Dans ce petit ouvrage dédié à Louise Labé, Elise Rajchenbach fait preuve d’une grande probité. Elle laisse à l’enfance lyonnaise de Louise Labé quelque mystère et à ses poèmes quelque chose de miraculeux. A une époque où la femme n’a guère accès à la culture, et où la pudeur prime sur l’amour, Louise Labé détonne avec son siècle. Sans doute sa spontanéité et sa sincérité sont à l’origine de ses beaux vers. Mais d’où vient ce don de l‘écriture essentiellement réservé à une élite ? Son père comme son époux étaient des cordiers dans la ville de la soie, s’enrichirent par leur commerce, mais leur culture restait celle de deux artisans. Si le père de Louise dota généreusement ses filles sans doute dût il lui offrir un précepteur à domicile ou une scolarité dans un couvent sur les pentes de la Croix-Rousse. A moins qu’ une curiosité personnelle suffit à cette femme dotée de plein de dons pour être inspirée par les ouvrages des imprimeurs de la rue Mercière qui étaient au vu et su de tout le monde … Connue spécialement pour ses sonnets où l’amour est le thème principal, « la belle Cordière » ne se limite pas dans ses écrits à de simples émois personnels. Ses sources sont celles de la littérature antique.
Pas étonnant que la lecture de Louise Labé revienne en force: la beauté de ses écrits, la fraîcheur de ses sentiments, son souci pour les femmes dont elle veut élever les esprits au-dessus de leur quenouille font de cette femme , ni ange ni putain comme elle fut caractérisée à tort par de jalouses rumeurs, mais le symbole d’un féminisme où le cœur et l’esprit vont de pair. Tout le talent d’Elise Rajchenbach réside dans le désir qu’elle procure à ses lecteurs de se plonger dans le bien beau « Débat de Folie et d’Amour » ….
2 commentaires
C’est bien de contribuer à faire connaître cette chère Louise. Juste une petite remarque: « dût-il » s’écrit avec un tiret. Quant à l’esprit des femmes, il faut le laisser au singulier. « Les esprits » ont un autre sens. JN
Il semblerait que cette femme soit née à Lyon ? et quand ?