Devant la presse, il y a une semaine, Emmanuel Macron a fait comprendre aux journalistes présents que les retraites pourraient être réformées via le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS), par le biais d’un simple amendement gouvernemental. Pourquoi pas, à condition qu’il s’agisse d’une réelle réforme et non pas d’un cautère sur une jambe de bois. Pour cela, l’IREF propose à Emmanuel Macron l’amendement suivant à intégrer dans le PLFSS :
Exposé des motifs : Le fait de travailler plus longtemps ne résout nullement le problème des retraites qui comptent pour environ 13,5 % du PIB. Avec 3 cotisants pour 2 retraités, une espérance de vie à la retraite qui a gagné 5 ans en un quart de siècle, un taux de natalité de 1,8, des engagements qui dépassent 300% du PIB et une croissance atone, la retraite par répartition à la française ne tiendra plus très longtemps. A moyen terme, elle est sérieusement compromise (à moins de fixer à 90 ans l’âge de départ à la retraite). De même, les différences entre le public et le privé sont criantes. Tandis que les employeurs du secteur privé versent des cotisations retraite de 16,5% du salaire brut de leurs employés, le taux de cotisation de l’Etat est de 74,3% du traitement indiciaire des fonctionnaires civils et de 126% pour les militaires. Dans le public, pas de caisses de retraite, les retraites sont payées avec nos impôts.
Pour y remédier et sauver les retraites des Français, il est proposé :
- La fin de tous les régimes spéciaux y compris celui des fonctionnaires et le passage progressif de nos retraites vers un système par capitalisation avec la création de fonds de pension.
- Dans un souci d’équité, un compte personnel retraite (CPR) pour chaque Français, incluant progressivement et prudemment un solide pilier d’épargne basé sur les réussites de l’économie et les dispositifs existants (PERP, PERCO, PERE, Madelin, Préfon, RAFP), sécuriserait les revenus des retraités sans trop peser sur les générations futures.
- En attendant la généralisation des retraites par capitalisation, au nom de l’égalité de droit, le RAFP et le régime spécial des sénateurs (préalablement débarrassé de ses subventions) devraient être ouverts à l’ensemble de la population. Les versements seraient déductibles des cotisations de répartition et, bien entendu, des revenus imposables.
Sans risque ni coût supplémentaire majeur, ces mesures pourraient garantir durablement le financement des retraites tandis que les cotisations gérées par les fonds de pension pourraient en partie servir au financement de l’économie et favoriser sa prospérité.
9 commentaires
Alors là, c’est un doux rêve !!
Bonjour,
Je ne suis pas spécialement pour le système par capitalisation, il est possible de régler le problème par des augmentation des temps de travail et d’activité. En France, nous sommes le pays qui travaille le moins à la semaine, au mois, à l’année, sur la durée de vie. 36,2 heures en moyenne par semaine pour les salariés non cadres. Sur la durée vie, nous avons un peu augmenté depuis la retraite à 62 ans (Fillon) vers 61/62 ans. Compte tenu de l’augmentation constante (en moyenne) de la durée de vie (+ 7h par jour et 23 ans depuis 1945), les prélèvements sur salaires sont passé de moins 7% à plus de 22% pour un salarié non cadre plus une mutuelle. Augmentation établie à cause des baisses de durée de travail. La seule retraite à 60 ans, nous coûte depuis 1982 300 milliards par année. Passer à 40h la France est sauvée (et + de pouvoir d’achat) et 65 ans puis pour être pérenne :
Etablir la durée d’activité proportionnelle à la durée de vie des retraités. http://www.danielmoinier.com 6 livres sortis
Initiative intéressante, d’autant qu’elle est chiffrée.
Toutefois, pour en revenir au futur, au delà des intentions du gouvernement qui manifestement veut faire « quelque chose », mais surtout faire main basse sur les « cagnottes » des régimes excédentaires, je me pose quelques questions : la retraite est-elle un droit naturel ou une construction sociale ? Je pense que la réponse est une « construction sociale humaine solidaire », dans ce cas quels doivent être les mécanismes pour un financement le plus équitable possible ?
Comme je suis en forme, j’ai endossé un costume de syndicaliste bien radical. J’ai préparé le slogan traditionnel : « faut faire payer les s****ds de patrons qui s’en mettent plein les poches ». Et là une petite voie me dit que ça ne fonctionne pas comme ça. Bon, je change de costume pour celui de dépité de gauche qui fait la proposition suivante : taxons les entreprises… Un député de l’extrême centre me fait remarquer que les entreprises sont déjà trop taxées . Ben oui. C’est vrai, et là le seul député du parti DL (divers libre) propose plutôt que les salariés participent au capital de l’entreprise, pour placer les sommes consacrées pour la retraite. Que se passe-t-il si l’entreprise ferme ?
