M. Thierry Breton, commissaire européen, a comme modèle l’ancien ministre Jean-Pierre Chevènement. Lorsque ce dernier était ministre de la Recherche et de l’Industrie sous la présidence de François Mitterrand, au début des années 1980, il avait décidé d’interdire l’importation de magnétoscopes japonais afin de protéger et d’encourager la fabrication française de ce type d’appareil. Le résultat est connu : le protectionnisme n’a pas donné naissance au parfait magnétoscope made in France et le marché intérieur a été inondé d’autres produits de ce genre fabriqués en Corée du Sud ou aux Etats-Unis. Thierry Breton veut faire la même chose avec l’Intelligence artificielle. Lors d’une interview accordée à la radio France Inter, il s’en est vanté : « Nous sommes le premier continent à avoir bâti une réglementation pour l’intelligence artificielle. » Ce que M. Breton ne comprend pas (ou ne veut pas comprendre) c’est que les pays qui sont en avance dans ce domaine – les Etats-Unis et la Chine – se frottent les mains. Les réglementations retarderont encore plus la recherche sur l’IA dans les pays européens. Forcément, les autres en profiteront. Regarder attentivement l’évolution de l’IA, se méfier de ses éventuelles dérives, bien sûr, mais à condition que cela n’entrave pas la recherche. Réglementer c’est aller beaucoup plus loin et comme on sait très bien que la réglementation est dans l’ADN des décideurs français, on craint le pire.
M. Breton aurait pu d’abord prendre acte du retard pris par l’Europe dans ce domaine. Ensuite, l’idéal aurait été de faire des propositions afin d’encourager l’innovation et les travaux sur l’IA. Pas en accordant des subventions publiques mais en facilitant le terrain aux chercheurs européens. Notre continent a la chance d’avoir d’extraordinaires ressources intellectuelles. Or, de très nombreux innovateurs et entrepreneurs préfèrent s’exiler aux Etats-Unis où ils trouveront de bien meilleures conditions de travail et des salaires beaucoup plus élevés. Le commissaire européen a sûrement eu connaissance du témoignage de Stéphane Bancel, le fondateur de Moderna, qui a préféré cette option. M. Breton pourra peut-être un jour se vanter d’avoir réglementé l’IA. Ne serait-il pas préférable, pour sa gloire future, qu’il s’applique à en faire un des fleurons de l’Europe ?
2 commentaires
Souvenons nous de la même démarche entre les normes PAL et SECAM pour les téléviseurs couleurs. On a tellement voulu protéger les fabricants français de téléviseurs qu’il n’en existe plus un seul. Il en est de même pour tout ce qui concerne la recherche sur les OGM.
Réglementons et disparaissons. La réflexion en cours sur la fin de vie et le suicide assisté prend tout son sens.
Pauvre Europe ! Les experts qui se sont penchés sur les règles européennes concernant l’IA se sont demandés dans quel monde ces technocrates vivaient ! En tout cas, nous pouvons affirmer qu’aucun d’eux ne comprend cette nouvelle technologie. Pour ma part, j’ai refusé d’échanger avec des ignares qui me font perdre mon temps. Bref, une fois de plus l’Europe non seulement ne sert à rien mais, bien au contraire, sabote la recherche. Je me demande si derrière cette incompétence il n’y avait pas une réelle volonté de faire partir nos chercheurs aux US ? En fait, cette question n’est plus une question, elle est devenue pour moi une certitude. L’Europe s’est vendue aux ricains qui ont de plus en plus de mal à suivre les chinois et les indiens.
Ceux qui nous vantent l’Europe sont les complices de cette stratégie mortifère pour l’Europe.