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Procureur, porte-parole, attaché de presse, journaliste ?

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Un journaliste de L’Express, Jean-Baptiste Daoulas, a eu un comportement indigne autant qu’ahurissant à l’égard de notre collaborateur Paul Jossé, auteur de notre Etude sur les privilèges exorbitants des fonctionnaires de l’Assemblée nationale : il a demandé à l’université de sanctionner M. Jossé, qui prépare actuellement sa thèse. Il est temps de faire savoir ce que nous pensons du comportement de M. Daoulas.

Il nous a d’abord accusés d’avoir publié un rapport « bidon ». Car il avait mené sa propre enquête : quelques heures lui avaient suffi, c’est un grand journaliste. Il a du talent, ou il pense en avoir. Personne ne songerait à l’accuser, lui, d’avoir bâclé un article. Encore moins bien entendu le soupçonnerait-on d’avoir de l’avoir fait sur commande.

Mais sa collection de casquettes étonne cependant : voici le virevoltant journaliste de L’Express qui, tel Fregoli, revêt les habits d’un serviteur du palais Bourbon, ceux de porte-parole de l’Assemblée, puis une robe de procureur, rien de moins. Cet arbitre des vérités a pris l’initiative d’écrire (en qualité de quoi ? on ne sait) au directeur du laboratoire d’économie de Paris I dont fait partie l’auteur de l’Etude publiée par l’IREF, pour l’inciter à sanctionner celui-ci. Selon M. Daoulas, le travail de Paul Jossé serait « faux ». Alors, tout ce qu’ont écrit les autres journalistes, les rapporteurs de l’Assemblée et les magistrats de la Cour des comptes serait par conséquent « bidon » ?

Celui qui « couvre » l’Assemblée l’a triomphalement annoncé sur les réseaux sociaux, en termes aussi vigoureux qu’élégants : « la note est tellement fausse et orientée que son auteur @paul_josse fait l’objet d’une procédure de sanction de Paris-I ….».

Drôle de situation. Un chercheur réalise un travail de longue haleine, extrêmement minutieux, difficile, nourri de faits, chiffres et comparaisons internationales avérés. Il met en lumière des gaspillages d’argent public et révèle l’opacité d’un système bien ancré. Et un employé de ce grand journal qu’est L’Express[[M. Daoulas aurait même pu découvrir dans les archives de l’hebdomadaire que certains de nos travaux (le scandale des primes des fonctionnaires à Bercy par exemple) ou livres ont même fait la Une de l’Express…]] l’accuse de bidonnage, demande sa tête, sans apporter lui-même aucune preuve, comme le font d’ordinaire les journalistes d’investigation dignes de leur carte de presse… Françoise Giroud doit se retourner dans sa tombe, elle qui avait fait de la rigueur une règle avec laquelle on ne transige pas.

L’Etude de Paul Jossé, réalisée exclusivement pour le compte de l’IREF, est un travail de salubrité publique et le laboratoire pourrait en être fier.

M. Daoulas a très rapidement réagi lorsque nous avons mis en ligne le rapport interne sur l’administration de l’Assemblée : on ne le trouvait encore nulle part mais il a soutenu « les yeux dans les yeux » (tout comme le secrétariat de François de Rugy), que ce rapport était déjà disponible. Pourquoi alors ne l’avoir pas rendu public lui-même ? C’est lui, journaliste accrédité auprès du palais Bourbon, qui aurait logiquement dû en rendre compte le premier ! Aucune réaction non plus, un peu plus tard en juin, à propos du rapport du député Vigier qui montre que l’administration de l’Assemblée est au-dessus des lois ; et devient sourde quand on lui demande des documents qui pourraient faire la lumière sur son fonctionnement : Philippe Vigier lui-même a pu personnellement le constater … Par exemple, entre autres choses, il aurait bien voulu avoir des précisions sur la manière dont sont distribuées les primes accordées aux fonctionnaires de l’Assemblée ainsi que sur les comptes de l’association Agran (qui gère les restaurants de l’Assemblée). Nous aussi, nous aurions souhaité obtenir des réponses à ces questions également soulevées dans notre Etude.
Le Point a publié un article sur ce rapport.

