C’est un petit constat qui n’est plus étonnant pour personne. Durant le confinement, et même après, les services que l’on nous vend comme « publics » ont failli. En ce qui concerne la SNCF, si les déplacements étaient limités pendant le confinement, le service de déconfinement n’est pas satisfaisant. Un tiers seulement des trains a été remis en circulation, les passagers se retrouvent les uns à côté des autres malgré la nécessité de respecter les gestes barrière, des départs sont annulés sans préavis, ni par mail ni par sms, contraignant les usagers à acheter un nouveau billet, plus cher dans la plupart des cas. Un autre service, plus important pour les professionnels, a montré ses limites : La Poste, une fois de plus décevante – mais qui s’en étonnera ?
Où est le service public tant vanté ?
Le constat est clair. La Poste a été défaillante et cela s’est notamment remarqué dans les campagnes. Les syndicats répètent qu’elle joue un grand rôle dans les services de proximité. Pourtant, elle n’était pas là quand les contribuables en avaient le plus besoin.
Jean-Jacques Lachamp, le maire de la petite commune de Nibles (04) décrit dans un article du Monde sa sidération et celles de ses concitoyens face à la réduction drastique du service postal lors du confinement. Dans son département, 29 des 34 bureaux de poste ont fermé sans que les habitants en aient été prévenus et des distributeurs automatiques de billets n’ont plus été approvisionnés. M. Lachamp explique que « Pendant trois semaines, les trois-quarts du département n’ont pas eu accès au numéraire, certains devaient faire plus de 40 kilomètres pour retirer des billets ». Une situation plutôt honteuse pour une « maison de service public ».
Dans les exploitations agricoles, encore beaucoup de factures sont réglées par chèque, et la facture est envoyée par courrier. Dans de nombreuses campagnes et communes rurales, le bureau de Poste le plus près n’était ouvert que trois (petits) jours par semaine, et la distribution du courrier n’était en réalité assurée que sur deux jours. De fait, les délais d’acheminement, souvent important, se sont allongés.
Il a fallu, par exemple, 7 jours pour qu’une lettre fasse 15 km ! Des plis postés d’autres régions en France pouvaient n’être jetés dans les boîtes des destinataires que 15 jours, voire 3 semaines après ! Des viticulteurs ont reçu les contrats de leurs saisonniers après leur départ de l’exploitation.
Pendant le confinement, les factures d’électricité, de téléphone, d’internet, continuaient de tomber pour tous les Français, ce qui est tout à fait normal. Beaucoup de personnes, notamment les personnes âgées, les reçoivent encore par courrier et les règlent par chèque. Tout a donc été décalé. Des lettres de rappel, de menace d’huissier, sont parvenues bien après que les règlements eurent été envoyés – mais non reçus. Ce service minimum de La Poste a non seulement perturbé les particuliers, mais aussi les entreprises qui continuaient de travailler. C’est l’organisation de l’ensemble de la France qui travaillait pendant le confinement qui s’est vue bouleversée.
Beaucoup de Français, durant le confinement, ont commandé des articles en ligne à cause de la fermeture des (petits) commerces. Ce sont des entreprises de livraison comme DPD ou UPS qui ont permis de maintenir la logistique. Elles ont assuré, dans des conditions de travail qui sont les mêmes que celles des facteurs. Le service public de livraison de colis, lui, n’assurait plus grand-chose et les entreprises ne pouvaient plus compter sur lui, sauf à accepter des délais excessivement longs. On pouvait s’y attendre : bon nombre de particuliers et de professionnels ont appris à se passer le plus possible de la Poste publique. La numérisation des factures et des paiements s’est accélérée, les entreprises privées de livraison ont été de plus en plus sollicitées.
Si le flux de courrier continue à diminuer, la Poste pourrait éventuellement remettre en question son « service ». Mais les syndicats, non.
L’indécence syndicale
Pendant que le personnel médical se demande si tout le monde va toucher la prime, 500 à 1500€, promise par le gouvernement, la CGT FAPT (Fédération nationale des salariés du secteur des activités postales et de télécommunications) réclame une prime de 1000€ minimum pour tous les postiers car ils estiment avoir « assuré le bon fonctionnement de la poste et du service public postal ». La Poste va délivrer une prime de 300 € pour les employés ayant travaillé du 16 mars au 31 mai 2020, calculée en fonction du temps de présence pendant les semaines de confinement. Cela semble juste. Sauf pour SUD PTT et la CGT qui trouvent cette mesure inacceptable. Selon eux, il aurait fallu octroyer une prime plus importante et qu’elle soit versée à tout le monde, même aux postiers n’ayant pas travaillé pendant le confinement ou ceux qui sont partis en retraite… Ils se comparent même au personnel hospitalier, aux éboueurs, ou aux caissières.
Pourtant, contrairement au personnel hospitalier, aux caissières ou aux éboueurs, bon nombre de postiers ont fait valoir leur droit de retrait, alors même que la distribution du courrier peut se faire sans contact avec la population. C’est d’ailleurs habituellement le cas dans les campagnes. Le facteur croise rarement quelqu’un dans sa tournée, contrairement aux caissières qui sont en permanence au contact des clients. Le 18 mars, au début du confinement, seulement 25% des bureaux de poste étaient ouverts. Le 20 mars, la direction de La Poste elle-même en recensait 1 600, sur les 7 700 que compte le territoire national.
L’idée que se font les syndicats du service public est clairement celle du public à leur service. La Poste est un excellent exemple de ce qu’une entreprise privée ne peut se permettre de faire. Voilà pourquoi elle fonctionnerait beaucoup mieux si elle en devenait une ! Il est nécessaire de réformer le système postal français, et de prendre exemple sur nos voisins européens comme la Suède, l’Allemagne, les Pays-Bas ou la Grande-Bretagne, qui ont privatisé. Une Poste totalement privée peut très bien assurer la distribution du courrier et des colis partout sur le territoire, efficacité en plus. La Poste publique et les syndicats ne font qu’enregistrer une diminution toujours plus importante du courrier et des colis. La Poste publique française mourra de son inefficacité et de l’emprise syndicale si elle ne se réforme pas très vite.
Sources :
https://www.lemonde.fr/economie/article/2020/05/05/coronavirus-la-poste-defaillante-pendant-le-confinement-doit-faire-face-aux-critiques_6038655_3234.html
http://www.cgt-postaux.fr/
https://www.lefigaro.fr/social/la-poste-une-prime-versee-aux-salaries-ayant-travaille-pendant-le-confinement-passe-mal-20200618
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problèmes postaux
Ma mère est morte récemment: j'ai du envoyer quelques lettres recommandées (A.R.). Plusieurs ne sont jamais arrivées. L'une a été complètement perdue, jamais distribuée.Au bout d'un certain temps d'attente et de déboires, j'ai eu au tel un de vos collègues, qui, s'étant renseigné, m'a dit, avec le ton de la sincérité: c'est vrai votre lettre a été perdue, je vous fait parvenir un chèque de dédommagement, 16 €. Ben je remercie quand même… quand je reçois le chèque de la BP de 16 €, je l'envoie au crédit agricole pour encaissement. La caissière me téléphone en me disant: vous avez vu le chèque que vous m'avez joint ? non, qu'y a-t-il ? c'est une photocopie! j'ai été obligé d'incriminer le personnel de la poste, qui avait eu l'audace de me dédommager ainsi! n'est-ce pas une honte ?