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10 000 euros garantis par l’Etat pour les moins de 25 ans : une fausse bonne idée

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Proposé par la République en Marche, le dispositif aiderait les jeunes à démarrer dans la vie, avec un prêt de 10 000 euros remboursable sur 30 ans. Mais plutôt que de créer de la dette, il faudrait clarifier et simplifier les aides déjà en place.

Sur le papier, l’idée peut paraître intéressante. Stanislas Guérini, député de Paris et délégué général du groupe LREM, a proposé le 25 janvier dernier de mettre en place un prêt pour tous les jeunes de moins de 25 ans. D’un montant de 10 000 euros, à taux zéro et garanti par l’Etat, il serait remboursable sur 30 ans et viendrait comme un « capital jeune » pour « se lancer dans la vie ».

Pourtant, ce dispositif est une fausse bonne idée : non seulement il créerait de la dette, mais il viendrait surtout s’ajouter à une multitude d’aides déjà disponibles pour les jeunes, le problème étant qu’elles sont peu lisibles, et méconnues des populations qu’elles visent, voire injustes au regard des prestations proposées au reste de la population.

Un système quasi-identique existe déjà

En ce qui concerne les prêts, il y a déjà un dispositif similaire à celui que suggère Stanislas Guérini : le prêt étudiant garanti par l’Etat. Allant jusqu’à 15 000 euros et garanti à hauteur de 70%, il est ouvert à tout étudiant français ou européen de moins de 28 ans. Il permet au jeune de souscrire un crédit de manière indépendante, sans demander à ses proches de se porter garants. Seules certaines banques comme le Crédit mutuel ou la Banque populaire sont habilitées à le délivrer. Le montant total fait partie des budgets votés chaque année par l’Assemblée, il est limité, assez restreint, ce qui fait que peu d’étudiants y ont finalement accès : en 2019, seuls 2 968 jeunes en ont bénéficié.

Dans le cadre du plan de relance, l’Etat a annoncé l’augmentation de la dotation annuelle du fonds de garantie de ces prêts, à hauteur de 16 millions d’euros par an en 2021 et 2022, ce qui pourrait profiter à 67 500 étudiants.
Ce mécanisme de prêt aux étudiants peut être à la fois insuffisant pour ses bénéficiaires et couteux pour le contribuable. Mais il pourrait être utilement soutenu par des fondations privées, comme c’est le cas aux Etats-Unis.

Des aides multiples et méconnues

En ce qui concerne les autres aides, plutôt difficiles d’accès nous l’avons souligné, il y a notamment les bourses, réservées aux étudiants sur la base de critères sociaux et accessibles sous conditions de revenus.
Réparties en 8 échelons, de 0 bis à 7, elles vont de 102 à 561 euros par mois pour les plus modestes. Cumulables avec un petit boulot, elles garantissent un niveau de vie minimum à 718 000 étudiants, soit 36,8% d’entre eux.

Les jeunes ont aussi accès à des aides allouées au reste de la population, comme la prime d’activité, les APL (aides personnalisées au logement), ou encore le Loca Pass et la garantie Visale.
D’autres leur sont spécifiques:

– L’accompagnement intensif jeune : créé en août 2019, ouvert à tous les demandeurs d’emploi de 16 à 30 ans. Géré par Pôle emploi, il peut durer jusqu’à 6 mois.
– La garantie jeunes : ouverte aux 16-25 ans en situation de précarité, gérée par la mission locale de la commune de résidence. Ce dispositif associe un accompagnement intensif vers l’emploi ou la formation à une aide financière de 497 euros mensuels, pour une durée d’un an renouvelable une fois pour 6 mois. Il s’adresse exclusivement aux jeunes qui ne sont ni en formation, ni en études, ni en emploi.
– Aide au permis de conduire : ouverte aux 16-25 ans, c’est ce qu’on appelle communément le « permis à un euro par jour ». Les apprentis de plus de 18 ans peuvent, eux, solliciter auprès de leur CFA une aide de 500 euros.
– Fonds départemental d’aide aux jeunes en difficulté : destiné aux salariés de moins de 25 ans, aux étudiants non boursiers, aux jeunes qui ne vivent plus chez leurs parents. Géré par la mission locale, il permet de débloquer une somme allant jusqu’à 1000 euros, délivrée en une fois. Cette aide est cumulable avec la garantie jeunes.
– Aide mobili-jeune : pour les apprentis et alternants de moins de 30 ans. Attribuée par Action logement, elle prend en charge une partie du loyer, entre 10 et 100 euros par mois selon le salaire. Elle peut être cumulée avec les APL.
– Le RSA jeune actif : les moins de 25 ans n’ont pas accès au RSA de la même manière que le reste de la population. Ils doivent justifier de deux ans d’activité professionnelle à temps plein (3 214 heures), sur les trois ans précédant la demande. Ce RSA jeune actif s’élève à 564 euros mensuel.

En bref, comme pour le reste de l’aide sociale, l’Etat a mis en place un mille-feuille d’allocations, illisible, méconnu et surtout peu efficace : le taux de pauvreté des 18-29 ans reste supérieur à celui du reste de la population française (20% contre 14%). Plutôt que de créer une nouvelle possibilité d’emprunt (comme le veut M. Guérini) ou d’ouvrir le RSA aux jeunes (comme le demandent plusieurs syndicats étudiants), il faudrait simplifier drastiquement le système en créant une aide unique, accessible à tous dès 18 ans sous conditions de revenus.

Il faudrait peut-être, aussi, proposer aux jeunes autre chose que des aides et encore des aides. En commençant par libérer le marché du travail, afin de leur permettre de s’y insérer plus facilement.

Sources :
https://injep.fr/wp-content/uploads/2020/01/FR48_pauvreté.pdf
https://www.letudiant.fr/lifestyle/aides-financieres/plan-de-relance-hausse-du-budget-dedie-aux-prets-garantis-par-l-etat-pour-les-etudiants.html
https://www.mes-allocs.fr/guides/aides-sociales/aide-financiere-jeune-sans-emploi/

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1 commenter

Maellys93 10 février 2021 - 5:20

C'est par contre une "vraie bonne idée" pour se faire élire
En effet c'est très mobilisateur pour les électeurs de moins de 25 ans.
Nous allons assister à un autre "grand remplacement" sur le plan électoral, celui-la.
Celui des papy-boomers par les djeuns.
Sous peu je m'attends à ce que la sphère médiatique nous explique que 65% du patrimoine est détenu par les retraités et que par ailleurs le revenu médian d'un papy-boomer est 2,5 fois supérieur au revenu médian d'un moins de 50 ans.
Avec de telles "réalités" je ne donne pas cher de l'image sociale du retraité.
Et de surcroît, s'il est blanc, hétéro, pas végan son cas devient désespéré.

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