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Quelle est la couleur politique du cabinet de Michel Barnier ?

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Nous avons l’année dernière montré combien Emmanuel Macron était entouré de socialistes bon teint. Qu’en est-il du cabinet du nouveau Premier ministre ? Est-il composé de collaborateurs de droite ou est-il imprégné de macronistes ?

Quel est le pedigree des principaux collaborateurs du Premier ministre Michel Barnier ? A tout seigneur tout honneur, commençons par le directeur de cabinet, Jérôme Fournel. C’est un énarque comme il se doit, affecté à l’administration des finances, passé par des cabinets ministériels sous Sarkozy (à l’Éducation nationale avec Luc Ferry, et à Matignon avec Jean-Pierre Raffarin puis Dominique de Villepin). Il reprend du service en cabinet avec l’arrivée de Macron au pouvoir auprès de ministres transfuges de la droite (Darmanin et Le Maire). Il est donc Macron-compatible. Est-ce le cas des autres membres du cabinet ?

Des collaborateurs qui ont servi la macronie…

Fournel est entouré de deux directeurs adjoints. L’un deux est Jérôme Marchand-Arvier, un énarque qui vient du Conseil d’État. Il est passé par le cabinet de Xavier Bertrand entre 2010 et 2012 puis, après un séjour à l’AP-HP, il est devenu directeur du cabinet d’Olivier Véran pendant la pandémie de covid (2020-2022). Depuis décembre 2023, il était délégué général à l’emploi et à la formation professionnelle (nommé par Macron et son ministre Dussopt).

Le chef de cabinet est Baptiste Rolland, un saint-cyrien reconverti dans la préfectorale après avoir servi une dizaine d’années dans la Légion étrangère. Il est passé par le cabinet de Florence Parly, ministre des Armées de 2017 à 2022. Autre ancien du cabinet de Parly, François Bolard a été nommé chef du pôle budget et comptes publics.

Parmi les autres collaborateurs d’importance qui ont servi les différents gouvernements d’Emmanuel Macron, nous pouvons citer Simon Chassard, un énarque qui fréquente les cabinets ministériels depuis 2022 et qui a été nommé par Barnier chef du pôle territoires de son cabinet. Il y a aussi Paul Teboul, chef du pôle économie, finances, industrie et entreprises. Il occupait la même fonction auprès d’Elisabeth Borne et de Gabriel Attal. Cédric Arcos est également un ancien du cabinet de la Première ministre Elisabeth Borne. Il est, par ailleurs, passé chez Frédéric Valletoux, ministre délégué à la Santé et à la Prévention de Gabriel Attal. Auparavant, il a été directeur général adjoint du conseil régional d’Île-de-France. Le chef du pôle parlementaire est Matthieu Labbé, un ancien collaborateur de Franck Riester dans ses deux postes successifs dans le gouvernement Castex (Commerce extérieur et Relations avec le Parlement). Enfin, un des chefs de cabinet adjoint est Robin Emschwiller. Il a travaillé auprès de Barnier à Bruxelles en 2021 et 2022. Il était, depuis un an, collaborateur du groupe Renaissance de l’Assemblée nationale.

… mais aussi des anciens de cabinets de droite

Michel Barnier a fait appel à de nombreux fidèles. Outre Emschwiller et Chassard cités plus haut, il y a Isabelle Misrachi qui travaille avec lui depuis 1999. Il l’a convaincue de quitter son statut de retraitée (depuis juin) pour rejoindre Matignon. C’est sa femme de confiance. Elle est l’une des trois chefs adjoints de cabinet.

Valérie Bros, elle, est directrice adjointe du cabinet (aux côtés de Marchand-Arvier). Énarque, elle a déjà travaillé avec Barnier mais aussi auprès de Francis Mer quand ils étaient tous deux ministres de Jacques Chirac. Elle a pantouflé à Enedis et EDF avant de rejoindre le secteur privé en 2019 (Plastic Omnium devenu OPMobility).

Autre ancien collaborateur de Barnier, quand il était ministre des Affaires étrangères (mais aussi de son successeur Philippe Douste-Blazy), Arnaud Danjean. Cet ancien député européen a été nommé conseiller spécial. Enfin, citons Olivier Bouet, chef du pôle transformation de l’action publique. Il a travaillé pour Barnier (au ministère de l’Agriculture), mais aussi pour les ministres Valérie Létard et Eric Woerth. Il était depuis 6 ans dans le cabinet EY.

Michel Cadot, conseiller, est issu de la préfectorale. Il a collaboré avec Barnier, mais aussi avec les anciens ministres Raymond-Max Aubert, Dominique Bussereau et Michèle Alliot-Marie. Il a également été au cabinet du Premier ministre Dominique de Villepin. Tout récemment, il était délégué interministériel aux JOP de Paris 2024, après avoir été préfet de police de Paris, puis préfet de la région Ile-de-France.

