Pour pouvoir chasser, les chasseurs s’acquittent annuellement d’un abonnement – appelé la validation – auprès de l’association des chasseurs de leur département. A cela, il faut ajouter, dans la plupart des territoires, le coût des bracelets qui seront placés sur les animaux prélevés et, bien sûr, une assurance. Ces sommes, qui correspondent au droit de chasse, permettent de financer les dommages aux cultures produits par les animaux et subis par les agriculteurs. Les chasseurs – souvent stigmatisés – sont de moins en moins nombreux (-10% en dix ans) et ont, de ce fait, de plus en plus de mal à maintenir un niveau raisonnable de cervidés et de sangliers dans certains territoires. En effet, quand manquent les prédateurs, le gibier prolifère. Plus nombreux, les animaux font de plus en plus de dégâts.
C’est pourquoi, le département de l’Essonne a lancé un appel d’offres de près de 200 000€ sur 4 ans, pour confier la régulation des grands gibiers à un prestataire privé – qui se trouve être la Ficif, la fédération interdépartementale des chasseurs d’Ile-de-France. De quoi faire réagir les élus de la gauche écologiste qui, étant des urbains, ne comprennent rien à ce qu’est la nature et restent figés dans un fantasme de campagne idéalisée dénonçant une dépense supplémentaire pour la collectivité.
Ainsi, à force de renoncements au bon sens, les pouvoirs publics se retrouvent dans la situation où ils vont devoir financer les chasseurs pour qu’ils puissent pratiquer leur passion, au grand dam des soi-disant protecteurs des animaux. Tant mieux pour les chasseurs, mais, il n’est pas sûr cependant que ce soit la bonne méthode pour diminuer les dépenses publiques… Remercions les chasseurs d’effectuer à leurs frais une mission de service public et d’instaurer un certain équilibre dans la nature. Ils ne veulent pas d’argent, seulement de la reconnaissance. Ce sont eux les vrais écologistes.
3 commentaires
Monsieur Neyrand,
Historiquement, les chasseurs ont tout fait pour augmenter les effectifs de sangliers : lâchers de sangliers croisés avec des cochons domestiques (aujourd’hui interdits), nourrissage dans la nature, tirs sélectifs. Aujourd’hui, les dégâts sur le milieu imputables aux sangliers sont rarement d’ordre écologique, mais le plus souvent agricoles ; ils sont concentrés sur des cultures intensives (Guibert, 2008), particulièrement le maïs destiné à nourrir les animaux d’élevage. Finalement, l’intérêt écologique de la chasse aux sangliers reste aujourd’hui une question, et non une certitude.
On peut enfin se pencher sur le cas d’espèces importées dites « envahissantes ». Largement en tête des effectifs abattus dans cette catégorie, plusieurs centaines de milliers de ragondins sont tués annuellement à la chasse, en plus de ceux tués par piégeage. Mais, comme dans le cas des sangliers, on ne sait pas vraiment si ces abattages ont un rôle «régulateur » sur la démographie de l’espèce. Et l’impact jugé négatif des ragondins, constaté sur des installations humaines comme des étangs artificiels, reste une interrogation plus qu’une certitude concernant les écosystèmes locaux.
Peinant à montrer l’un intérêt écologique de la chasse elle-même, les chasseurs mettent en avant leurs activités annexes en faveur de l’écologie. Plantation de haies, gestions de zones humides et autres activités sans fusil. La Fédération nationale parle des « apports de la chasse à la nature pour les espèces non-chassables ».
Ne croyons pas que ces actions s’inscriraient en dehors de tout intérêt cynégétique. Il y aurait mille exemples. Des grandes haies plantées en bord de champs seront utiles aux passereaux non-chassables ; mais les chasseurs viendront y tuer des tourterelles des bois, espèce menacée. Des étangs aménagés accueilleront quelques oiseaux protégés… et des canards qui seront massacrés par centaines, avec les méprises qu’on connaît quant à la distinction entre les espèces chassables et celles non-chassables.