Notre accusateur de L’Express, lui, n’a pas bougé. Le « couvreur » de l’Assemblée se révèle un bon spécialiste de l’étanchéité : il semble n’avoir rien vu, rien entendu. Sauf quelques tweets de plusieurs fonctionnaires de l’Assemblée qui auraient proposé de consulter leurs fiches de paie afin de « démentir » nos chiffres. M. Daoulas s’est empressé d’en faire état. Il prend des risques : un déchiffrage correct de ces fiches pourrait expliquer en partie le coût si élevé du fonctionnement de l’Assemblée !

Journaliste, M. Daoulas ? Il y a quelques années, un de ses confrères distribuait des cartes de visite avec la mention « journaliste-publicitaire », sans aucune conscience de l’incompatibilité des rôles. M. Dalouas pourrait se baptiser « journaliste-attaché de presse parlementaire », nul n’y verrait aucune incongruïté. On se dirait juste que la rédaction de L’Express a fait une petite erreur de casting…

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6 commentaires

Blondin 3 juillet 2018 - 9:29

Une pétition ?
Affaire lamentable qui montre bien l'état désastreux d'une (grande, majeure ?) partie des journalistes français.
Ces gens là sont généralement friands de pétition en tout genre. Je vous suggère d'en lancer une. Vous pouvez compter sur ma signature.

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Nicolas Lecaussin 3 juillet 2018 - 10:54

Re : Une pétition ?
Entièrement d’accord, cher Guillaume ! Au moment où la presse écrite se porte très mal, il vaut mieux compter sur des journalistes de qualité…

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Gilbert CLARET 3 juillet 2018 - 1:16

Informer ou servir, il faut choisir
Je n'ai aucune compétence pour me prononcer sur le point de savoir qui a raison dans cette affaire d'accusations par le journaliste de l'Express portées contre Monsieur Paul Jossé, auteur du rapport pour l'IREF.
Mais l'affaire me paraît suffisamment grave dans ses conséquences de crédibilité pour que toute la lumière soit faite.
Les lecteurs de l'IREF attendent la suite.

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AlainD 3 juillet 2018 - 11:04

Daoulas journaliste ?
Si jamais ce type n'avait plus de travail à l'Express il pourrait peut être se reconvertir en cireur de pompes…
Un ami me racontait naguère que c'est en travaillant ainsi que son patron l'avait foutu à la porte.

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mollard 4 juillet 2018 - 9:46

Pour un journalisme objectif
Le journaliste doit informer le lecteur selon la réalité des faits, des situations, des événements qu'il rapporte sans camouflage.
Il peut… il doit, aussi commenter selon sa sensibilité politique, sa spécialité économique, technique, selon des connaissances que nous n'avons pas et nous permettre de juger et comprendre intelligemment: Beaucoup ne font que désinformer par esprit partisan: les bons journalistes sont rares!

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JOUAN 4 juillet 2018 - 12:04

Affaire DAOULAS
Comment une telle personne peut il conserver son emploi. Il en va de cette affaire comme de la plupart de celles dont nous apprenons l'existence grâce à des instituts vertueux comme le vôtre. Les journalistes majoritairement font le lit du pouvoir en place et abreuvent nos concitoyens d'informations tronquées ou fausses pour éviter le "réveil" du peuple. Ainsi ce sont les éveilleurs qui sont condamnés ou réduits au silence; comme TV Libertés et d'autres…
Je ne pense pas que le DR de l'express prenne la mesure convenable quand lui même est légèrement déconnecté des réalités.
Désormais nous devrons instruire des pétitions, seul moyen; peut être, d'être entendu compte tenu que lors des élections, nos votes sont bafoués.

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