Il n’est pas rare d’entendre les républicains conservateurs de la mouvance MAGA (Make America Great Again) flétrir le socialisme, le marxisme ou même le « communisme » de Kamala Harris. Face à de tels propos, bien des Européens ricanent ou se récrient avec force, arguant qu’il s’agirait d’une énième outrance verbale émanant du camp Trump, qui n’aurait d’autre but que de décrédibiliser son adversaire dans la course à la présidentielle. Kamala Harris n’a-t-elle pas proposé dernièrement (tout comme Trump) de défiscaliser les pourboires reçus par les employés américains ? Et n’a-t-elle pas aussi apporté son soutien à la fracturation hydraulique ? Un revirement de sa part qui, à n’en pas douter, tient bien plutôt de la tactique politicienne que d’une authentique modification des ses convictions personnelles : l’objectif inavoué ne serait-il pas pour la candidate démocrate d’augmenter ses chances de remporter notamment l’État de Pennsylvanie lors de la présidentielle de novembre, un État pivot (swing state) qui a produit en 2022 davantage de gaz de schiste que le Qatar ?
L’IREF a écrit dernièrement que la récente proposition de Kamala Harris de bloquer les prix des produits alimentaires ressortissait au socialisme. Dans la tradition du Big Government, la candidate de gauche se déclare en outre favorable à un crédit d’impôt à la naissance, et entend faciliter l’accession à la propriété ainsi que la création d’entreprises. Et à celles et ceux qui malgré cela considèreraient toujours que le positionnement politique de Kamala Harris relève simplement du centre ou du centre gauche, rappelons que celle-ci est ouvertement soutenue par… le socialiste pur jus Bernie Sanders – sorte d’équivalent américain de Jean-Luc Mélenchon. (La Fondation Jaurès avait d’ailleurs qualifié dans une note Mélenchon de « Sanders français ».) Le sénateur du Vermont a en effet récemment salué chez l’actuelle vice-présidente la « progressiste », considérant que les ajustements politiques consentis par elle s’expliquaient par « ce qu’elle pense être juste pour gagner l’élection ». Et dans un tout récent article paru dans The Guardian, il crédite d’ailleurs Kamala Harris d’avoir « promis de plafonner à 2 000 dollars le coût des médicaments délivrés sur ordonnance pour tous les Américains » et de faire construire 3 millions de logements abordables », en plus de « s’attaquer aux prix abusifs pratiqués par les entreprises » sur les produits de première nécessité.
Évidemment, pour Sanders, Kamala Harris devrait aller encore plus loin : « Je pense, a-t-il dit, que si vous faites campagne sur ces questions (NDLR : hausse du salaire minimum, hausse des impôts sur les riches, élargissement des prestations de sécurité sociale) elle va gagner, et je pense qu’elle pourrait gagner largement ». Même si elle ne le dit pas ouvertement à ce stade, c’est peut-être exactement ce que la candidate Harris ferait si elle venait à être élue présidente en novembre prochain.