Ensuite, il a quelques anciens collaborateurs d’élus de droite comme Antoine Lévêque, conseiller stratégie et presse, précédemment employé par le parti Les Républicains et Jean-François Copé. Il a fait l’essentiel de sa carrière dans des sociétés de communication, lobbying et affaires publiques. Caroline Ferrari, cheffe du pôle diplomatique, une énarque qui a fait toute sa carrière au ministère des Affaires étrangères, a collaboré avec Claudie Haigneré, ex-ministre déléguée aux Affaires européennes. Simon Babre est chef du pôle sécurité, justice et immigration. C’est un énarque, issu de l’inspection générale de l’administration, de la préfectorale et du ministère de l’Intérieur. Il a officié à la présidence de la République comme chef de cabinet adjoint de Nicolas Sarkozy. Autre ancien conseiller de Sarkozy, Paul Bazin. Nommé chef du pôle travail, emploi, insertion et retraites, il était directeur général délégué de France Travail depuis février 2024.

Citons enfin François Cornut-Gentile, longtemps député de la Haute-Marne et maire de Saint-Dizier, successivement RPR, UMP et LR, qui a été nommé chef du pôle défense.

Un cabinet surtout pléthorique

Si nous comptons bien, nous avons donc 8 personnes parmi les collaborateurs principaux de Michel Barnier qui ont assisté, ces dernières années, des ministres d’Emmanuel Macron, et 11 qui sont plutôt étiquetés à droite.

Cinq autres collaborateurs n’ont pas d’attaches partisanes franches : Lucile Waquet-Airy, conseillère technique auprès des directeurs, vient de l’Inspection des finances et du conseil régional d’Ile-de-France ; Vincent Le Biez, chef du pôle environnement, est un spécialiste du nucléaire ; Richard Laganier, chef du pôle éducation, enseignement supérieur, jeunesse et sports, est un universitaire, ancien président d’universités et recteur ; Nicolas Vanbremeersch, chef du pôle médias, opinion et communication, est un entrepreneur, fondateur de l’agence de communication Spintank ; et Marie Conciatori, cheffe adjointe de cabinet, vient de la préfecture du Morbihan (comme Baptiste Rolland).

Voilà donc pour les 24 principaux collaborateurs du Premier ministre. Mais ce n’est ici que la partie émergée de l’iceberg. Car, à ce jour, Michel Barnier emploie 61 collaborateurs directs dans son cabinet (nous n’évoquons pas les fonctions supports). C’est comme si l’hôtel Matignon abritait un gouvernement bis !

Le Premier ministre n’applique pas à son cabinet la modération qu’il impose à ses ministres. En effet, un décret publié au Journal officiel (JO) le 24 septembre 2024 limite la taille des cabinets des ministres de plein exercice à 15 membres, ceux des ministres délégués à 10 et ceux des secrétaires d’État à 7.

Cette restriction a un but avoué : baisser les dépenses. Déjà en 2017, Emmanuel Macron avait limité la taille des cabinets. De fait, en août 2017, 300 personnes seulement composaient la « garde rapprochée » des ministres (contre 563 un an auparavant sous Hollande). Las, ce régime ne résista pas au temps et au 1er août 2023, les ministres s’appuyaient sur 482 collaborateurs (+60% en 6 ans).

Si la règle est respectée par les membres du gouvernement Barnier, les ministres et secrétaires d’État devraient donc s’entourer, au maximum, de 494 collaborateurs, soit 65% de plus qu’en 2017. Nous ne voyons pas bien où se situe l’économie ! Il faut dire que le Gouvernement compte 41 membres. Si sa volonté de restreindre les dépenses publiques était réelle, Michel Barnier aurait commencé par limiter le nombre des ministres… et celui de ses collaborateurs.

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13 commentaires

Jean-Aymar de Sékonla 31 octobre 2024 - 8:43 am

Votre article a au moins un intérêt: mettre des noms sur des responsables du déclin catastrophique de la France!
… et on ose croire que ce sont eux qui vont redresser la situation ??? !

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Maellys93 3 novembre 2024 - 12:37 pm

Ce n’est pas la « couleur politique » qui est déterminante!
C’est la nature même des acteurs.
Ce sont de « hauts fonctionnaires ».
Et ils sont l’incarnation de l’esprit de caste.
Ils destinent leur loyauté avant tout à leur corps d’appartenance.
Lequel leur garantira réussite et impunité, quelle que soit leur valeur.
Et en + , ils ont un goût immodéré pour les privilèges et très souvent des comportement de seigneurs.
Nous sommes à des années lumières de la mission de veiller aux destinées de la nation et d’être fiers de la servir.
C’est trop « roturier » !!!
De gauche ou de droite ils sont sans vision, opportunistes, cyniques, arrogants, manipulateurs et mercenaires.

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Byl 31 octobre 2024 - 8:54 am

C’est quand même bien l’Enarchie qui domine dans ces emplois. Peut être même un peu politisée.
Ces personnels n’ont guère l’image de créateur de richesses. C’est quand même cela qui fait progresser le social et qui donne les moyens à la nation de pouvoir se maintenir dans la compétition mondiale.

