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L’historien Marcel Gauchet critique la « démocratie des individus »

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À l’occasion de la sortie de son dernier ouvrage intitulé Le Nœud démocratique, Aux origines de la crise néolibérale (Paris, Gallimard), l’historien et sociologue Marcel Gauchet a accordé un entretien à l’hebdomadaire Marianne, que l’on trouvera dans le numéro qui vient de paraître (10-16 octobre 2024). Il y analyse notamment la place du « néolibéralisme » dans notre société (NDLR : une notion à vrai dire éminemment floue, qui veut à la fois tout et rien dire du tout…), à propos duquel il déclare de manière tout à fait étonnante : « La force du néolibéralisme, c’est de proposer un spectre extrêmement large d’options et de réunir une extrême gauche (sic), qui se veut fermement anticapitaliste, et le capitalisme, qui se veut le plus souvent libéral ». On aimerait déjà savoir qui incarnerait en France ce prétendu « néolibéralisme d’extrême gauche »… Rappelons cette évidence que l’extrême gauche est foncièrement antilibérale et anti-individualiste. Son rêve, c’est tout au contraire la société étatisée et collectivisée jusqu’à son maximum ; et sa bête noire reste la liberté individuelle, qu’elle remplacerait volontiers par la tyrannie du tout-collectif.

Marcel Gauchet a raison de dire que l’individualisme est « la mise au premier plan de l’idée des droits individuels et l’intériorisation de cette idée ». Mais il déplore un peu plus loin dans l’entretien la disparition des entités sociales (ainsi la « classe sociale ») au profit d’une « démocratie des individus », dans laquelle ceux-ci peuvent désormais s’organiser comme bon leur semble. Mais n’est-ce pas là justement ce qui contribue à la force et l’unicité de la civilisation occidentale moderne ? Car c’est seulement dans le monde libéral que l’individu peut imprimer le cours qu’il souhaite donner à sa propre existence, à travers les décisions qu’il prend et les actions qu’il entreprend. Marcel Gauchet préfère-t-il aux sociétés libérales sous-tendues par les valeurs individuelles les modes d’organisation sociale fortement hiérarchisés comme en Inde, où tout est déterminé d’avance en fonction de la caste à laquelle on appartient ?

Nous nous étonnerons également du propos suivant : « L’État de droit, dit Marcel Gauchet, c’est la démocratie dans laquelle vous pouvez rejeter la décision majoritaire si elle vous paraît empiéter sur vos droits. C’est la possibilité d’opposer toujours des droits individuels à la décision collective. C’est, au final, une démocratie antimajoritaire », chose qu’il qualifie même de « non-démocratie ». Or comme l’économiste Pascal Salin l’a souvent écrit, la démocratie peut aussi être tyrannique : ainsi lorsqu’un gouvernement élu par une majorité s’octroie tous les droits, y compris celui de bafouer sans vergogne les droits fondamentaux de l’individu. La démocratie libérale n’est évidemment pas contraire au principe de la majorité. Mais cela n’implique nullement qu’une majorité puisse faire ce qu’elle veut au motif fallacieux qu’elle exprimerait la « volonté générale ». Une démocratie libérale doit être respectueuse des minorités.

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3 commentaires

Yves Montenay 14 octobre 2024 - 10:24 am

Bien d’accord ! Je me méfie des termes qui nient les individus. Ici, « la majorité », ailleurs, « le peuple », un peu partout, « l’immigration », chez les woke, « la race », dans mon domaine de compétence, « les musulmans» …

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[Insert here] delenda est 14 octobre 2024 - 12:22 pm

Quelle nullité. Merci d’avoir pris la peine de la lire, même si personnellement je ne lirai jamais un truc qui cite le « neoliberalisme », signe ultime de vide intellectuelle.

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Jacques Huynen 22 octobre 2024 - 11:37 pm

Les Droits de l’Homme eclusivement définis comme droits de l’individu ont abouti en 50 ans – depuis le Rapport Meadow et le Club de Rome – à détruire la niche écologique de l’espèce, soit à détruire la base des Droits de l’Humanité, sauf à considérer que seuls peuvent se décorer du titre de «  »humain » ces « transhumains », ces « superhommes  » qui par leur naissance ou leur soif de pouvoir, constituent le 1% qui pourrait tenter de coloniser le système solaire au prix de la destruction de la terre et du Reste. Malheureusement pour eux les membres de ce Reste – quelque 5 milliards de primates évolués – sont mieux informés et aptes à se défendre que les Tanzaniens

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