Plein de raisons pour qu’Alexis Jenni, écrivain et enseignant lyonnais, soit inspiré par Fridtjof Nansen ! Ce norvégien de la fin du XIXème n’est-il pas un parfait héros initiatique qui, en faisant l’expérience de la liberté, fit preuve de dépassement de soi et d’humanisme ? Biologiste passionné de ski comme son biographe originaire du Bugey, Nansen a vite fait de trouver sa véritable vocation : traverser le Groenland et pourquoi pas atteindre un jour le Pôle Nord ? Alors A. Jenni se lance dans un magnifique récit très documenté, où, pour survivre aux explorations du Grand Nord, il faut se vêtir de peaux de bêtes, se nourrir de graisse et de sang de phoques, savoir se laisser dériver sur les banquises à plus de 3000 mètres d’altitude et par – 40 °, non pas sur un bateau de bois mais dans une coque de toile graissée.
Heureusement, A. Jenni ajoute, à cette prison de nuits permanentes, des touches dignes d’un grand peintre, le rose boréal, le blanc de la glace, sans oublier les traces de sang de carnivores, unique gibier de ces espaces lointains. Peu importe les motifs psychologiques qui font avancer Nansen ! La survie, la célébrité, la fuite d’une vie trop monotone, une nostalgie toute scandinave ? L’important c’est le résultat, la découverte du prix de l’existence, la reconnaissance de la dignité humaine qui fera de Nansen non seulement le chantre de l’indépendance norvégienne, mais surtout de la Société des Nations, concrétisée par le célèbre « passeport Nansen » qui restera « lépapié « , oh combien précieux !, de milliers de familles apatrides de toutes origines. Une seule ombre au tableau : la mort de son épouse de l’avoir trop attendu… Un livre magnifique comme sait le faire Alexis Jenni.
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