L’Allocation adulte handicapé (AAH), qui accorde mensuellement un peu plus de 900 euros aux bénéficiaires sous certaines conditions, ne sera plus versée en tenant compte des revenus du conjoint. Cette « déconjugalisation » a été votée à 428 voix pour sur 429 exprimées, ce qui peut passer pour un plébiscite dans une Assemblée nationale marquée, pour le moment, par les désaccords.
Nombre d’allocations sont pourtant soumises aux revenus, sinon du conjoint, au moins du ménage. Les impôts suivent également cette règle et on voit mal pourquoi l’AAH en serait dispensée. Le Rassemblement national se lamente sur une double peine, ou plus exactement une double dépendance. Apparemment, les Français préfèreraient dépendre de l’Etat plutôt que d’un conjoint. Julien Bayou parle d’anomalie démocratique et Arthur Delaporte, membre du Parti socialiste, offre la complainte du “prix de l’amour”. Forts de tous ces arguments plus larmoyants que réalistes, les députés ont choisi d’attribuer cette allocation, quels que soient les revenus du conjoint.
André Chassaigne, député communiste, affirmait que ce vote était “un moment important, qui ne [souffrait] ni démagogie, ni provocation, ni instrumentalisation”, et c’est exact. La protection des plus fragiles, parmi lesquels les personnes en situation de handicap, est un sujet important, à examiner la tête froide. Qu’une personne soit dépendante des revenus de son conjoint, cela arrive à beaucoup, qui ne demandent pas pour autant une allocation, car subvenir aux besoins de l’autre fait partie des engagements que peut prendre un couple. Si les personnes en situation de handicap étaient néanmoins dans une situation financière difficile, on aurait pu à moindre frais augmenter le plafond de « déconjugalisation » ou, mieux, baisser certaines taxes et impôts pour augmenter leur pouvoir d’achat.
5 commentaires
Sur le seul aspect financier, votre analyse s’impose. La question est beaucoup plus vaste et complexe que ne l’imaginent la plupart d’entre nous. D’abord, la nature du handicap diffère d’une personne à l’autre. En conséquence, les contraintes peuvent changer du tout au tout. Certains handicaps physiques entraînent des frais particulièrement importants qui ne sont pas couverts par l’assurance obligatoire. Rencontrez et écoutez une personne ne pouvant sortir sur ses deux jambes. Additionnez les dépenses d’appareillages que votre interlocuteur doit payer seul de sa poche sauf à être soutenu par les « bouchons du cœur », organisme qui m’a été cité. J’ai été surpris.
Manifestement vous ne savez ce que c’est d’être dépendant pour cause de maladie de son conjoint. Pour être logique, demander alors d’appliquer cette règle à toutes les aides de l’État.
Bonjour Monsieur,
L’IREF dit et répète à longueur d’articles que les aides de l’Etat sont trop nombreuses.
Qu’est-ce qu’un « conjoint » dans le monde actuel ?
Encore une « couche » !!! Je ne parle pas de l’AAH. Je parle de celle que traîne les 428 élus. Au lieu d’essayer de trouver des solutions on octroie un « chèque » que le contribuable paiera sans lui avoir préalablement demandé son avis. Hop ! sous le tapis, le problème … jusqu’à la prochaine fois …