Dans une interview récente, Ben Bernanke annonce la ligne que va suivre Janet Yellen, qui ne veut pas se dégager de la politique accommodante : pas d’ « exit ». Analyse de la Nouvelle Lettre, qui prend un relief nouveau quand le Trésor américain se trouve au pied du « mur de la dette ».
Depuis plus de dix ans la FED pratique des taux d’intérêt nominaux très bas, proches maintenant de zéro (0,25 %), donc les taux réels, qui tiennent compte de l’inflation, sont négatifs : on gagne de l’argent en empruntant. Cette politique, lancée par Alan Greenspan en 2001, a été accentuée avec l’arrivée à la tête de la FED de Ben Bernanke, et la crise financière et économique de 2008. La FED a reçu pour mission de la part de la Maison Blanche d’ouvrir largement les vannes du crédit, et en particulier de prêter largement au Trésor américain, qui a dû combler des déficits budgétaires allant jusqu’à 50 % du budget : stimulus oblige. Cet apport de liquidités est appelé « quantitative easing », c’est-à-dire assouplissement des règles concernant la quantité de monnaie émise par la FED. Sans aller jusqu’au purisme des monétaristes, on sait que la masse monétaire en circulation ne devrait pas dépasser une certaine proportion de la masse des transactions réalisées dans un pays, sous peine de provoquer tôt ou tard une inflation.
L’inflation ne s’est pas encore déclarée aux Etats Unis, parce que l’inondation de dollars a été évacuée vers les pays émergents (dont surtout la Chine) et c’est chez eux, comme l’a expliqué Jean Yves Naudet, que l’inflation s’est produite : scénario déjà vécu dans les années 1970.
De crainte que le scénario ne se reproduise, que le dollar se dévalue et que l’inflation se déclare, on envisage maintenant de « sortir » de la politique laxiste : on appelle cela « l’exit ».
C’est Janet Yellen, actuellement vice-présidente du conseil des gouverneurs de la Fed, qui sera chargée de gérer cet « exit », qui correspondrait ainsi à l’exit de Ben Bernanke. Cette keynésienne convaincue n’y mettra pas beaucoup d’ardeur, pronostiquent les Républicains. Mais ne faut-il pas arrêter la production massive de billets verts ? Sans doute, mais les conséquences de l’exit risquent d’être très lourdes. Les taux d’intérêt monteront partout dans le monde et alourdiront le coût des dettes souveraines, les pays émergents risquent de plonger et avec eux la croissance mondiale, les boursiers privés de liquidités calmeront leurs ardeurs.
Enfin, et non le moindre, les finances publiques américaines risquent de se trouver dans l’impasse. Le Congrès en est arrivé à la rupture : voici le Trésor américain au pied du « mur de la dette ». Comment s’en sortir sans fabriquer du billet vert ?
Ce sont toutes ces bonnes raisons qui, aux yeux de Janet Yellen et les keynésiens inconditionnels, justifieraient le « non exit » : « Errare…
2 commentaires
Le mur de la dette !
La fabrication incessante de monnaie virtuelle – billets de Monopoly fabriqués dans la cave des banques mondiales, QE illimités – est aussi imbécile que si les particuliers étaient autorisés à fabriquer chez eux de faux billets en fonction de leurs besoins. Le monde n'est-il pas simplement devenu fou ?
Le QE démoniaque des banques centrales
Comme le dit l'ami DELAMARCHE ,les banques centrales US, Japonaise et bientôt la BCE, ne peuvent que continuer à se shooter au QE, c'est tellement bon. Detoute façon il ne peuvent plus faire marche arrière et ce jusqu'à éclatement de la bulle. Nul ne sait ce qui se passera à ce moment là, il n'y a jamais eu de situation similaires par le passé.