Dans un récent article, Alternatives économiques se félicite de ce que le score du Nouveau front populaire (NFP) aux élections législatives ait permis de « rouvrir le débat sur la fiscalité ». « Après plus de 20 ans de politiques publiques en faveur des entreprises et des plus aisés (sic), peut-on lire dans l’article, le vent semble tourner ».
Il faut vraiment avoir la berlue pour juger les choses ainsi : si le taux de l’impôt sur les sociétés (IS) a quelque peu baissé en France ces dernières années (passant de 28,4% en 2021 à 25,8% en 2022), il reste tout de même, comme l’avais déjà rappelé l’IREF, au-dessus de la moyenne en Europe. Il est notamment bien supérieur au taux d’IS en Irlande, qui est de 12,5% ! De plus, l’association Fipeco a souligné qu’en France ce sont les entreprises qui sont avant tout touchées par l’impôt, et ce notamment du fait de l’impôt de production (qui se compose de charges sur les salaires, de la taxation du capital, et de la taxation du chiffre d’affaires et de la valeur ajoutée). Malgré une baisse décidée en 2020, cet impôt était encore en 2023 de 4,7% du PIB dans notre pays. Par comparaison, l’impôt de production était en 2022 de 2,3% du PIB dans la moyenne de la zone euro et d’1% du PIB en Allemagne.
Quant aux riches ou très riches, l’IREF ne cesse de dire qu’il existe, tout particulièrement dans notre pays, une véritable haine à leur encontre. Faut-il rappeler qu’en France, les 10% les plus riches payent 70% de l’impôt sur le revenu ? Le maintien de la progressivité de l’impôt sur le revenu et des droits de succession, ainsi que la tentation – aussi bien à l’extrême gauche qu’à l’extrême droite – de rétablir l’impôt sur la fortune (ISF) sont autant de révélateurs de la persistance d’une détestation pathologique bien française de l’enrichissement personnel dans un régime capitaliste de laissez-faire.
Ainsi donc, pour Alter Éco comme pour le NFP, il faut taxer non pas moins mais davantage les entreprises comme les hauts revenus. Il faudrait aussi selon le média d’actualité économique (financement de la transition énergétique, de la transition numérique et des « services publics » oblige) accroître encore davantage nos dépenses publiques – qui ont pourtant représenté en 2023 57% du PIB ! « Il nous faudra, écrit ainsi Alter Éco, plus de 10 points de PIB de dépenses publiques en plus qui ne pourront pas être financés uniquement par de la dette »… Dans l’art de s’attaquer à des problèmes en proposant des solutions diamétralement opposées à celles qui devraient être mises en place, on peut difficilement faire mieux.
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Je serai curieux de voir la feuille d’impôts de tous ces « économistes ».
Drapés dans leur vertu, paient-ils davantage d’impôts que chacun de nous ?
Ou, au contraire, très au fait des subtilités fiscales de notre beau pays, ils se débrouillent pour en payer le moins possible ?
On pourrait rappeler que leur modèle Edwy Plenel a refusé pendant des années de payer la TVA pour son journal en ligne Médiapart…