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La France et la vulnérabilité de ses importations

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L’année 2020 a brutalement fait ressortir le problème de la vulnérabilité de la France et d’autres pays européens en matière d’importation de produits médicaux. Obligés par exemple d’aller quémander des masques en Chine, au détriment même des autres pays de l’Union, nous nous sommes réveillés de notre léthargie et la sécurisation de nos approvisionnements a été remise à l’agenda politique.

L’internationalisation de l’économie de la France

La France, comme l’ensemble des pays développés, s’est largement insérée dans les chaînes de valeurs mondiales qui se sont traduites par un gain de compétitivité pour les entreprises. Délaissant la production d’objets de masse, les pays développés se sont concentrés sur les activités à forte valeur ajoutée telles que la recherche et le développement (R&D), la conception, la production d’objets complexes possédant une valeur marchande supérieure (secteur du luxe en France, voitures haut de gamme en Allemagne).

De fait, la part des intrants étrangers dans la production industrielle a augmenté de 29 à 39% en France ces 20 dernières années. Le secteur le plus dépendant est celui de l’énergie où la part de produits étrangers est de 80%, notamment à cause des importations de pétrole et de gaz, suivi de l’industrie textile, qui connaît la plus forte hausse de sa dépendance pendant cette période (de 24 à 60%). L’industrie agro-alimentaire, pilier historique du secteur secondaire de notre vieille nation paysanne, demeure, elle, très largement autosuffisante, avec un taux de dépendance d’environ 15%.

Cette augmentation de la dépendance a généré des délocalisations qui ont entraîné des pertes d’emplois industriels et ont augmenté le risque que soient perturbés les approvisionnements de notre pays depuis l’étranger. En 2019, la France est plus dépendante aux intrants étrangers que l’Italie ou l’Espagne, mais moins que l’Allemagne, la Pologne ou les Pays-Bas. Comme le montre le graphique suivant, la majeure partie des intrants étrangers provient de l’Union à 27 :

Les intrants venant de Chine demeurent minoritaires et ne concernent qu’entre 1,4 et 2% de la part utilisée dans la production industrielle des pays européens, à l’exception des Pays-Bas (4,7%).

Principaux secteurs concernés et pistes de réflexion

Il est possible de définir la vulnérabilité d’un produit fabriqué dans un pays par deux critères : la concentration de ses importations sur un nombre limité de pays tiers non européens et le faible potentiel de diversification des pays fournisseurs. Pour la France, 121 produits importés sur plus de 5 000 peuvent être déclarés vulnérables, soit 1% des importations en valeur, ce qui semble peu.

Mais ceux-ci touchent beaucoup de domaines stratégiques : produits chimiques et pharmaceutiques dont certains antibiotiques, terres rares, biens d’équipement comme des accumulateurs ou des machines-outils. La Chine (28 produits sur 121), les États-Unis et la Suisse sont les plus importants fournisseurs de ce type de produits.

Nos voisins européens sont plus exposés que nous, notamment dans les secteurs de l’agro-alimentaire, de la chimie et des produits pharmaceutiques. L’Italie est vulnérable surtout dans le textile, l’Espagne dans la métallurgie et les matériaux de construction. Tous les pays d’Europe de l’ouest le sont quand il s’agit de phosphore et de dérivés du magnésium.

Au niveau de l’Union européenne, ce ne sont pas moins de 7% des importations qui sont fortement dépendantes, dont 40% proviennent de Chine : ordinateurs portables, antibiotiques, terres rares, dérivés du magnésium…

La crise du Covid-19 a mis en lumière les faiblesses que pouvait entraîner pour un pays son insertion dans les chaînes de valeurs internationales et sa moindre résistance aux chocs externes, une épidémie, une crise politique ou un mouvement protectionniste.

Des solutions existent à tous les niveaux : les entreprises doivent diversifier leurs fournisseurs et les pouvoirs publics peuvent les y aider, via des commandes publiques par exemple, notamment dans le secteur de la défense ; mais aussi par la constitution de stocks stratégiques (chacun garde en mémoire la décision de supprimer les stocks de masques par Marisol Touraine, sur injonction de la Cour des comptes) ou le développement du recyclage pour les matières premières. Le plan de relance a d’ailleurs débloqué une enveloppe de 600 M€ destinés à soutenir l’investissement privé dans un certain nombre de secteurs clés, dans la santé, l’agro-alimentaire, les télécommunications ou l’électronique.

Mais c’est plutôt une baisse globale des charges sociales et fiscales qui permettrait aux industries françaises de retrouver des marges de manœuvre pour produire plus en France. Ce qui supposerait une baisse des dépenses publiques et un transfert des assurances dites sociales (maladie, retraite, chômage) au secteur privé.

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