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ChatGPT ne sait pas quel sera l’effet de l’IA sur l’emploi

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L’arrivée fulgurante de l’intelligence artificielle va-t-elle transformer radicalement le monde ? Beaucoup le craignent et s’inquiètent notamment de la disparition de nombre d’emplois. Déjà l’IA se trompe beaucoup moins souvent sur ses diagnostics médicaux que les médecins, notamment dans l’analyse de l’imagerie médicale. Elle livre en un instant des données que des avocats mettaient des jours à réunir… Dans les domaines techniques et industriels, il est évident que de nombreuses opérations seront réalisées par l’IA. Pour autant, l’IA est-elle aussi inquiétante que certains le prédisent, notamment pour l’emploi ? Je lui ai posé la question.

Question posée à ChatGPT

Peut-on prévoir combien d’emplois l’intelligence artificielle supprimera dans le monde?

Réponse de ChatGPT

« Prédire avec précision le nombre d’emplois que l’intelligence artificielle (IA) supprimera dans le monde est extrêmement difficile. L’impact de l’IA sur l’emploi dépend de nombreux facteurs complexes, tels que l’adoption de l’IA dans différents secteurs, les avancées technologiques, les politiques gouvernementales, les adaptations des entreprises et la manière dont les travailleurs s’adaptent aux changements.

Certaines études et rapports ont tenté d’estimer l’impact de l’IA sur l’emploi, mais il existe des divergences importantes dans les prévisions. Par exemple, une étude menée par McKinsey Global Institute en 2017 a suggéré que jusqu’à 800 millions d’emplois pourraient être automatisés d’ici 2030, tandis que d’autres études prédisent des chiffres beaucoup plus faibles.

Il est important de noter que bien que l’IA puisse automatiser certaines tâches, elle peut également créer de nouveaux emplois en introduisant de nouvelles opportunités économiques et en stimulant l’innovation. Dans de nombreux cas, l’IA est utilisée comme un outil d’amélioration des performances plutôt que comme un remplacement complet des travailleurs humains.

Il est essentiel que les gouvernements, les entreprises et la société dans son ensemble travaillent ensemble pour anticiper les changements induits par l’IA et pour mettre en place des mesures telles que la formation continue, la reconversion professionnelle et la création de nouvelles opportunités d’emploi. De cette manière, il est possible de minimiser les perturbations potentielles sur le marché du travail et de favoriser une transition plus fluide vers un avenir où l’IA joue un rôle croissant ».

ChatGPT ne sait pas tout

Curieusement, sa réponse, banale, à ma question est bien mince par rapport, par exemple à ce qu’en disait Les Echos dans un article du 24 mai 2023 en observant que selon Goldman Sachs 300 millions d’emplois étaient menacés tandis que le World Economic Forum les estimaient à 26 millions. « OpenAI, la société qui a développé Chat GPT, s’est livrée à une enquête approfondie et en déduit que 80 % des jobs, aux Etats-Unis, pourraient voir au moins 10 % de leurs tâches transférées à des IA, tandis que 19 % des travailleurs se verraient dérober au moins la moitié de leurs missions par des robots ». Pour sa part, une récente étude de l’université de Stanford et du MIT « a estimé, quant à elle, que l’IA allait augmenter la productivité des travailleurs de 14 % en moyenne ». En aussi peu de mots le journaliste Gabriel Grésillon était plus précis et plus complet que ChatGPT.

L’emploi bouleversé et amélioré

Bien sûr de nombreux métiers seront affectés. Des traducteurs disparaitront, mais chacun pourra comprendre aisément la langue de l’autre par une traduction simultanée et presque impeccable au travers de l’oreillette de son smartphone tendu à son interlocuteur. Comme les marchands de chandelles de Bastiat ont disparu au profit des centrales électriques.

Déjà la découverte du feu, celle de l’alphabet, de la machine à tisser, celle de l’électricité puis de l’ordinateur… ont changé le monde qui chaque fois s’est adapté et a progressé. C’est vrai que l’IA est un outil qui cette fois rendra beaucoup plus rapides et plus intenses les  transformations qu’il va provoquer. Mais elle reste une innovation de rupture comme il y en a déjà eu tant. Avec la première imprimerie, Gutenberg a produit en trois ans, de 1552 à 1555, 180 bibles quand un moine mettait un an à en copier une. Et aujourd’hui, on peut en produire des milliers par jour dans une imprimerie moderne. Chaque fois ces innovations ont créé des perturbations, notamment du marché de l’emploi, mais elles ont permis à terme la création de nouveaux emplois inimaginables avant elles et elles ont amélioré, dans le temps, les conditions de l’emploi, permis la réduction du temps de travail et augmenté le pouvoir d’achat.

