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Suppression de postes d’internes : le dernier chef d’oeuvre de la technocratie

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À la rentrée, près de 1500 postes d’internes dans les hôpitaux seront supprimés en raison d’un nombre insuffisant d’étudiants. Depuis la réforme du deuxième cycle des études de santé en 2023, une note minimale de 14/20 aux EDN (épreuves dématérialisées nationales) est requise pour participer à la seconde partie de l’examen qui conditionne l’accès à l’internat. Environ 660 étudiants ont donc préféré redoubler – un taux de 7 % en 2024 contre 3 % l’année précédente – afin de ne pas être une « promo crash test », comme ils le dénoncent dans une pétition : « Trop d’étudiants devront choisir une spécialité par dépit dans laquelle ils seront moins investis et la qualité de leurs soins en pâtira. Après six ou sept ans d’études acharnées, on ne nous permet pas de choisir notre métier. »

Dans une interview pour Le Figaro, Yannick Neuder, rapporteur général de la commission des affaires sociales, explique pourquoi il a demandé aux ministres de la Santé et de la Recherche une réouverture de postes. Il se fonde notamment sur une enquête réalisée en interne par des étudiants en médecine de l’université Paris Cité, selon laquelle 70 % d’entre eux préfèrent partir à l’étranger s’ils n‘obtiennent pas l’affectation qu’ils souhaitent, et 57 % ont déjà fait des démarches pour quitter la France.

Dans un éclair de génie, le ministère de l’Enseignement supérieur n’a pas trouvé mieux que de rétorquer qu’il est « normal d’adapter le nombre de postes disponibles au nombre de candidats pour conserver la même exigence ». L’arrogance technocratique n’a pas de limites : c’est bien l’État qui tue la filière médicale à petit feu depuis plusieurs décennies et réduit son attractivité auprès des étudiants. Le numerus clausus, officiellement enterré depuis 2020, mais dont les effets perdurent, ruine les chances des futurs médecins, même bien classés, d’accéder aux spécialités de leur choix. Les réformes successives des différents cycles de médecine contribuent à leur angoisse sans améliorer la situation. En bref, les étudiants sont victimes d’une planification étatique digne de l’ère soviétique.

Heureusement qu’en France, nous avons des technocrates omniscients qui s’octroient le droit de réguler le secteur médical à coup de lois, de décrets, de réglementations. Ils le font si bien qu’au moins 5 000 Français vont faire leurs études de médecine en Roumanie, en Belgique, en Allemagne ou en Suisse. Grâce à ces mêmes technocrates, nous avons besoin de recruter des praticiens à diplôme hors Union européenne (PADHUE) – des médecins étrangers qui coûtent moins cher, mais qui ne sont pas toujours bien considérés. L’État a toujours jugé bon de planifier ; cela n’a pas empêché d’avoir, dans nos zones rurales, une densité médicale plus faible que la moyenne des pays de l’OCDE. L’humilité consisterait plutôt à s’intéresser aux pays étrangers qui réussissent mieux, ainsi qu’à laisser les universités organiser librement les cursus et fixer le nombre de places disponibles en accord avec les établissements de santé et la médecine privée.

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