Entre 1980 et 2020, les dépenses en faveur de l’emploi et du marché du travail sont passées de 10 milliards d’euros (Md€) à 184 Md€, soit une hausse de 1 740 % alors que l’indice des prix augmentait de 225 % durant la même période. Pendant ce temps-là, le taux de chômage a continué de fluctuer autour de 9 %. Des chiffres qui illustrent l’impuissance publique en matière de lutte contre le chômage.
A l’occasion de ses 30 ans, la Direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques (Dares) du ministère du Travail a organisé un colloque intitulé « Déchiffrer les évolutions du travail et de l’emploi pour éclairer l’avenir ». S’il fut l’occasion de beaucoup d’autosatisfaction, d’entre-soi et de congratulations, cet événement a aussi permis aux auditeurs qui ont su garder les yeux et les oreilles ouverts de constater que les politiques de l’emploi sont une gabegie sans nom.
Nous avons dernièrement montré, avec l’aide des notes de la Dares, que les contrats aidés et les emplois francs ne favorisaient pas l’insertion professionnelle des jeunes. Les milliards dépensés pour ces dispositifs auraient pu être économisés.
Plus de 180 Md€ pour lutter contre le chômage
Il en est de même pour l’ensemble des politiques de l’emploi mises en œuvre par les gouvernements français depuis 40 ans. En 1980, les dépenses y afférentes étaient de 10 Md€. Depuis, elles n’ont cessé de progresser. Le graphique ci-dessous, présenté par Christine Erhel, directrice du Centre d’études de l’emploi et du travail (CEET), montre clairement que les dépenses ont été multipliées par près de 8 entre 1980 et 2006.
La montée en charge des dépenses de politiques de l’emploi en France de 1973 à 2006
(en millions d’euros)
Mais la progression ne s’est pas arrêtée en 2006. Elle s’est même accrue fortement depuis cette date, les dépenses passant de près de 80 Md€ à 184 Md€ en 2020, comme nous pouvons le voir sur le schéma ci-dessous à retrouver sur le site de la Dares.
De 1980 à 2020, les dépenses en faveur de l’emploi et du marché du travail ont donc augmenté de 1 740 %, puisqu’elles sont passées de 10 Md€ à 184 Md€. Ou, si l’on préfère, elles ont été multipliées par 18,4.
Un taux de chômage moyen de 9% sur les 40 dernières années
C’est faramineux ! Mais le pire est que cela n’a pas servi à grand-chose. En effet, si l’on s’attache à l’évolution du taux de chômage pendant cette période comme l’a fait un autre intervenant du colloque, Mathieu Plane, directeur adjoint du département analyse et prévision de l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), on remarque qu’il a oscillé entre 7 % et 11 %, avec une moyenne de 9 % sur 40 ans.
La décrue actuelle – 7,4 % à la fin du 3ème trimestre 2023 – ne modifie en rien, pour l’instant, la moyenne de long terme. Surtout, nous sommes l’un des pays où le taux de chômage est le plus élevé en Europe. Seules la Grèce et l’Espagne – avec plus de 12 % – font nettement moins bien que la France qui, autour de 7 % à 8 %, est accompagnée de l’Italie, de la Lettonie, de la Suède et de la Finlande. Pour mémoire, l’Allemagne est à 3 %, et le Royaume-Uni à moins de 4 %.
En résumé, nous dépensons énormément d’argent pour réduire le chômage et nous n’y arrivons pas. Il y aurait de quoi s’étonner, sinon s’offusquer. Pourtant, depuis 40 ans, quel que soit leur bord, les gouvernants ont, peu ou prou, mené la même politique.
Une simple comparaison avec nos voisins montre que nous dépensons trop et mal. Trop parce que nos dépenses pour l’emploi représentent 3,3 % du PIB, alors que les pays qui ont un taux de chômage similaire au nôtre y consacrent moins de richesse : 0,5 % du PIB en Lettonie ; 1,8 % en Suède ; 2,4 % en Finlande. Seule l’Italie nous ressemble avec 3,1 %. L’Allemagne dépense l’équivalent de 1,8 % de son PIB.
Nous dépensons mal également car essentiellement de manière dite passive – pour simplifier, il s‘agit de l’indemnisation des chômeurs – alors que les pays les plus performants sur le front du chômage privilégient les dépenses dites actives – celles qui vont amener le chômeur à retrouver un emploi, comme les actions de formation ou de reconversion.
Des réformes structurelles sont indispensables
Avec un taux de chômage qui reste élevé en France, quel que soit le gouvernement en place et quelles que soient les sommes déboursées, il est indéniable que le problème est structurel. Il ne s’agit donc pas de dépenser plus. Peut-être pourrions-nous dépenser mieux, mais il est à craindre que cela ne suffise pas.
Il faudrait, en fait, commencer par dépenser moins. Moins pour les contrats aidés, moins pour l’indemnisation des chômeurs, moins pour les trappes à bas salaires par exemple. Il faudrait surtout desserrer le carcan des entreprises : moins d’impôts et de taxes, moins de réglementations, et plus de liberté d’agir.
Pour l’instant, Emmanuel Macron s’est contenté de réformettes. Il n’a pas encore osé réformer vraiment le pays, contrairement à ce qu’il affirme. Faudra-t-il attendre 2027 ?
5 commentaires
Ce n’est pas en s’immisçant dans l’économie de cette façon que l’on fera reculer le chômage ! Que l’état conserve son argent pour faire de vraies économies lesquelles permettront de baisser l’impôt sur le sociétés et les charges sociales pour embaucher des salariés et augmenter les salaires ! Bref, de l’économie libérale et non étatisée !
Un vieux discours, entendu depuis des décennies:le sociale c’est le prix de la paie sociale!!Des milliards dépensés pour rien, à part pour rémunérer les « travailleur » sociaux.j’en ai l’expérience
Les coûts de communication, la distorsion des statistiques politiques, la mise en place de politique inégalitaires, etc ont un coût, comme les leures et l’amorce ont un coût dans le budget des pêcheurs ; comme le dit l’expression, on attrape pas les mouches avec du vinaigre.
Bien à vous
Il faudrait déjà réduire les aides au chômage et réduire la CAF pour que les gens se sentent obligés de rechercher du travail
Et que dire de « Pole emplois » qui devrait s’appeler « Pole chômage »! Les seuls emplois créés sont ceux nécessaires à son fonctionnement. Pire, les charges générées par ce « machin » pèsent sur la compétitivité des entreprises et participent donc au chômage, un comble. Mais rien d’étonnant, simple conflit d’intérêt: que deviendrait Pole emplois s’il n’y avait plus de chômage ?
Seule la création de richesse crée des emplois.
– Créez des richesses vous aurez des emplois.
– Créez des emplois vous aurez du chômage.
Qui crée des richesses : les entreprises.
Qui crée des emplois: la fonction publique…