Le monde des mutuelles serait en émoi. Et plus particulièrement celui des mutuelles santé de la fonction publique. Il y a de quoi : l’assureur Alan vient de remporter l’appel d’offres lancé par le ministère de l’Économie et des Finances pour l’assurance santé complémentaire de ses agents.
Une réforme engagée en 2021 vise, en effet, à généraliser une protection sociale complémentaire dans la fonction publique, financée à 50% par l’employeur (les contribuables) sur le modèle de ce qui se pratique dans le secteur privé.
Alan, licorne française créée en 2016 avec l’ambition de bousculer le cercle fermé de l’assurance santé complémentaire, vient donc de réussir un nouveau coup de maître. Après avoir décroché le marché des assistants parlementaires de l’Assemblée nationale en novembre 2023 (3 000 assurés et ayants droit), celui des services du Premier ministre en septembre 2024 (15 000 agents) et celui du ministère de l’Écologie en octobre de l’année dernière (60 000 agents), Alan se paie Bercy et ses 130 000 agents.
C’est un coup dur pour la mutuelle de la fonction publique et des finances (Mgéfi), installée au ministère depuis plus de 20 ans. A tel point qu’elle songe à contester la décision en justice (elle a 11 jours pour le faire). La mutuelle générale de l’Éducation nationale (MGEN) avait fait la même démarche après avoir perdu le contrat du ministère de l’Écologie l’année dernière. Elle contestait la forme de l’appel d’offres, son contenu et la sincérité de la réponse d’Alan, notamment sur le plan financier. Mais la requête de la MGEN fut rejetée par le juge des référés du tribunal administratif de Cergy-Pontoise.
Dans un communiqué, la CGT s’insurge contre la décision du ministère. Pour la centrale de Montreuil, Alan n’a pas les épaules pour assumer un tel contrat qui représente 200 à 250 millions d’euros (M€) alors que son chiffre d’affaires en 2024 n’était que de 500 M€. La CGT rappelle aussi qu’Alan « accumule les pertes et les dettes depuis sa création, et se refinance en permanence sur les marchés financiers internationaux et français ».
Faut-il en déduire que la CGT aurait préféré que le ministère des Finances choisisse un assureur qui fasse beaucoup de profits ? Non, en réalité, la CGT et ses comparses critiquent le fait de ne pas pouvoir choisir eux-mêmes le prestataire. Ils auraient, dans ce cas, opté pour la Mgéfi qui, en contrepartie, les aurait récompensés.
Il est, en effet, de notoriété publique que nombre de mutuelles participent au financement des syndicats par divers moyens plus ou moins détournés (publicités, prêts de salles, achats de stands lors des congrès, formations, etc.). L’avenir nous dira si le choix d’Alan est une bonne ou une mauvaise décision pour les agents du ministère. En revanche, il est certain que c’est une perte sèche pour les syndicats de Bercy. Et ça, c’est plutôt une bonne nouvelle !
3 commentaires
60 000 agents pour le ministère de l’écologie …???? Ou vont-ils aux sous encore une fois ???
“ministère de l’écologie” ?
Il me semble que le “Ministère de la Transition écologique, de la Biodiversité, de la Forêt, de la Mer et de la Pêche tsoin tsoin tsoin” phagocite allègrement tout ce qui concerne les transports, l’aviation civile, le renouvelable, l’énergie, le climat, l’agriculture, l’alimentation, la santé enfin toute la vie quoi; forcément ça fait du monde.
Excellente nouvelle ! la CGT aura moins d’argent pour financer ses manifestations !