Mercredi 22 novembre 2023, les députés ont examiné une proposition de loi « tendant à la réouverture des accueils physiques dans les services publics », initiée par Danièle Obono et les députés de la France insoumise (LFI).
L’argument est simple : la dématérialisation est un outil de destruction néolibérale du service public et elle élargit la fracture sociale. Il est donc indispensable de rétablir les guichets physiques qui ont été supprimés. Pour financer cette mesure, il est proposé de créer une taxe additionnelle à l’accise sur les tabacs.
Passons sur l’idée de l’augmentation des taxes sur les cigarettes qui, cela semble très clair ici, n’a aucun lien avec la réduction du tabagisme. Les fumeurs, qui étaient, il y a peu, appelés à régler le problème de la désindustrialisation, sont maintenant sollicités pour sauver les guichets de l’administration !
Cependant, il n’est pas faux de dire que certains Français, non utilisateurs des outils informatiques, peuvent avoir des problèmes avec une administration qui serait entièrement numérisée. Mais, comme nous l’avons montré, une des raisons qui expliquent l’échec de l’e-administration en France est l’absence de simplification. Les projets d’administration numérique en France consistent, pour la plupart, à mettre sur le web les formulaires papier. Au guichet ou en ligne, il y a finalement toujours autant de paperasse.
L’annonce, par le Gouvernement le 16 novembre, d’un nouveau plan de simplification va dans le bon sens. Mais il faut désormais aller plus loin : réduire la réglementation, supprimer des lois, diminuer le nombre de normes.
Pendant que nous tergiversons, le Kenya s’engage dans la voie du « zéro papier ». Depuis cet été, les Kenyans peuvent télécharger une application gouvernementale qui leur permet d’accéder à 5 000 services publics, directement depuis leurs smartphones. Ces services sont également disponibles sur un portail gouvernemental. Le gouvernement a aussi annoncé la création d’une carte nationale d’identité dématérialisée et disponible sur téléphone mobile.
En quelques années seulement, le Kenya est devenu le « hub est-africain » de l’innovation numérique. Il est, en quelque sorte, l’Estonie de l’Afrique. Le pays entend mettre en place un « gouvernement sans papier » et espère améliorer les services publics par la construction d’une autoroute numérique d’ici 2027.
Et si Elisabeth Borne faisait entrer quelques Kenyans dans son administration ?
3 commentaires
5000 services publics… ça c’est une belle simplification…
Un jour, pour régler un problème, j’ai du prendre un rendez vous avec l’administration. Après avoir attendu dans la salle commune, j’entrais et, ayant exprimé ma demande, la personne en face de moi me tendit un formulaire à remplir … et à renvoyer. Ce formulaire aurait du m’être envoyé, le remplir sur place aurait déjà simplifié la chose , mais non! je devais le renvoyer!!!
Voila comment on vous fait perdre une demi journée de congés pour justifier l’emploi d’un fonctionnaire.
Les fonctionnaires vivent dans un monde à part, particulièrement l’administration fiscale. Les citoyens n’ont qu’à faire ce qu’on leur dit, ces gens là se voient comme le centre du monde. Dans certains bureaux, quand vous posez une question au personnel d’accueil, ce dernier transmet et soudain un de ceux qui ont la science vous crie sa réponse à travers le local sans même prendre la peine de se déranger. Bel exemple de service public !!!