La lutte contre le gaspillage alimentaire ne cesse d’enrichir notre arsenal législatif. Toutefois, la réglementation n’est, semble-t-il, pas suffisante puisqu’une sénatrice LR propose encore de l’aggraver.
Alors même qu’un dictateur brandit de manière répétée l’arme nucléaire à moins de 3.000 kilomètres de Paris et que notre pays s’enfonce dans le gaspillage budgétaire, nos parlementaires continuent d’émettre des idées improbables. Ainsi en est-il de Marie-Do Aeschlimann qui vient de déposer au Sénat une proposition de loi (n° 247) visant à renforcer la lutte contre le gaspillage alimentaire.
Que nos lecteurs ne croient pas qu’il s’agisse d’une nouvelle lubie de l’extrême gauche : cette sénatrice est membre des Républicains, mais c’est peut-être ce qui rend sa proposition d’autant plus désespérante. Que nos lecteurs ne croient pas plus que la France manque de normes à cet égard. Bien au contraire, le gaspillage alimentaire fait l’objet depuis une dizaine d’années d’un véritable harcèlement législatif. En sus des pactes nationaux de lutte contre le gaspillage alimentaire depuis 2013 et des programmes nationaux pour l’alimentation, ont été consacrées partiellement ou totalement à cette lutte les lois des 11 février 2016, 30 octobre 2018 et 11 avril 2019, l’ordonnance du 21 octobre 2019, la loi du 10 février 2020 et le décret du 22 août 2021. A priori rien depuis lors, ce qui semble inadmissible aux yeux de quelques-uns de nos parlementaires bien inspirés.
Certes, une proposition de loi socialiste (n° 3725, 5 janvier 2021) pour une nouvelle étape contre le gaspillage alimentaire avait bien été déposée à l’Assemblée nationale, notamment afin de créer un Fonds national et un « Bon pour Bien Manger », mais elle n’a hélas pas été votée.
Heureusement, la sénatrice Marie-Do Aeschlimann a voulu démontrer que l’interventionnisme, la réduction des libertés et l’accroissement de la bureaucratie ne devaient pas être le monopole de la gauche française.
Il faut savoir que les causes de l’instabilité normative en la matière tiennent essentiellement au fait que l’État est en réalité incapable de quantifier ce contre quoi il prétend lutter, ce qui confirme l’idée de Murray Rothbard selon laquelle un État sans statistiques se trouve désarmé.
La proposition sénatoriale entend élargir une nouvelle fois le périmètre des acteurs concernés par la réglementation qui oblige des commerces et des « opérateurs » à « proposer des conventions de dons de leurs invendus à des associations d’aide alimentaire afin de lutter contre le gaspillage » (ce qui veut dire qu’il s’agit de conventions et de dons forcés à des associations le plus souvent gavées de subventions !). Elle veut renforcer le contrôle par l’administration (ce qui veut dire qu’il s’agit pêle-mêle de violations de la vie privée et du secret des affaires, et d’accroissement de l’interventionnisme) et obliger les entreprises à établir un « bilan chiffré et exhaustif » chaque année du gaspillage alimentaire (ce qui se traduira probablement par une hausse de la paperasse avec les coûts induits). Elle désire enfin hausser les sanctions contre les méchantes entreprises qui oseraient rendre « les denrées alimentaires impropres à la consommation ».
Nous trouvons cette proposition admirable, mais elle ne va pas assez loin. Pourquoi ne pas créer un Haut Conseil de la lutte contre le gaspillage alimentaire (HCDLLCLGA) et installer dans chaque foyer des caméras directement reliées à l’administration afin de contrôler notre gestion des déchets alimentaires ?
14 commentaires
Du Québec: Le problème principal est que tout n’est pas consommable dans les aliments bruts. Ainsi, 25% d’une carcasse animale est constituée d’os et autres impropres à la consommation, comme un partie du gras. Pour les grains, c’est 35% de pertes. Pour les noix, les écales représentent près de la moitié du poids. Pour obtenir l’huile de soja, on doit utiliser 80% de la graine en nourriture animale. Et ainsi de suite. Ce qui précède représente probablement 90% de toute la perte alimentaire en Occident. Ce débat est à peu près clôt chez nous depuis plus de 10 ans à cause de cela.
