde de l'entreprise.

RIEN, je prends date, il ne se passera RIEN.

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