Déjà de grandes entreprises comme British Telecom ou IBM réduisent l’emploi pour tenir compte des économies de temps de travail permises par l’IA. Mais l’IA n’est pas parfaite. Les Echos cite encore une étude récente de l’université de Hong Kong selon laquelle 63% seulement des affirmations générées par ChatGPT se sont avérées. L’IA s’améliorera mais elle restera le fruit des données dont elle sera alimentée. Luc Julia, co-créateur de Siri, a été jusqu’à titrer son livre sur l’IA : L’intelligence artificielle n’existe pas (First Editions, janvier 2019). Il préfère parler d’Intelligence Augmentée. L’IA n’aura pas d’esprit critique. Elle sera capable de multiplier les combinaisons plus rapidement que l’homme, mais sans l’intelligence créatrice de l’homme. Elle n’a pas d’intuition, pas d’idées originales. Elle ignore les émotions, sauf à les simuler, elle méconnaît la souffrance, la mort et donc l’inquiétude métaphysique dont la civilisation humaine est aussi le produit.

Mais l’IA apportera sans doute de nouveaux moyens, très performants, au service de la recherche dans tous les domaines, pour réduire les risques dans les usines, pour faciliter le travail, le rendre plus sûr, plus efficace, plus rapide. Elle permettra de réduire le temps de travail humain et d’augmenter la productivité, donc la richesse de tous. A condition bien sûr de savoir se prémunir des mauvaises utilisations qu’elle peut déjà favoriser : fakes news, images tronquées, arnaques financières… Comme l’atome, il s’agit d’une innovation considérable qui peut produire autant de bien que de mal. A nous de choisir le bien et de veiller à ce que nos choix soient préservés.

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10 commentaires

Patrice 29 mai 2023 - 7:07

Comme d’habitude, Maître Delsol nous livre une réflexion pleine d’humanisme, de bon sens et de progressisme véritable (foi dans le progrès).
Juste une petite remarque historique : Gutenberg n’a pas imprimé de bible entre 1552 et 1555, mais un siècle plus tôt

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GALIANA-MINGOT 29 mai 2023 - 7:12

Je ne partage pas tellement votre optimisme. D’abord, la réponse de ChatGPT me paraît très pertinente. Qualitativement, elle présente très bien tous les aspects importants du problème posé. Quantitativement, sur les pertes d’emplois, elle ne présente rien, mais que valent les chiffres que vous présentez ? Au stade actuel, faut-il citer des études aussi disparates dans leurs résultats ?
Par ailleurs et surtout, je vois un impact sur l’emploi bien plus élevé que vous le dites. J’ai dirigé des entreprises de plusieurs milliers de personnes et je crains vraiment qu’une part très importante des emplois peu qualifiés disparaisse. Le remplacement risque d’être beaucoup trop rapide pour que la population de la prochaine génération s’y adapte (cela rend dangereuse la comparaison avec la mécanisation ou la robotisation, voire la numérisation).
Enfin, ayant travaillé à l’international, je crains beaucoup pour la France. Sachant les boulets financiers et psychologiques que représentent notre taux de charges sociales et nos 4 000 pages de droit du travail savamment écrites pour défendre les employés contre les employeurs, je constate que, plus que partout ailleurs, les patrons français ont l’obsession de réduire leur masse salariale. Malheureusement, ils seront probablement des pionniers dans l’usage de l’AI.
Je termine par un grand merci pour la qualité de votre travail à l’IREF et pour vos écrits.
MGM.

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Jean-françois KOKEL 5 juin 2023 - 3:42

Chatgpt, qui synthétise des réponses à des questions en s’appuyant sur de gigantesques bases de données alimentées par ailleurs, nous confronte selon moi à un problème nouveau: qui (ou quoi) va être à l’origine des données qui seront le « carburant » de cette intelligence?
Rien n’interdirait -à moins d’une surveillance accrue et d’une censure selon des regles qui restent à etablir/ inventer – qu’une organisation malintentionnée vienne « saturer » l’espace médiatique d’informations biaisées, orientées, dans le but de promouvoir une vision du monde ou une idéologie perverties (on songe à une réécriture de l’histoire venant justifier certaines actions violentes), ou bien de provoquer mécaniquement des décisions oinadequates (on songe à de fausses informations boursières venant précipiter des catastrophes economiques).

