Au ministère de la Culture, on souffle : le projet de budget pour 2025 prévoit 4,5 milliards d’euros (Md€) de crédits (contre 4,6 Md€ en 2024). On espère même un peu plus, grâce au débat parlementaire, pour préserver les fonds consacrés aux monuments historiques (qui baissent de 15 M€) et augmenter ceux des musées. Car de grands travaux sont programmés : rénovation du Musée d’Orsay, de la Cité des sciences et de l’Industrie, du Centre Pompidou, de la cathédrale Saint-Pierre et Saint-Paul de Nantes, restauration du château de Gaillon en Normandie, mise aux normes du Palais de la Cité, augmentation des capacités de stockage du site des Archives nationales de Pierrefitte-sur-Seine, etc. A cela, il convient d’ajouter les grands projets du président de la République : musée sur Notre-Dame de Paris, maison du dessin de presse à Paris, musée du terrorisme à Suresnes !
Pourtant, il serait également judicieux de s’attaquer au budget de la culture pour réduire les dépenses publiques. C’est ce que suggère Fabrice Raffin, maître de conférence à l’université de Picardie Jules Verne (Amiens).
Raffin montre que dépenses publiques en faveur de la culture se montent, au minimum, à 25 Md€. Au budget du ministère de la Culture, il convient, en effet, d’ajouter les dépenses des autres ministères qui s’élevaient à 4,8 Md€ en 2023. L’Éducation nationale, par exemple, dépenses 2,9 Md€ pour rémunérer les professeurs d’art, les délégués académiques à l’action culturelle et les agents de la mission des archives. Le ministère des Armées a, quant à lui, la tutelle du musée de la Marine et de celui de l’Air et de l’Espace. Ainsi, quand on fait le compte de toutes les dépenses ministérielles en faveur de la culture, on constate qu’elles ont augmenté de 18% en 5 ans, passant de 8 Md€ en 2019 à 9,4 Md€ en 2023.
Par ailleurs, selon l’Observatoire des politiques culturelles (OPC), les dépenses des collectivités territoriales pour ce que l’on appelle parfois abusivement « la culture » se sont élevées à 10,3 Md€. Si, comme le suggère Fabrice Raffin, nous ajoutons le budget de l’audiovisuel public (4 Md€) et d’autres dépenses (fiscales, loto du patrimoine, etc.), nous tournons autour de 25 Md€.
Comme l’écrit Raffin : « Au moment où des choix budgétaires semblent nécessaires, les arbitrages passeraient-ils par une analyse plus précise de la réalité des dépenses culturelles ? Un véritable débat sur les contenus des politiques culturelles et les attentes des Français serait-il également nécessaire ? ».
Bonnes questions, en effet. Il serait étonnant que quelques milliards d’euros d’économies ne puissent pas être trouvés dans ces dépenses. Outre l’audiovisuel, nous pensons au passe culture, au spectacle vivant, au cinéma, voire au ministère de la Culture lui-même !