Une des tristes preuves de la culture anti-capitaliste dominante en France, est le renoncement des partis politiques, même ceux dits « de droite », à défendre les vertus de l’investissement en bourse.
Ceux qui placent en actions une partie de l’argent qu’ils ont gagné en travaillant sont rarement, dans la presse écrite ou audiovisuelle, qualifiés « d’épargnants » ou d’ »investisseurs ». On les raille plutôt, les traitant de « boursicoteurs ». Ils ne « placent » pas leurs économies, ils « spéculent ». Ils ne créent pas de richesse, mais volent le peuple.
À ce crime s’ajoute depuis quelques années, pour faire meilleure mesure, la responsabilité supposée de ces investisseurs dans le dérèglement climatique, les inégalités de toutes sortes, l’exploitation des enfants, la persécution des homosexuels, en passant par la discrimination des femmes et transgenres.
La notion de « capital », comme source de création des entreprises qui innovent, répondent à des besoins réels, emploient des millions de personnes, font grimper leur niveau de vie, et propulsent l’ascenseur social, n’est pas enseignée dans les écoles publiques de France. Le « capital » pour les jeunes Français, c’est la somme fixe de richesse accaparée par des bourgeois pour maintenir les pauvres dans le dénuement et la dépendance.
On apprend aussi aux jeunes Français que celui qui veut de l’argent pour créer son entreprise doit « aller à la banque ». Or il n’y a rien de plus faux. Les banques ne financent pas la création des entreprises. Ce n’est tout simplement pas leur métier.
Pour créer une entreprise, dans un pays capitaliste, on n’emprunte pas. Les startups n’ont d’ailleurs pas de dettes. L’entrepreneur en revanche met en jeu ses économies et l’argent que d’autres ont gagné et lui apportent, pour créer une nouvelle richesse. Ces apporteurs de capital risquent comme lui de tout perdre. Si leur pari est bon, ils seront récompensés dans des proportions qui dépassent largement les rendements de prêts bancaires.
Le capital, ainsi défini, alimente la croissance des pays développés car il a trouvé un moyen démocratique de profiter au plus grand nombre, et non pas à une minorité d’initiés: il s’agit de la bourse. Cette plateforme aujourd’hui électronique est un marché où s’achètent et se vendent, dans une transparence garantie par la réglementation, des parts dans le capital de sociétés par action.
La France deux fois plus capitaliste que l’Allemagne
La bourse est tout simplement la clé de la démocratisation du capitalisme. La France est en réalité plus capitaliste que sa presse, soutenue par l’argent public, ne le fait croire. La capitalisation totale du marché boursier français fin 2021, selon le cabinet CECI, représentait 128% du produit intérieur brut, une proportion en gros deux fois plus élevée qu’en Allemagne. Au Royaume-Uni, c’est 106%. Aux États-Unis, sans surprise, surtout compte tenu de l’énorme valorisation de géants de la technologie, la proportion approchait 200% à la même époque.
Les Français devraient se réjouir de leur relative avance en matière boursière. Elle doit certes beaucoup au poids de grands groupes comme LVMH, L’Oréal et Total Energies. Mais au lieu de gloser sur la concentration de richesse, les enseignants devraient expliquer à leurs élèves que plus un marché boursier est développé, plus le coût d’accès au capital baisse, plus le nombre de gagnants au grand système capitaliste augmente, et plus il devient aisé de financer des entreprises nouvelles.
Aux États-Unis, 53% des foyers sont détenteurs d’actions, soit directement, soit par le biais de parts dans des fonds (équivalents américains de SICAV par exemple). La proportion d’actionnaires a rebondi depuis 1989, où elle était tombée à 32%.
Bien entendu les riches ont proportionnellement plus investi en actions que les moins riches. Pour autant 56% des classes moyennes américaines détiennent des actions. En France, la concentration du capital boursier est bien moins démocratique. Un retard aggravé par l’absence de grands fonds de pensions, organismes qui gèrent pour le long terme les retraites de millions d’Américains ou de Britanniques, actionnaires indirects sans le savoir.
