Les pays d’Europe centrale ont mis en place des politiques fiscales destinées à attirer les entrepreneurs, réduire le chômage et empêcher que les jeunes ne s’expatrient. Des mesures qui mériteraient d’être importées et adaptées en France afin de surmonter les enjeux économiques liés à la crise. Sans quoi la France pourrait perdre son attractivité, déjà dégradée, auprès des jeunes travailleurs et entrepreneurs.
L’Europe centrale souffre d’un problème migratoire depuis des décennies, conséquence de l’émigration massive de ses populations vers l’Europe de l’Ouest. Le taux de migration net (soit la différence entre le nombre d’immigrés et d’émigrés pour mille personnes) y est faible. Selon le Migration Data Portal, la Pologne est un pays d’émigration avec un taux de -0,8‰ et la Hongrie peine à attirer avec un taux de 0,6‰. Seule la République tchèque possède une attractivité migratoire avec un taux de 2,1‰. A cela s’ajoute le problème du chômage, aggravé par la crise actuelle et qui, à l’instar de la plupart des pays occidentaux, touche particulièrement les jeunes de moins de 25 ans. Selon le dernier rapport d’Eurostat cet été, en juin le taux de chômage des jeunes était de 13,5% en Hongrie, de 11% en Pologne, et de 7,1% en République tchèque. Si la situation est meilleure dans ces pays qu’en France (19,1%), en Italie (29,4%), en Grèce (30,4%) ou en Espagne (37,1%), c’est peut-être parce que des mesures ont été prises pour favoriser l’emploi et l’entreprenariat.
Flat tax et exemptions d’impôts : des politiques favorables aux travailleurs
L’imposition en Europe centrale est souvent sensiblement plus faible qu’en Europe de l’Ouest. En Hongrie et en République tchèque, la flat tax est de 15% pour l’impôt sur le revenu. En République tchèque, un impôt sur la solidarité de 7% a été introduit en 2013 pour un revenu excédant 1,672,080 couronnes tchèques (65626 euros), portant le taux maximum à 23%… contre 66,2% (CSG comprise) en France ! En matière d’impôt sur les sociétés, le taux est de 19% en Pologne et en République tchèque (28% en France) et de seulement 9% en Hongrie, le plus faible de l’UE et l’un des plus bas du monde. Le gouvernement hongrois s’est évidement opposé à l’instauration d’un taux minimum mondial.
Autre avantage, la Pologne et la Hongrie ont décrété que les jeunes seraient exemptés d’impôt sur le revenu. En 2019, les Polonais de moins de 26 ans ayant gagné moins de 85 528 zloty (18 700 euros) n’ont rien payé. Le gouvernement hongrois a annoncé en janvier 2021 qu’à partir de 2022, les moins de 25 ans ne payeront pas d’impôt sur le revenu. Le but est d’augmenter leur salaire réel et ainsi rendre les pays plus attractifs pour les jeunes travailleurs.
L’une des politiques les plus intéressantes a été instaurée cette année en République tchèque pour les auto-entrepreneurs qui, au lieu de la taxation normale, peuvent choisir de payer un montant mensuel unique (Paušální daň ) de 5 469 couronnes tchèques (214 euros). Outre l’impôt sur le revenu, cette somme inclut les charges sociales et l’assurance maladie obligatoire. La seule condition est d’avoir un revenu inférieur à 1 million couronnes tchèques (39257 euros) par an. Le principal avantage est la simplicité administrative. Une disposition qui va renforcer l‘attractivité du pays auprès des entrepreneurs (y compris et surtout étrangers).
Quelles leçons pour la France?
S’il est encore trop tôt pour mesurer les effets de ces dispositions en Pologne et en Hongrie, la République tchèque jouit déjà d’une aura positive auprès des auto-entrepreneurs. Une vie politique calme, un environnement plutôt épanouissant, lui ont valu une réputation flatteuse.
Dans une économie de plus en plus numérique où il est de plus en plus facile d’entreprendre à l’étranger, les incitations fiscales et la simplification administrative sont primordiales. Le développement du statut d’auto-entrepreneur en France a joué un rôle majeur en faveur des travailleurs et des jeunes. Il serait judicieux d’en élargir encore le champ d’application et d’en garantir la stabilité sur le long terme.
Inversement, la politique du « quoi qu’il en coûte » avec ses dépenses publiques qu’il faudra rembourser, l’ardeur que la France a montré pour le développement d’une taxation mondiale de l’impôt sur les sociétés, envoient de mauvais signaux risquant de saper la confiance qui, on le sait, influe grandement sur le bon ou mauvais fonctionnement de l’économie d’un pays.
4 commentaires
Les politiques fiscales d’Europe centrale pour les jeunes et les entrepreneurs: de potentiels exemples pour la France?
demandez à un serin d’élu d’éviter l’expatriation !
Les politiques fiscales d’Europe centrale pour les jeunes et les entrepreneurs: de potentiels exemples pour la France?
Ces pays ont connu un « collectivisme » dur et l’Etat qui va avec. Ils sont donc vaccinés contre ceux-ci.
La France est soumise à un « collectivisme » doux et bureaucratique qui amollit ses habitants.
Toute la différence est là.
Les politiques fiscales d’Europe centrale pour les jeunes et les entrepreneurs: de potentiels exemples pour la France?
Depuis 45 ans le même discours, à quelques variations près. Et on continue, encore et encore. Je crois qu’on ne pourra jamais se remettre d’une telle bêtise crasse. Précision : la France n’a de leçons à recevoir de personne. Seuls sont condamnables nos gouvernants depuis 45 ans, dont aucun n’a été condamné (un des seuls a l’avoir été est aujourd’hui membre du Conseil Constitutionnel). S’il vous plaît, faites le ménage ou alors passez la main à ceux qui auront le courage de le faire. Ce sera bien saignant un bonne fois et la vie pourra couler à nouveau tranquillement pour de nouvelles « 30 glorieuses ».
Les politiques fiscales d’Europe centrale pour les jeunes et les entrepreneurs: de potentiels exemples pour la France?
On voit que vous êtes passé par un pays de l’Est et comprenez la position et l’ambiance de l’Europe centrale. Oui, comme vous dites, c’est bcp plus simple et calme même si ces pays ont aussi leurs problèmes…dus pour la plupart de l’héritage malheureuse de vie sous un joug communiste. Mais pour le moment ont encore de l’espoir qu’ils ne vont pas suivre l’exemple -surtout- de la France sur le plan économique et politique.
Ainsi, après 40 ans passé en France et ne plus pouvoir supporter l’atmosphère et attendre que cela change enfin, je suis sur le point de retourner dans mon pays d’origine. Et je connais déjà pas mal de Français qui ont fait ce choix et sont heureux ici, même à entreprendre. Pas vu un plombier français pour le moment, mais les restaurateurs et cuisiniers, agriculteurs, métiers du bois, instituteurs/professeurs…