Le journaliste Vincent Jauvert, très au fait du monde du renseignement, a pu consulter les archives du service d’espionnage de l’ancienne Tchécoslovaquie, la Sureté d’Etat (StB) et il est tombé sur une mine d’or. Ces archives ont toutes été ouvertes, ce sont des milliers de cartons contenant des documents depuis la création du service en 1945 jusqu’à son démantèlement en 1990. Jauvert a donc pu consulter les dossiers de tous les agents de la StB, les Français comme les autres, et il en a fait un livre passionnant qui vient de paraître : A la solde Moscou (Seuil). Précisons, s’il en était besoin, que les services secrets tchécoslovaques n’étaient que la filiale du KGB soviétique qui les contrôlait entièrement. A travers une trentaine de portraits, le lecteur découvre l’ampleur de l’espionnage communiste de l’Est en France pendant les années 1960, 1970 et 1980. Certains noms étaient déjà connus grâce notamment aux enquêtes de Thierry Wolton et à ses livres, dont Le KGB en France. Mais il restait des points d’ombre, des preuves pas encore sûres et des noms qui avaient échappé au filet. Là , c’est la première fois qu’un journaliste a pu lire la totalité des archives. Les espions français étaient journalistes, hauts fonctionnaires ou politiques.
Certains ont collaboré spontanément et assidûment, d’autres se sont fait prier et ont mis du temps avant de céder. Certains l’ont fait pour l’argent, d’autres pour des cadeaux, des femmes et des repas gastronomiques. Plusieurs d’entre eux, simplement par sympathie pour le communisme. Parmi eux, le célèbre journaliste Gérard Carreyrou, connu dans les archives sous le nom de code « Franck ». Proche de Mitterrand et du Parti socialiste, il glanait des informations lors de rencontres et réunions politiques auxquelles il participait et les a transmises, à des dizaines de reprises, à son agent de liaison tchécoslovaque qui le traitait royalement dans les plus grands restaurants. Il y a aussi Patrick Ollier, alias « Lino », homme politique, président de l’Assemblée nationale, qui a joué un rôle d’agent double : pour la StB mais aussi pour la DST ; le journaliste tiers-mondiste Albert-Paul Lentin (Libération, Le Nouvel Observateur…), grassement payé pour écrire et diffuser de fausses informations et pour rédiger des notices sur des personnalités diverses ; le journaliste Jean Clémentin, alias « Pipa » du Canard enchaîné, auteur de plusieurs opérations de désinformation, les cibles étant les Etats-Unis, l’OTAN ou la droite anti-communiste. Un autre espion a été « Samo », de son vrai nom Gérard Leconte, une « super taupe » à la préfecture de police. Il a passé des heures à photographier les documents des RG pour les communiquer à son contact de la StB. Et aussi Claude Estier, alias « Robert », le socialiste proche de Mitterrand, qui apparaît aussi dans les archives Mitrokhine mais dont le rôle et les missions, y compris pour les services secrets roumains, sont encore assez obscurs.
Le livre de Jauvert se lit comme un roman d’espionnage sauf que les personnages sont bien réels. Il est d’autant plus d’actualité et utile que la France commence à découvrir l’étendue des réseaux de Poutine et les dégâts qu’ils peuvent causer à notre pays. Et il est probable que nous n’en sommes qu’au début de notre ahurissement.
2 commentaires
bonjour,si tout ces traites sont encore vivants ,il faut les amener devant un tribunal et les condamner à la peine maximale
Pourquoi Les conspirateurs , les traitres ,ne sont ils pas sévèrement punis ????? En Russie un traitre sera executé , en France on lui fera les gros yeux ???A croire que l’élite du pays et là justice , trahissent eux aussi .