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Des gilets de toutes les couleurs

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Le mouvement qui a endossé le gilet d’alerte est pour le moins hétéroclite. Il est un rassemblement de mécontents, ou peut-être même seulement d’insatisfaits. Ils ne comprennent plus le langage présidentiel qui a dit tout et fait tout le contraire.

Le chef de l’Etat avait promis une augmentation du pouvoir d’achat et elle n’est pas là. Il annonce 25 milliards de baisse des prélèvements obligatoires et la réalité est qu’il y en aura 11,9 de plus, 37 Md€ d’écart ! Les gens ordinaires n’ont pas besoin de calculs compliqués et d’un décryptage réservé aux initiés des budgets de l’Etat et de la Sécurité sociale pour se rendre compte que l’essence est plus chère à la pompe et leur fin de mois plus difficile. Il a exonéré, avec retard sur le calendrier initial, les salariés de cotisations maladie et chômage, mais n’en profitent pas les retraités, les chômeurs, les bailleurs… De l’exonération de taxe d’habitation, 20% en sont privés de manière discriminatoire, et les personnes non imposables à l’impôt sur le revenu qui en étaient déjà exonérés en tout ou partie, n’en profitent pas non plus ou guère ! Il a joué aux chaises musicales pour masquer l’incapacité de l’Etat à réduire ses dépenses. Et il continue en laissant déjà entrevoir une réforme des retraites qui amputera les pensions de réversion et ne remettra pas en cause la répartition qui précipitera inéluctablement la pauvreté de pensionnés de plus en plus nombreux quand les actifs le seront de moins en moins. Rien n’a été fait dans le bon sens et la violence qui les déborde exprime aussi le ras le bol des gilets jaunes.

Bien sûr chaque parti politique essaie d’accaparer ce mécontentement si bigarré que les partis y trouvent tous un peu de leur programme, pour rétablir l’ISF et une plus grande progressivité de l’impôt sur le revenu avec les Insoumis, s’opposer aux immigrants avec le RN ou sauver le petit commerce en taxant les gros avec LR. Seuls LREM essuie les plâtres tandis que les écolos restent cois en attendant que passe l’orage pour reprendre leur folle construction d’un Etat toujours plus puissant afin de combattre leur monstre du Loch Ness qui réchauffe la terre. Mais cela ne saurait satisfaire les foyers ordinaires qui vivent autrement la réalité de leur quotidien.

Un système déboussolé

C’est l’occasion de remettre à plat un système déboussolé qui a encore créé 11 taxes, pour plus de 11 Md€, depuis le début de ce mandat et qui continue. L’opposition de droite n’est pas en reste : dernièrement Gilles Carrez a demandé l’augmentation de la taxe de bureau et de la taxe de séjour pour financer le budget du Grand Paris Express et le Sénat a voté ces derniers jours, à la demande du groupe Les Républicains (LR), le relèvement, repoussé à l’Assemblée par la majorité LREM, de 13,27 % à 18,02% en 2019 de la taxe sur les complémentaires santé, ce qui aurait pesé sur les assurés pour 1,5Md€. Mais de son coté l’Assemblée nationale dévouée au président de la République a voté l’augmentation de la taxe générale sur les activités polluantes qui passera de 450 millions d’euros en 2017 à environ 800 millions en 2025. Et plus les impôts augmentent, plus il faut créer de dérogations pour en atténuer les effets avec des crédits pour ceux qui payent trop de CSG ou de TICPE ou qui accueillent des migrants… Ce qui n’empêche pas les parlementaires de s’adonner à des futilités pour interdire les fessées, pourchasser les éventuelles fake news qui les gênent, imposer l’égalité hommes/femmes de manière artificielle, mais sonnante et trébuchante, dans les entreprises…

Tout reste à faire

Il serait peut-être temps de simplifier la vie de tous et de permettre à tous de la reprendre en mains. C’est aussi ce que demandent à juste titre beaucoup de gilets jaunes qui voudraient vivre normalement de leur travail plutôt que de l’assistance. Pour ce faire, il faut libérer l’emploi de trop de contraintes, simplifier et abaisser à un taux unique les impôts sur le revenu et sur les bénéfices débarrassés de leur foultitude de niches, permettre à chacun de s’assurer librement pour sa maladie, son chômage ou sa retraite, délivrer à chaque famille un bon scolaire pour chacun de ses enfants, à remettre à l’établissement de son choix.

