Parmi les boucs émissaires préférés de nos politiques figurent, on le sait très bien, la mondialisation, l’Europe, l’Amérique, l’ultralibéralisme, la Chine… considérés comme étant à l’origine des malheurs économiques et sociaux français. Depuis quelque temps, d’autres boucs ont fait leur apparition, que nos experts montrent du doigt à chaque occasion. Il s’agit de la robotisation de l’économie et de l’Intelligence artificielle. Beaucoup de ceux qui en parlent se transforment en marchands de peur et brandissent la menace des robots avec autant de conviction et de passion que même un Steven Spielberg ou un George Lucas seraient impressionnés. Les robots et l’IA disent-ils, vont remplacer l’humain et tout le travail sera fait par les machines. A la rigueur, pourquoi pas, si l’on peut trouver des robots pour nous décharger des taches quotidiennes et rendre notre vie plus facile.
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Quoi que l’on puisse penser de la logique et des conséquences possibles du Brexit, les développements ayant suivi le referendum britannique du 23 juin 2016, et le « non » d’une majorité du peuple britannique à l’UE, ont de quoi faire réfléchir sur l’état de la démocratie. En effet, l’establishment politique digère souvent assez mal les résultats d’un referendum populaire. Parfois, on n’hésite pas à renvoyer le « peuple » à l’isoloir jusqu’à ce qu’il vote « comme il faut », comme en Irlande en 2009. Et c’est également ce qu’avait laissé entendre Theresa May le 21 mai – et qui a précipité sa chute. (Il y a bien sûr plus simple, comme en France où l’on fait revoter les parlementaires afin de contrer les résultats du referendum populaire, comme pour Maastricht et Lisbonne.)
Une trentaine de listes se sont présentées pour les élections européennes. Toutes se sont donné au cours de la campagne la mission d’en finir avec cette « mondialisation débridée qui répand la misère », ou du moins de la contenir. La « pensée unique illibérale » française dont parlait Jean-François Revel prend décidément tout son sens. Puisque tout le monde s’est disputé le titre de protectionniste en chef et que le parti arrivé en tête des élections est la formation la plus hostile au commerce international, il revient aux partisans de la rigueur intellectuelle de rétablir quelques données factuelles. Quel est le bilan de la mondialisation honnie de tous les partis politiques français ?
Il y a quelques jours, un conseiller régional mélenchoniste, qui avait participé à la campagne présidentielle du leader des Insoumis en 2017, annonçait son soutien à la liste du RN (Rassemblement National), « la seule liste souverainiste qui met en avant l’indépendance de la France », selon lui, tout en précisant que seule Marine Le Pen l’avait « rassuré » sur les « questions sociales ». Surprenante pour certains, cette prise de position n’est en réalité nullement étonnante tant les programmes et les propositions de ces deux partis se ressemblent. L’anti-libéralisme est leur ADN, d’où leur haine envers l’Europe, l’Amérique, la mondialisation et le libre-échange qui seraient les causes du malaise français. Le libéralisme, drôle de coupable dans un pays qui est champion du monde des dépenses publiques et des prélèvements obligatoires ! Les similitudes entre les deux partis vont au-delà des prétendues « origines de nos malheurs économiques ». Leurs programmes pour les européennes visent la « justice », fiscale et sociale. La France est forcément la victime des autres qui auraient forcément mal agi : le terme de « justice » sous-entend une action injuste et incorrecte de la part des autres.
Dans la légende antique, les Danaïdes furent condamnées, aux Enfers, à remplir sans fin un tonneau troué. Il en ira de même désormais pour les contribuables avec Ascoval. Cette histoire sans fin est celle de l’obsession idéologique du gouvernement. Décidée par le jugement de la chambre commerciale du tribunal de grande instance de Strasbourg ce jeudi 2 mai 2019 en faveur de British Steel, la reprise d’Ascoval représente un financement public français de 47 millions d’euros de fonds publics apportés par l’Etat (25 millions d’euros), la région Hauts-de-France (12 millions d’euros) et Valenciennes Métropole (10 millions d’euros). Mais au surplus, les fonds que doit apporter British Steel, soit 47,5 millions d’euros, risquent bien d’être payés par le contribuable anglais. En effet, aussitôt la décision du tribunal connue, British Steel a fait savoir qu’elle était elle-même au bord de la faillite et attendait une aide de l’ordre de 100 millions d’euros de la part du gouvernement anglais.
Taxer les contrats courts est une obsession d’Emmanuel Macron. L’idée figurait dans son programme présidentiel de 2017. Elle a été traduite dans la loi « Avenir professionnel », adoptée en août 2018, qui prévoit un système de bonus-malus pour les entreprises qui ont recours à ces contrats. La loi charge les partenaires sociaux de définir les modalités de ce bonus-malus.
Le président américain a souvent de la suite dans les idées et concernant sa guerre commerciale contre la Chine, ses arguments sont justes. La Chine ne respecte pas les règles du commerce international, ses entreprises sont dans leur très grande majorité détenues et subventionnées par l’Etat, le pays se moque de la propriété intellectuelle et s‘adonne au vol des brevets sans le moindre état d’âme. Ces pratiques ont toujours été la marque déposée des pays communistes et la Chine ne les a jamais abandonnées. Notre pays en est aussi victime. Une enquête du Figaro réalisée l’année dernière montre très bien la manière dont l’espionnage économique chinois vise la France qui devrait d’ailleurs soutenir Trump dans ses initiatives.
La relation entre le populisme et l’économie de marché n’est pas simple. On entend souvent dire que les dirigeants populistes défendent les intérêts du petit peuple contre les élites, jouent avec les peurs et emballements des gens et se soucient peu des effets de leur politique sur le pays. D’où la tension entre des politiques fondées sur l’existence d’un marché sain et l’instabilité de politiques économiques démagogiques, redistributives à outrance, faisant fi des conséquences en termes d’inflation, de dette publique ou de croissance. Lorsqu’un parti populiste est au pouvoir, on peut donc logiquement s’attendre à ce qu’il ne fasse pas bon ménage avec le marché.
Les élections européennes mettent une nouvelle fois à l’épreuve l’idéologie d’une démocratie post-nationale à l’échelle du continent européen. Il est cependant peu probable que celles-ci soient particulièrement plébiscitées. L’abstention sera sans doute une nouvelle fois le grand vainqueur de ce scrutin. Elle soulignera le grand paradoxe de l’intégration politique de l’Europe.
Les mesures annoncées par le gouvernement à la suite du Grand débat auront un coût qui s’élèverait, selon M. Le Maire, à près de « 17 milliards d’euros ». Pour les financer, seules sont envisagées les suppressions de quelques niches mineures sur les entreprises. Pourtant les niches, plus nombreuses en France qu’ailleurs, mériteraient d’être toutes remises en question. Les Français semblent d’ailleurs y être favorables : dans les réponses au Grand débat, 58% d’entre eux disaient refuser les impôts comportementaux.