Et des fonctionnaires chargés de contrôler nos poubelles ?
Oh, oui oui !
vivement la création du HCDLLCLGA et l’installation chez moi de ces merveilleurses caméras de suveillance ;
ainsi serai-je enfin obligé de jeter mes épluchures de pommes de terre ailleurs que dans la poubelle publique au coin de ma rue…
Lettre ouverte à Marrie-do:vous devriez créer un ministère des épluchures qui pourrait confectionner “la soupe populaire”comme en 1929.Ainsi vous sortirez de l’anonymat.
Je ne comprends pas trop votre réaction. Allez voir ce qui se passe en fin de journée dans les supermarchés.pete, produits périmés, etc.., c est effarant, et ça grève les prix de vente. Faut il créer une ou des lois, je n en sais rien. Je suis plutot pour la liberté, mais il y a surement qque chose à faire
Cdlt
Les commerces développent les rayons pour les produits invendus ou périmés (mais consommables) ou en voie de péremption. Les consommateurs se les arrachent bien souvent.
Me Jean-Philippe Feldman
Tellement facile d’imposer aux autres de la complexité pour se donner bonne conscience. Ces responsables devraient se souvenir chaque jour qu’ils sont rémunérés par les citoyens via l’impôt. L’arsenal juridique et fiscal devient ingérable pour les entreprises de ce pays et décourage les bonnes volontés. La fuite des cerveaux et des capitaux n’est pas pas prête de ralentir.
Quand on aura compris qu’une mesure quelle qu’elle soit, à partir du moment où on n’a pas les moyens de contrôler son application, ne sert à rien mais détruit l’autorité qui l’a décidée, on aura fait un grand pas en avant. On en est bien loin avec la chambre actuelle!
Sémantique : pourquoi hélas?
Ne faisons pas le procès des DLC, elles imposent de la rigueur à l’agroalimentaire et la prise conscience des consommateurs s’affirme, tant mieux.
Par contre la législation DLC est un véritable problème pour les distributeurs
Je n’ai pas de statistiques mais du vécu. Le gaspillage concerne principalement les fruits et légumes, à 5 fois
par jour (!), qui faute de DLC (même en unité consommateur) et par nature, sont les plus périssables.
Ce sont les circuits de commercialisation et de distribution de tous ordres qui sont en cause.
Les producteurs et leurs metteurs en marché ( intégrés ou non) ne sont pas exempts de reproches mais contraints
par la faible rentabilité ( au mieux) et la guerre des prix quasi journalière qui s’impose face aux acheteurs ce qui
contribue à mettre en marché des produits plus que périssables et en discordance avec l’attente des consommateurs en rayon ( du beau svp). Les tentatives de vente, en GMS, des produits moches mais pas chers ont échouées.
On pourrait développer.
L’ agriculteur -maraîcher du jour
Le camp du bien nous ressort les circuits courts…..😂😂😂😂😂😂
Le bon sens est devenu une denrée rare de nos jours, et malheureusement, ce n’est pas parce que vous l’utilisez que les parlementaires charlatans l’adopteront.
Plus l’État se mêle de tout moins les choses s’améliorent. Nos parlementaires comprendront-ils un jour qu’il sont la pour dire la loi et que celle-ci doit favoriser les conditions d’exercice de nos activités et que ce l’est pas à travers des mesurettes que l’on traite les grands problèmes.
Quand arrêteront ils d’emmerder (Pompidou) les Français?
Derrière leur cirque, on retrouve de nouvelles taxes ou le durcissement de taxes existantes. Regardez par exemple le malus écologique – dont le sens est douteux puisque de nombreux véhicules touchés sont classés CRIT’AIR 1 – qui augmente significativement. Malus évalué au moment de l’immatriculation ce qui est tout de même fort de café puisque le bon de commande ne permet pas de fixer le prix de la voiture. Sur le plan juridique, si nos stakhanovistes parlementaires abusaient un peu trop des stupéfiants circulant dans les couloirs, un heureux propriétaire de voiture pourrait voir le prix de sa voiture considérablement réévalué sans rien pouvoir y faire… Et dire que l’on a critiqué l’Union soviétique ! Si c’est pour reproduire la même chose…