En 2020, on comptait environ 3 millions de porteurs individuels en France mais leur nombre est en très net recul : ils étaient 7,2 millions en 1990. Ce déclin est néanmoins partiellement compensé par la hausse de l’actionnariat salarié, dont on évaluait les bénéficiaires à 3,2 millions en 2020 contre environ 1 million en 2001. Cela reste hélas inférieur aux quelque 4 millions de Français percevant le RSA (revenu de solidarité active). La dépendance à l’égard de l’État et l’inactivité seraient donc des vertus dans le « modèle français » si cher aux anti-capitalistes ? Tandis que la confiance en l’avenir des entreprises qui font travailler les Français, serait un vice ?
11 commentaires
La France est le premier pays du monde où règnent les capitalistes de connivence c »‘est-à-dire du clientélisme et du gaspillage au lieu de production de richesse
Ce commentaire est incompréhensible.
L’article est plaisant et simple à comprendre. Le commentaire de VIGNELLO me plait bien aussi. En fait, en France on est capitaliste quand on peut se permettre de graisser la patte à 4 millions de RSI sans aucune contre partie. Et ne venez pas me parler d’humanisme qu’on confond beaucoup trop souvent avec démagogisme.
Le votre est encore pire que le précédent !
La capitalisation boursière Française est importante mais elle est détenue en majorité par des investisseurs étrangers et pas Français, si bien que les français ne sont pas moins anti capitalistes qu’il n’y parait.
La situation actuelle et à venir du fait de la propagande médiatique, scolaire et universitaire reste grave.
Très bon article
lorsque les hommes politiques sont obligés de déclarer leur patrimoine on est surpris de découvrir que peu nombreux sont ceux qui détiennent des actions. Ils n’ont pas confiance dans les entreprises. Pas étonnant alors qu’ils votent des lois qui entravent la production et la compétitivité des entreprises.
Ils sont soumis à la bonne pensée de gauche qui a décrété l’entreprise et le capital mal absolu. Aussi ne veulent-ils pas posséder la moindre action. Les seuls hommes politique français courageux et responsables qui ont entrepris de développer l’actionnariat populaire ont été René Monory avec le loi du 13 juillet 1978 et Pierre Bérégovoy, créateur du PEA par la loi du 16 juillet 1992. Depuis cette date les avantages du PEA n’ont cessés d’être rognés. Il a néanmoins survécu.
Et oui, cet article est d’une triste réalité. La France est le pays le plus « socialiste » au monde (peut-être avec la Suède), en terme de redistribution du PNB…et, très curieusement, aucun politique ne le dit. Sans trop introduire de polémique, notre niveau de gueulards et d’envieux doit être être comparable à celui de notre crasse économique.
On ne saurait mieux dire.
Excellent article quand on sait de quoi on parle ..
vous avez résumé dans les 3 premiers paragraphes , l’origine des maux qui expliquent les développements qui suivent.
C’est le rapport des Français face au travail et à l’argent.
L’école de nos enfances n’ayant présenté la justification de la révolution Française que comme la révolte du peuple contre les nobles , sous-entendus ceux qui volaient l’argent des pauvres, la mentalité en est restée.
L’argent est devenu ‘sale’ depuis 1789, la mentalité a perduré dans les esprits d’une majorité.
Le simple fait de ne pas vouloir donner son salaire ou ses revenus le démontre ( si jamais je gagne plus que l’autre…)
Pourtant on pourrait éduquer nos futures élites en mettant l’économie au programmes scolaires, en expliquant ce qu’est le capitalisme, l’investissement, la prise de risque, les gains , les pertes, les bénéfices etc…
Les dettes de l’état – des entreprises, des ménages, les taux d’intérêt, le taux directeur, la politique monétaire, ou tout simplement ce qu’est la monnaie.
