Pas besoin d’être un grand expert pour voir que tout ne va pas bien en France. Mais il ne faut pas non plus exagérer la situation économique et sociale. L’IREF en parle souvent, depuis des années, avec des arguments chiffrés. Or, les candidats Nouveau Front populaire et RN ont tendance à beaucoup assombrir le tableau pour faire de la France le pays des déclassés, des pauvres et des inégalités. Cette image ne correspond pas à la réalité. Premièrement, la France est, avec l’Allemagne et les pays nordique, l’un des pays les moins inégalitaires au monde et l’un de ceux qui redistribuent le plus. Selon Eurostat, les inégalités ont même baissé depuis 2011. S’en prendre aux riches – un sport aussi répandu que le football – c’est de la pure démagogie. D’après les données de l’INSEE, la redistribution perçue par les ménages correspond à un transfert de 500 milliards d’euros (25 % du revenu national) entre contributeurs nets et bénéficiaires. La redistribution améliore le niveau de vie de 95 % des individus appartenant aux 15 % les plus modestes et, selon la Direction générale des finances publiques (DGFIP), les 10 % les plus riches paient 76 % du total de l’impôt sur le revenu.
Toujours d’après Eurostat, le taux de pauvreté en France est de 7 % (chiffre fin 2023). Il était de 7.9 % en 2014. Contrairement à ce que disent certains politiques, la pauvreté ne s’aggrave pas, elle est stable, voire baisse un peu mais elle pourrait baisser plus sans l’immigration illégale : entre 2012 et 2022, selon un rapport du Secours catholique, la proportion de « sans papiers » vivant en France a été multipliée presque par trois, passant de 10 % à 29,2 %. Et ces « sans papiers » sont plus pauvres que les ressortissants européens qui s’installent en France, notamment parce qu’ils ne peuvent pas travailler officiellement.
Enfin, toujours selon les chiffres d’Eurostat, en France, le pouvoir d’achat moyen est de 24 900 SPA (standard de pouvoir d’achat, 2022), soit bien plus que les Espagnols (20 000 SPA), que les Italiens (23 100 SPA) et que la moyenne européenne (23 200), mais moins que le Luxembourg (32 100 SPA par habitant), l’Autriche (27 500 SPA), l’Allemagne (27 400 SPA) et les Pays-Bas (26 900 SPA). Depuis 2005, le pouvoir d’achat moyen (SPA) a augmenté de plus de 30 % en France, mais d’autres pays ont fait mieux. En 2005, le pouvoir SPA était presque le même dans les deux pays (Allemagne et France) mais, à partir de 2008, la France décroche. C’est le grand problème de notre pays qui n’est certes pas un enfer social mais qui, assurément, aurait pu faire mieux avec des réformes et sans les 35 heures.