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duriiez 31 octobre 2024 - 8:59 am

Trop de ministres génèrent beaucoup trop d’administratifs. Un mal français dont l’exemple vient du sommet de la pyramide et qui finit par coûter des sommes folles pour un rendement médiocre.

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Laurent46 31 octobre 2024 - 10:03 am

Je crains le « du en même temps » sauf pour les nouvelles taxes, charges et contraintes de toutes sortes assorties d’amendes Je crois que les Français et surtout les assistés de toute origine n’ont pas encore tous bien saisis le vrai problème qui nous tombe sur le dos avec une DETTE d’Etat abyssale qui ne cesse de gonfler et de celle des collectivités locales au moins aussi importante. Faites le compte cela devient insoluble d’autant que les imbécilités écolos refont surface de tous côtés ce qui cumulé avec les taxes va encore faire fuir le peu d’industrie qui reste en France.

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Marc2728 31 octobre 2024 - 10:04 am

Faites ce que je dis mais pas ce que je fais. C’est l’insincérité qui règne à tous les étages du mille-feuille technocratique. Comment peuvent-ils concevoir qu’in puisse leur faire confiance.

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AUDOUZE 31 octobre 2024 - 11:49 am

Alors qu’il faudrait donner un grand coup de pied dans le système qui n’arrête pas de créer des comités Théodule pour caser des copains, Barnier prend des gens du système. Il n’y aura donc aucun dégraissage d’une administration pléthorique qui coûte une fortune, comme ce qui entoure Bayrou, Jack Lang, et tous ceux qui ne servent à rien.

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Saturne 31 octobre 2024 - 12:32 pm

Entre ENAs, on se sent mieux.

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JCP 31 octobre 2024 - 2:43 pm

Barnier avait soulevé un espoir, il allait remettre les comptes en ordre, redéfinir les priorités et supprimer les gaspillages ; peu d’impôts et beaucoup d’économies. Vive la France !
Hélas, parti comme un disciple de De Gaulle, il prend plutôt le chemin de Hollande. On n’entend parler que de nouveaux impôts et nouvelles taxes et pas vraiment d’économies crédibles. Pire, il diminue – modestement – les crédits aux Ministères régaliens qui sont ceux pour lesquels les Français voudraient des résultats. Ceux qui le soutienne disent qu’il n’a pas de majorité, c’est vrai, mais il lui reste le 49-3. On verra ce qu’il en fait.
Conclusions : on retrouvera la même situation dans un an, la dette encore plus élevée bien sûr, le déficit en augmentation, la gabegie étatale et la dictature des fonctionnaires toujours florissantes, la seule différence sera les impôts qui auront encore augmenté. Et quand Barnier aura été écarté après une motion de censure, son successeur, qui aura encore moins de marge de manoeuvre, nous resservira le même scénario.
Nous sommes dans une guerre civile latente, entre les communautés, ethniques ou politiques, qui existent en France et entre ces communautés et le gouvernement et l’autorité de l’Etat. Quelle est l’étincelle qui transformera cet état de latence en une guerre réelle ?

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CLEMENT 31 octobre 2024 - 6:21 pm

La vraie question est : ces collaborateurs sauront-ils mettre au pas une administration gauchiste réticente ? Si oui, ce nombre ne me gêne pas, si non, c’est encore une dépense inutile. Mon petit doigt me dit que la rupture n’est pas pour aujourd’hui, comme nous l’avons constaté depuis plus de quarante ans (cinquante?).

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AlainD 1 novembre 2024 - 1:33 am

Le cabinet de Barnier c’est une armée mexicaine :à la pelle mécanique des directeurs, directeurs-adjoints, chefs de cabinet, chefs-adjoints, anciens collaborateurs de celui-ci ou de celle-là… Tous ces gens – surtout énarques – n’émargent pas au smic même amélioré. Il y a dans cette multitude un bon paquet de copains-copines dont un nombre non négligeable de « réchauffés ». J’ai peine à croire qu’il va sortir quelque chose de grandiose de ce machin
Nous étions en droit me semble t il de réclamer un peu plus de rigueur.

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PIOUPIOULM 1 novembre 2024 - 9:01 am

Michel Barnier aurait pu imiter le gouvernement Michel Debré :

1 femme

19 ministres

7 secrétaire d’état

Point final

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Albatros 4 novembre 2024 - 11:38 am

Tout cela est bien consanguin et décadent, mais surtout, comme bien noté dans l’article, extrêmement pléthorique. Un vrai parking à fonctionnaires qui fourmillent d’idées pour préserver le Moloch qu’est devenue notre administration obèse et inefficace.
Surtout, au contraire de nos voisins européens, notamment Allemands ou Néerlandais, une foule de gens qui ne sont pas là pour servir, mais bel et bien pour se servir.
La soupe est (encore) bonne.

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