Les migrations sont essentielles à la survie de certains pays

Le Rassemblement national promet, si Jordan Bardella s’installe à Matignon, de changer du tout au tout la politique migratoire. En particulier, il a annoncé vouloir lever « toutes les restrictions administratives qui freinent les OQTF » (obligations de quitter le territoire français). Il est vrai que 90 à 95% de celles-ci ne sont pas exécutées et que les exemples abondent d’agressions ou d’attentats commis par des personnes frappées d’OQTF.

Pour autant, il semble que la promesse soit plus facile à annoncer qu’à tenir. Une des raisons principales de la non-exécution des OQTF est le refus de certains États de délivrer les laissez-passer consulaires indispensables pour les retours contraints. Des solutions ont été préconisées afin d’améliorer le taux de retour comme la restriction des visas à l’encontre des ressortissants des États récalcitrants ou la réduction des aides au développement accordées à ces pays.

La lecture de la dernière note d’information de la Banque mondiale, qui porte sur les migrations et le développement, montre l’importance économique des migrations. Nous y apprenons qu’en 2023 les migrants de toute la planète ont envoyé 656 milliards d’euros (Md€) dans leurs pays d’origine. L’Inde, le Mexique, la Chine, les Philippines et le Pakistan sont les principaux bénéficiaires de ces transferts de fonds.

Comme le dit la Banque, « l’argent que les migrants envoient dans leurs pays demeure une source essentielle de financement extérieur pour les pays en développement, car il soutient le compte courant de plusieurs pays aux prises avec l’insécurité alimentaire et les problèmes d’endettement ». Surtout, ces « envois de fonds ont excédé le montant des investissements étrangers directs et de l’aide publique au développement ».

Pour Iffath Sharif, directrice du pôle Protection sociale et emploi à la Banque mondiale, « les migrations et les envois de fonds qui en découlent sont des moteurs essentiels du développement économique et humain ». De ce fait, de « nombreux pays cherchent à organiser les migrations ». On comprend alors qu’ils ne soient pas favorables au retour de leurs ressortissants qu’ils ont, plus ou moins, contribué à envoyer chez nous.

Sans doute faut-il en finir avec l’État prodigue et mettre fin aux aides sociales – estimées à 6 ou 7 Md€ pour les étrangers réguliers – qui sont en partie transférées à l’étranger et nous appauvrissent.