Mettre en concurrence ces services, c’est à la fois en rendre responsables ceux qui les choisissent et réduire le poids des prélèvements publics et des charges des foyers. L’enseignement privé, du primaire au supérieur, coûte environ deux fois moins cher que le même enseignement public. La liberté donnée à chacun de s’assurer pour la maladie/maternité/vieillesse auprès de compagnies ou mutuelles de son choix permettrait aux assurés d’obtenir des baisses significatives du prix de leurs assurances, de la même manière que pour ceux qui négocient leurs assurances automobiles. Il en serait de même pour les assurances retraite qui en outre protégeraient mieux ceux qui opteraient, du moins en partie, pour la capitalisation : les pensions pourraient doubler à terme si les cotisations étaient placées dans des fonds de capitalisation, ou les cotisations pourraient baisser.

Il ne s’agirait pas d’imposer un nouveau modèle, mais d’en laisser le choix à ceux qui le voudraient. Le marché ferait le reste, orientant rapidement chacun vers le meilleur rapport qualité/prix. Chacun pourrait être obligé de s’assurer, comme en matière d’assurance automobile, pour éviter que certains se retrouvent ensuite à la charge des autres. Et l’autorité publique garderait un rôle pour veiller à ce que les écoles ne soient pas dévoyées par de quelconques fanatismes ou pour que les contrats d’assurance proposés soient loyaux et respectent un cadre minimum de protection.

Toutes ces mesures permettraient d’augmenter le niveau de vie des Français, mais aussi de leur apprendre à vivre avec moins d’Etat, à construire leurs vies eux-mêmes plutôt que de tendre la main pour recevoir toujours plus d’aides publiques. Cet apprentissage de la responsabilité serait aussi le moyen de redonner du sens à la vie de chacun et de la dynamique à toute la société. Ce serait sans doute la meilleure réponse, et la plus positive à cette marée jaune.

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5 commentaires

zelectron 4 décembre 2018 - 1:09

toucher aux pensions de réversion est indigne
Les femmes sont largement désavantagées tout au long de leur vie par rapport aux hommes.
Et puis toucher aux pensions de réversion pour continuer à abreuver la masse pléthorique et protéiforme des fonctionnaires, assimilés et collatéraux y compris du type Théodule sans compter les élus en surnombre patent, est d'une impéritie crasse.

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yuropp 5 décembre 2018 - 10:45

La France, pays fertile : on y plante des fonctionnaires, il y pousse des impôts
« plus les impôts augmentent, plus il faut créer de dérogations pour en atténuer les effets »
Exact. Et plus il y a de dérogations, plus les gens doivent perdre leur temps et s'humilier pour les demander. Et plus il faut de "napoléons de guichet" qui décideront, en toute impunité, de leur accorder ou pas : on est au cœur du système « inspection des finances modifié Macron ». Pervers et à l'occasion mortel.

Et je persiste à penser que la "flat tax", présentée ici comme une simple incidente, est une gigantesque stupidité.

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PROSPER 6 décembre 2018 - 12:51

Moins d'état
En effet, s'il y avait moins de présence de l'état dans l'assistanat aux entreprises privée, le pays s'en porterait beaucoup mieux.
Combien de milliards d'€ donnés aux banques lors de la crise financières qu'elles ont elles-mêmes créer ? Combien de milliards d'€ donnés aux entreprises privées par le CICE sans aucune contrepartie et en pure perte ? Combien de milliards d'€ de cadeaux fiscaux laissés en fuite dans les paradis fiscaux ?
Je suis bien d'accord avec votre article, supprimons toutes ces aides données aux entreprises incapables de se gérer et ne vivant que d'assistanat et exigeons que ces mêmes incapables rendent ces sommes qui appartiennent au bien public. Le peuple mérite mieux.

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phildab 7 décembre 2018 - 7:14

lla poursuite coûteuse d'un mythe : le Grand Paris
La France a la chance de disposer d’un espace de 550.000Km2. La Région Ile de France s’étend, elle (d’après Wikipedia) sur 12.000Km2 soit le 1/5° de la surface totale de l’hexagone.
Sur cette surface réduite vivent environ 12 Millions d’habitants soit le 1/5° de la population française ce qui représente un densité de 974 habitants/Km2.

Je pense personnellement que c’est une erreur d’engager des travaux pharaoniques pour continuer à développer une Région qui n’a que trop tendance à s’hypertrophier alors qu’en de nombreux endroits la France se transforme en désert.

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Gian 8 décembre 2018 - 10:50

Réformons l'élection présidentielle !
Donner plus de parole dans le choix pour un président, assez de ce choix étriqué à 2 tours et des comportements manichéens médiatiques et politiques.
https://www.youtube.com/watch?v=ZoGH7d51bvc

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