Partout, de façon encore plus pernicieuse, les fédérations départementales et autres groupements de chasseurs s’intègrent dans les réseaux de « gestionnaires » d’espaces protégés. Ceci leur permet de défendre la chasse sur ces zones, y compris celle d’espèces menacées comme le tétras-lyre, bien souvent avec la complaisance des autres acteurs du territoire.
Un élément négligemment omis par la campagne promotionnelle des chasseurs est la pollution par le plomb : plus de 30 000 tonnes de ce métal sont répandus par la chasse en Europe (ECHA*, 2018). Bien que la grenaille de plomb est désormais interdite dans les zones humides, elle reste autorisée ailleurs en France. Et les balles contenant du plomb sont autorisées partout, sans que ça émeuve les instances cynégétiques.
On pourrait enfin accabler les chasseurs en rappelant que la dernière ourse autochtone des Pyrénées a été abattue par un chasseur en 2004, et que les tirs sont encore aujourd’hui une des causes principales de disparition des lynx, une espèce en danger d’extinction en France (UICN*, 2017) ; mais on dira poliment que ces chasseurs-là en sont des mauvais, dans l’illégalité.
En conclusion, sans nier certains efforts écologiques du pouvoir cynégétique, on remarquera que ceux-ci, quand ils ne relèvent pas strictement du greenwashing, restent minimes eu égard à la puissance de ce lobby ; son impact écologique est surtout négatif.
Qu’on ne s’y trompe pas : dans toutes les instances de concertation et de décision, les représentants cynégétiques ne sont pas du côté des écologistes et des scientifiques, ils sont en opposition et défendent avant toute chose leurs intérêts particuliers : pouvoir chasser toujours plus. Qu’elles qu’en soient les conséquences.
Robert ABBAMONTE
Quoi qu’il en soit, qu’il s’agisse de ragondins, de sangliers ou de toute autre espèce jugée indésirable écologiquement ou trop prolifique pour les activités humaines, une réflexion technique pourrait être menée sur les moyens de « réguler » ses effectifs sans passer par l’abattage de loisir.
Cher Monsieur,
Je vous remercie pour ce retour intéressant et particulièrement étayé.
Je reconnais dans votre argumentation une pensée qui semble être plutôt en défaveur des chasseurs et c’est, bien sûr, une vision tout à fait respectable.
Comme dans toutes les activités, il y a sans doute les bons et les mauvais, ceux qui aiment sincèrement la nature et ceux qui aiment seulement leurs armes. Cependant, il faut reconnaitre aussi que les fédérations de chasse ont fait de gros efforts pour responsabiliser leurs adhérents. Cela fait qu’aujourd’hui beaucoup de territoires sont entretenus et ne le seraient probablement pas sans cette passion que partagent certains.
Vous parlez ensuite du plomb, c’est effectivement une difficulté que les chasseurs prennent en compte, c’est la raison pour laquelle le cuivre est de plus en plus répandu.
Je note aussi qu’il manque dans vos propos, comme dans les miens, le fait que le chasseur puisse être un défenseur du circuit court en France. Il prélève l’animal qu’il va consommer, réduisant ainsi l’importation de viande venant de l’autre bout du monde. C’est une démarche plutôt responsable à mon sens.
Rien n’est parfait, on peut toujours s’améliorer (et heureusement) mais je pense que les chasseurs sont sur la bonne voie, ils se remettent en question et sont assez proactifs.
Enfin, sur votre conclusion, il pourrait exister d’autres méthodes pour réguler les effectifs, cependant, celle-ci fonctionne et a le mérite d’exister.
Bien à vous,
La vision du « commentateur est effarante. C’est du pur wokisme. Ce monsieur n’a qu’à aller habiter à Rome où la peste porcine est constatée à cause de la prolifération des sangliers qui investissent la ville par hordes. Je soutiens les propos d’Augustin qui sont très pertinents et absolument pas agressifs (c’est-à-dire tout le contraire de l’écologie rampante). J’ajoute que je ne suis pas chasseur (sauf à l’homme, si nécessaire).