Mais rien !! c’est surtout pas prévu : vous imaginez que tout à cout que les français comprennent le foutoir des finances du pays et leur responsabilité liée au manque de travail.
La gauche a bien ouvrée. C’est les discours d’une Arlette Laguiller, moralisateur et rassurant des masses laborieuses et repris par tous les pouvoirs.
Pourtant c’est bien tous les communo/socialistes qui expliquent mordicus à tous, qu’à partir du moment ou t’es patron, t’es riche.
Et pourquoi pas changer de paradigme : vous imaginez le discours d’une gauche ‘progressiste’ qui inciterait tous les salariés à devenir leur propre patron , supprimer le salariat , donc la dépendance / soumission à l’employeur ( je reprend leurs termes..), devenir riche ceux qu’ils haïssent ?
Et pourquoi on n’entend jamais ce discours, ? Mais parque que ça intéresse personne pardi !
Pas les syndicat car il n’ y aurait plus de justification de leur existence, seul le code de commerce régirait les rapports entre donneur d’ordre et sous traitant. Plus de législation sur la travail, plus de discussion entre partenaires sociaux, plus de grèves, de convention collective, de négociations des salaires, etc…
Pas les partis politiques dont leur existence ne se justifie qu’à la division sociale, à la scission des opinions.
Pas les grandes entreprises , car elles seraient obligées de négocier des contrats commerciaux au juste prix des intérêts des parties, bien moins profitables que la gestion de la masse salariale.
Pas une catégorie de la population assistée qui tout à coup se voit obligée de se mettre à son compte, c’est à dire devoir se poser la question de ce que je vaux et ne plus attendre des ‘droits sociaux’.
et surtout pas l’état , cette oligarchie qui s’accapare et s’accommode du pouvoir et richesse et qui y verrait la perte de sa main mise sur le pays, sur les esprits : plus de dépendance de l’état protecteur.
Il y a donc tout intérêt à ne rien changer et maintenir ce status quo. La lutte des classes arrange tout le monde.
Il y a de moins en moins de travailleurs, la notion de travail même se perd, les conséquences sont là depuis 40 ans :
Déficit de tous les régimes sociaux , des caisses de retraites, de la sécu, augmentation exponentielle et irrémédiable des dettes des états, perte des repères sociaux, augmentation de la délinquance, discours démagogique d’un état en perdition, perte de l’identité et culture du pays.
Les auto-entrepreneurs qui se mettent à leur compte , soit par incitation mensongère de l’état pour diminuer les statiques du chômage, soit par obligation suite à perte de revenus , découvrent tout à coup les contraintes du capitalisme : gagner son argent par son travail , mettre son propre argent en jeu, trouver fidéliser des clients, investir, payer charges sociales, impôts etc…. la vraie vie quoi..
Hou-là, j’étais bien planqué avec mes droits sociaux.
Évidemment le réveil est douloureux et les dégâts proportionnels. Très peux existent encore au bout de 2 ou 3 ans.
Notre entourloupeur de service est à la manœuvre : les ‘chances’ des quartiers, la start-up nation, la silicon vallée du 9.3, le redéploiement industriel après 40 ans de désindustrialisation, qui n’embauche déjà plus.
Un catalogue de mots ineptes de communiquant qui a pour seul objectif de flatter son égo. La vérité est cruelle, sa dénégation est criminelle.
Ukraine, Laos, Sri Lanka , Liban redécouvrent le défaut de paiement. L’Italie et la France sont pendues au bon vouloir de l’ Allemagne.
On est un pays décadent et on continue avec les mêmes. Le Français à pas envie de comprendre ou savoir, tant que ça le concerne pas directement.
Préparez-vous , rien n’est éternel : le déclencheur sera la guerre et le défaut de paiement dans l’ordre que vous voulez