Le Rapport sur les retraites réalisé par Laurent Pahpy est présenté par le quotidien l’Opinion dans son édition du 14 novembre. Lire.
Retraites
Alors que le haut-commissaire lance un deuxième round de discussions pour la réforme des retraites, les premières annonces sont préoccupantes. Le système à points proposé ne change pas le principe insoutenable de la répartition. Pourtant, les pays les plus performants du monde sont tous passés à la capitalisation. Dans ce nouveau rapport, l’IREF montre, exemples étrangers à l’appui, que l’épargne retraite est le seul moyen de sécuriser les pensions des générations futures.
Curieusement depuis qu’en septembre 2017, sous la Présidence de J-P. Delevoye, le Haut-Commissariat à la Réforme des Retraites s’est constitué, personne apparemment ne s’est jamais soucié ni de la composition, ni de l’orientation de ce nouvel aréopage. Certes, pour bien poser le problème, il faut commencer par quelques rappels chiffrés (I), mais ensuite l’analyse (II) de ces données révèle de graves problèmes de fond (III), même s’ils ont curieusement échappé aux écrans-radar de la meute des médias et de la plupart des spécialistes des retraites. (Détox Retraites – N°02 )
Le 10 octobre dernier et lors de sa première communication officielle sur le sujet, le Haut-Commissaire à la Réforme des Retraites a publiquement révélé quelles seraient les premières orientations de la prochaine réforme des retraites. On trouvera dans le tableau ci-dessous les premiers éléments d’information qui ont filtré, mais qui ne se rattachent qu’à la partie “la moins sensible” de la réforme et d’ailleurs à constater le relatif consensus qui a prévalu chez les partenaires sociaux, on voit bien qu’on n’a pas encore atteint le noyau dur de la réforme.
À l’approche de la grande réforme des retraites qui nous est promise, on voit les principaux acteurs commencer à avancer leurs pions et à se positionner avantageusement, qui pour tirer le maximum de profit de la mutation à venir, qui pour éviter d’y laisser trop de plumes. Cela fait certes partie du jeu démocratique à la double condition:
On sait que, rompant avec l’ancien monde du mensonge, notre actuel Président s’est fait fort de dire d’abord tout ce qu’il va faire, avant de faire ensuite tout ce qu’il a dit. Cela a pu être le cas dans d’autres domaines, mais certainement pas avec les retraités. En effet et sans doute par manque d’audace, le candidat n’a manifestement pas fait campagne sur le slogan peu porteur: “Je vais casser définitivement vos pensions, en mettant fin d’un coup tout à la fois à la garantie de leur pouvoir d’achat et à la solidarité intergénérationnelle”. S’il avait été franc et sincère, c’est pourtant bien ce thème-là que le candidat Macron aurait dû courageusement emboucher, mais au risque majeur il est vrai de ne jamais être élu. Or, comme tant d’autres avant lui qui pourtant ne se prétendaient pas “en marche”, avec succès il a cyniquement préféré l’élection grâce au mensonge.
Voici quelques mois, nous n’étions pas beaucoup à l’annoncer et encore cette alerte ne provoquait-elle chez plusieurs que ricanements et incrédulité. Eh bien maintenant, nous y sommes! Cette fois-ci l’euthanasie financière des retraités est bien en marche. En plus, elle avance vite, elle est massive et brutale comme vient de le révéler le Premier Ministre dans sa déclaration du 26 août dernier au Journal du Dimanche, en faisant d’un coup voler en éclats la solidarité intergénérationnelle sur laquelle depuis la Libération repose l’essentiel de notre démocratie sociale.
Au nom de l’égalité et d’un semblant de justice sociale, le gouvernement envisage une fois de plus de prendre aux uns pour redonner aux autres. Deux dossiers sont à l’agenda social de la rentrée politique : la réforme des retraites et celle de l’assurance chômage. Dans les deux cas, il est envisagé de faire les poches des riches.
Ce qu’on appelle « réformes » en France sous Emmanuel Macron veut dire « encore plus d’Etat ». L’IREF avait donné l’alerte il y a un an déjà. L’assurance chômage devient la « propriété » de l’Etat qui décide qui seront les bénéficiaires. On la nomme improprement « assurance » car elle devient un « droit » comme l’a précisé la ministre Pénicaud. Le gouvernement propose la réforme du système des HLM, ce qui serait une bonne initiative. Sauf qu’il la confie à la Caisse des dépôts, organisme archaïque et monopolistique, véritable rentier de l’Etat français, sans équivalent à l’étranger. La réforme du logement social devrait plutôt passer par les privatisations et l’ouverture à la concurrence.
Même s’il ne s’agit pas de la première fois, saluons le voyage européen que deux rapporteurs sénateurs – Jean-Marie Vanlerenberghe et René-Paul Savary – ont entrepris pour aller examiner les exemples de réforme systémique des retraites dans quelques pays comme l’Allemagne, l’Italie, la Suède et le Danemark. Il est vrai que l’argent des contribuables aurait pu être économisé tant la littérature sur le sujet est riche, y compris sur le site de notre Institut. La réforme des retraites en Suède a même fait l’objet de nombreuses études et livres et de plusieurs rapports parlementaires.