Peut-être n’ai je pas compris le fonctionnement de ce moteur?
Mes interrogations sont-elles pertinentes?

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QUIOC Laurent 29 mai 2023 - 7:47

A propos de la Bible on peut se demander si sa production industrielle n’a pas provoqué la réforme car jusque la l’accès au texte sacré le limitait au clergé qui du coup s’en appropriait l’interprétation exclusive et le diffusait par voie orale

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Christian ROLLMANN 29 mai 2023 - 8:00

Mon cher Confrère, Merci pour cette rédaction intéressante. Avec sa richesse de la langue française vous prouvez la différence entre production vivante et production morte. En effet, deux points me semblent importants. Le premier, l’IA s’arrête dès que son producteur individuel décède, à moins de la continuation de son travail par ses successeurs. Une évolution contraire, marquera la fin économique d’une bonne partie des professionnels individuels. Le deuxième, aujourd’hui la TVA, mais surtout l’imposition du travail humain forment les piliers des recettes du Budget public. En sera-t-il de même en cas de perte significative d’emplois polyvalents de difficulté moyenne ou de professions libérales ? Je le doute ! Christian ROLLMANN, Avocat au Barreau de Luxembourg – Fiscaliste.

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GONDOUI 29 mai 2023 - 8:17

Lisez le livre du philosophe Eric Sadin et vous aurez des réponses à vos interrogations bien sincèrement

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Oncpicsou 29 mai 2023 - 8:55

Comme toute avancée technologique certains domaines seront bénéficiaires.
MAIS j’en vois déjà qui ont les yeux qui brillent, se sont les promoteurs de « LA PENSÉE UNIQUE » et du « PRÊT A PENSER » !

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Michel 29 mai 2023 - 9:38

Je partage tout à fait cette analyse. Nous avons tort d’appeler cette évolution technologie « une intelligence ». Il s’agit, en fait d’un nouvel outil dont se dote l’homme pour augmenter les capacités de ses sens. L’exemple de la médecine est symptomatique: l’IA améliore le diagnostic en utilisant l’auto-corellation, ou techniques similaires, en repérant des signaux dans des images diffuses, où l’homme ne les distingue que difficilement. Il n’empêche que la recherche devra poursuivre ses investigation pour alimenter la base de données, de façon à ne pas arrêter la science où elle en est actuellement. Il est donc faux de dire que l’IA remplacera les médecins.
Quant aux conséquences sur l’emploi, certes l’adaptation peut prendre un peu de temps pour que l’éducation, l’enseignement, la formation continue, s’ajustent pour introduire cette technologie, mais il en sera de même que pour toutes les évolutions technologiques. Il est à remarquer que, malgré l’évolution démographique exponentielle, le taux de l’emploi moyen mondial soit plutôt en croissance, et ceci malgré les évolutions technologiques qui ont toutes pour résultat de « supprimer des emplois ».

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CLEMENT 29 mai 2023 - 10:58

Je crois que nous n’avons encore rien vu… Mais la vraie question est : peut-on arrêter le « progrès » ? Ce qui est certain, c’est que nous allons entrer dans un nouveau monde ! For sure.

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evguenie sokolof 1 juillet 2023 - 5:18

Mr Delsol n’a pas de raison d’être inquiet.Quand j’interroge Chat GPT sur une question de procédure pénale , il me conseille de m’adresser à un avocat, comme le font tous les avocats en mal de pepettes qui grafouilent sur le net! Eh! quand on est passé de 29 ooo avocats à 68 000 en 20 ans faut être le premier à la soupe.Comme quoi on peut bien dresser le chienchien.Il faut que j’insiste auprès de Chat Gpt pour qu’il me trouve une réponse juridique et pas mercantile…
Tout cela pour dire que si l’IA peut flinguer des professions parasitaires qui telles des tiques s’alimentent sur la bête qui nourrit l’humanité, bravo.Qu’on y réfléchisse! le panier de la ménagere c’est, pour les deux tiers de l’alimentation, du logement, des transport et de l’énergie….Or tout cela est produit par 20% de la population active.Sachant que les exportations sont composées ellesd aussi de biens et non de services, à quoi servent les activités diverses et variées de conseils, de comptabilité sans parler des intermittents du spectacle. Je le répète, si l’IA peut nous débarasser de toutes ces activités dont l’usage est souvent imposé par la réglementation, le porte monnaie du pauvre sera préservé

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