Après la publication de notre article sur les économies réalisées par le gouvernement canadien dans les années 1990, nous avons reçu le témoignage suivant de la part d’un haut responsable néerlandais qui souhaite garder l’anonymat.
« Il y a dix ans, avec Mark Rutte qui venait d’être élu Premier ministre, nous nous sommes livrés au même exercice aux Pays-Bas (NDLR : que celui auquel s’est prêté le Canada)), nous avons demandé à tous les ministères leurs suggestions pour trois scénarios : moins 20, moins 15 et moins 10% des dépenses de personnel. En ce qui concerne les Affaires étrangères où j’étais en poste à l’époque, notre pays a fermé 10 ambassades et le budget du ministère a été réduit d’environ 25%. Avant cela, nous nous étions réunis et avions passé en revue toutes les dépenses ligne par ligne en nous posant chaque fois la question : « Et si nous supprimons ces dépenses, que se passera-t-il ? ». Pas toujours, mais assez souvent, la réponse fut « rien », ou « pas grand-chose ». En fait, nous nous sommes rendu compte qu’on pouvait toujours trouver une solution pour ‘faire mieux avec moins’. C’est ainsi que nous avons atteint ces 25 % de réduction. Les autres ministères ont fait plus ou moins pareil. Et maintenant, notre dette publique est inférieure à 50% du PIB, ce qui est utile avec les problèmes auxquels nous sommes confrontés, changement climatique, agriculture, transition énergétique, etc.
Déjà , dans les années 1980, l’ancien Premier ministre Ruud Lubbers s’était livré à un exercice semblable pour réduire les effectifs du gouvernement avec des résultats similaires à ceux des réformes Schröder. L’accord de Wassenaar entre le gouvernement, les syndicats et les employeurs a également contribué à nous faire bénéficier d’une nouvelle croissance économique, d’un faible taux de chômage et de finances publiques saines. L’austérité peut être considérée comme un investissement dans la croissance et la prospérité futures. Heureusement, nous avons la chance de recueillir un large consensus, à travers l’ensemble du spectre politique, sur la nécessité de gérer prudemment les dépenses publiques. Ah, j’ai failli oublier : Mark Rutte est toujours Premier ministre des Pays-Bas. C’est son quatrième mandat. Bon à savoir pour les politiques français. »