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Vers la fin de la discrimination « positive » dans les concours de la haute fonction publique ?

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C’est par une ordonnance du 3 mars 2021 que les concours « Talents » furent mis en place. Leur objectif ? Faciliter « l’accès des jeunes de condition modeste à la haute fonction publique ». Comment ? En créant une nouvelle voie d’accès, réservée aux élèves des prépas Talents, aux concours de cinq écoles : INSP (Institut national du service public) qui a remplacé l’ENA, INET (Institut national des études territoriales), EHESP (École des hautes études en santé publique), ENSP (École nationale supérieure de la police), et ENAP (École nationale de l’administration pénitentiaire). Ainsi, entre 10% et 15% des places offertes aux concours externes de ces écoles étaient réservées aux personnes issues des prépas Talents.

Ce dispositif pourrait bientôt prendre fin. En effet, l’ordonnance de 2021 prévoyait qu’il soit expérimenté jusqu’en 2024. Pour le pérenniser, ou seulement reconduire l’expérimentation, il est nécessaire de passer par la loi. L’ancien ministre Stanislas Guerini l’avait envisagé dans le cadre de son projet de réforme de la fonction publique. La dissolution de l’Assemblée nationale par Emmanuel Macron a remis en cause le projet et le successeur de Guerini, Guillaume Kasbarian, semble vouloir temporiser.

Cela dit, les prépas Talents continuent d’exister. Elles accueillent toujours des élèves pour les préparer aux concours. Ceux-ci peuvent toujours prétendre à une bourse (4 000 €), mais ils n’auront plus de places réservées.

Le rapport d’évaluation n’a pas non plus été transmis au Parlement à la fin juin 2024 comme prévu. Peut-être parce que les résultats sont loin des objectifs ! A une question écrite du député Patrick Hetzel, en janvier 2023, le Premier ministre avait répondu en avril 2024 (!) que la promotion 2023-2024 de l’INSP comptait 4,3% d’élèves ayant un père ouvrier, 3,2% ayant un père employé, 1% ayant une mère ouvrière, et 13,8% ayant une mère employée.

Des chiffres à comparer aux dernières données générales (2019-2020) du ministère de l’Éducation nationale, portant sur les élèves des classes préparatoires aux grandes écoles : 11% des avaient des parents employés et 7,1% des parents ouvriers. Dans les écoles d’ingénieurs, les proportions étaient respectivement de 9,1% et 5,4%. Dans les écoles de commerce, de 9,4% et 4,5%.

Bref, on ne peut pas dire que les prépas Talents aient atteint leur objectif. La fin des places réservées au concours est donc une bonne nouvelle. La mesure était discriminatoire puisqu’elle favorisait une catégorie d’élèves au détriment de candidats qui auraient mérité d’être recrutés, y compris des enfants d’ouvriers et d’employés qui passaient par la voie normale du concours.

Le retour au principe d’égalité devant les concours est plutôt une bonne chose. Il n’en demeure pas moins que la suppression de l’INSP doit être un objectif.

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