Alors si on regarde un bilan pour faire simple: à gauche on a l’actif et à droite les charges dont les salaires, et aussi les dividendes s’ils existent. Dans tous les cas c’est la valeur ajoutée qui « finance » les frais salariaux et les bénéfices quand il y en a. Pour une retraite par capitalisation, tant que les masses monétaires qui sont placées sont faibles en regard du total de la masse de toutes les entreprises qui ont un actif « en bourse », ça se passe assez bien, parce que les traders sont habiles, réactifs. Et peuvent suivant les tendances, la conjoncture, déplacer les placements, évitant pour les épargnants « l’évaporation monétaire » . Par exemple aux USA, ou ce type de retraite est majoritaire, cette souplesse est moindre, et certaines se trouvent réduites. Mais si tous les actifs étaient constitués d’une partie « d’épargne retraite », à partir de quel seuil la rentabilité devient insuffisante ? Quelle sera l’évolution avec des entreprises qui meurent ? Les « compensations » effectuées par les traders seraient-elles moins efficaces . Il me semble qu’il y a des limites à la capitalisation, tout comme pour la répartition dès que le ratio actif/pensionné est insuffisant.
Autres questions, comment changer sans faire une transition ? et remplacer un système complètement hétéroclite où par exemple l’accès au catégories des certains différent d’une branche professionnelle à l’autre pour les retraites complémentaires du privé? Comment financer les pensions des retraités du public, alors que les actifs ne financeront que la leur en épargne ? Pourquoi vouloir changer les caisses qui fonctionnent et sont autonomes financièrement. Les régimes dits « spéciaux » sont souvent déficitaires et effectivement doivent être réformés.
En fait, le sujet est tellement complexe que personne n’a vraiment de solution et vouloir imposer à tout le monde une solution unique ne ressemble-t-elle pas à une forme de collectivisme.
En fait que des questions, mais le projet du gouvernement parait bien vide, sachant que la réforme prévue précédemment était délirante, quel sera l’avenir ?
Au Canada, la retraite se fait par capitalisation. Il faut avoir cotisé 35 ans pour recevoir le montant maximum de la retraite et celle-ci s’élève alors…à un montant équivalent à son salaire.
A NANARD.
Il me semblait bien avoir lu que les caisses de retraite étaient excédentaires,ce que vous confirmez.
Dans ce cas pourquoi les médias nous rebattent les oreilles avec le déficit des caisses de retraite ???. (peut-être qu’il ne s’agit pas des mêmes caisses ?)
C’est pourtant simple !!! Merci Nicolas pour cette douce symphonie : la simplicité, oubliée de tant de monde et abhorrée par les gens de « gauche ».
Le mot capitalisation est banni dans un pays comme le notre. Par conséquent on ne peut rien attendre de nos « élites ».
La retraite par capitalisation est-elle la panacée ? QUID des risques inhérents aux fluctuations boursières, voire au crashs ? Une retraite association les deux systèmes serait sans doute plus sûre. Parler d’âge de la retraite n’a guère de sens. Un système basé sur le nombre d’annuités est le seul qui tienne la route car IL EST JUSTE. En réalité, ce sont les régimes spéciaux qu’il faut d’urgence supprimer. Il est également urgent de diminuer le nombre de fonctionnaires. Est-il nécessaire d’être fonctionnaire pour servir les repas dans les cantines des écoles et/ou administrations. Est-il nécessaire d’être fonctionnaire pour entretenir les espaces verts ? Est-il nécessaire d’avoir autant d’organismes censés s ‘occuper de notre santé… avec les résultats qu’on sait. Faut-il absolument être fonctionnaire pour garantir un enseignement de qualité ? Combien de fonctionnaires sont-ils payés pour des fonctions qu’ils n’exercent pas ?
Comme je l’ai déjà écrit, on appelle retraite ce qui est en réalité un statut de rentier lorsqu’elle s’applique alors qu’on est encore capable de travailler (avant 65 ans au moins). Ceci ne pose pas problème dans un système par capitalisation mais est proprement scandaleux dans un système par répartition financé par les cotisations d’actifs qui ne sont pas certains de vivre jusqu’à l’âge ou il y auront droit alors que les plus jeunes n’ont pas tous les moyens de se loger décemment. Mais, bien sûr, personne n’ose arrêter le « Ponzi » de la répartition ou les premiers ont touché sans cotiser et les derniers n’auront rien en ayant cotisé toute leur vie.
Pas de vraie réforme sans l’abandon de la répartition.