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Inflation et pauvreté, voilà le programme

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Il viendra peut être un jour où nous regretterons le temps de la mondialisation, l’euro fort et même, à notre grande surprise, les technocrates de Bruxelles. Les débats en cours à l’occasion de l’élection présidentielle entretiennent bien des illusions. Nombre de candidats proposent une lecture simpliste des causes de la crise économique que nous subissons depuis quarante ans. Notre désindustrialisation résulterait ainsi de la mise en concurrence de notre pays avec des Etat aux coûts de production bien plus bas, parce qu’ils se soucient peu de redistribution ou de protection des salariés. Pourtant l’Europe du nord a nettement mieux résisté, avec un modèle social tout aussi développé que le nôtre.

La France connaît un avant-goût forcé de cette stratégie censée nous sauver mais qui nous enfonce

Mais peu importe cette réalité. Tout s’expliquerait, à entendre la majorité des discours, par un dumping social et fiscal international dont la France serait victime, l’Union européenne restant sans réaction, soumise comme elle l’est au dogme du libre-échange. Il nous est donc promis de remédier à cette situation grâce à un protectionnisme annoncé comme désormais intelligent. Certes il est admis que cela engendrera une hausse des prix, donc une inflation. Nous devrons en effet acheter les produits de consommation plus cher, au tarif de la fabrication française. Cependant, au final, selon cette théorie, cela devrait entraîner des créations massives d’emplois et une augmentation des salaires. Le tout s’équilibrerait. Mieux encore, l’ensemble dégagerait un bénéfice important relançant notre nation sur la voie de la prospérité.

Or la France connaît actuellement un avant-goût forcé de cette stratégie censée nous sauver. La crise de la covid a ralenti en partie la mondialisation. Les productions s’échangent moins et surtout moins vite. Les circuits globaux de distribution sont déréglés. Ils fonctionnent moins efficacement. Des barrières à l’exportation commencent à se rétablir, pour cause de priorité nationale. Parmi les entreprises ouvertes à l’international, chacun a tendance à constituer un maximum de stocks, craignant des difficultés d’approvisionnement, notamment pour certaines matières premières ou des composants électroniques essentiels. Il en résulte une hausse de la demande et l’offre n’arrive pas à suivre. Ce phénomène, d’abord annoncé comme strictement conjoncturel, s’institutionnalise et déséquilibre le marché,  ce qui provoque, de proche en proche, une augmentation quasi générale des prix. Ainsi nous sommes aujourd’hui confrontés à une forme de petite démondialisation, accompagnée d’un retour de l’inflation. A cela s’ajoute le gonflement de bulles spéculatives immobilières et financières, directement liées à la politique de création monétaire massive à laquelle la Banque centrale européenne s’est retrouvée contrainte de procéder du fait de l’explosion des déficits publics, particulièrement ceux de la France.

Les faiblesses structurelles de notre pays deviennent dès lors encore plus visibles.

Le chômage reste fort tandis que, dans plusieurs secteurs, les employeurs ne parviennent pas à recruter, faute de candidats. Les rigidités de notre système social et de notre régime de formation professionnelle empêchent les adaptations rapides indispensables pour répondre aux besoins en personnel. L’inflation met à mal le pouvoir d’achat, d’où les exigences de hausse des salaires nets. Mais le poids considérable des charges sociales empêche de nombreux employeurs d’y satisfaire. Faute de marges suffisantes, pour payer mieux, il faut au final monter les prix de vente… ce qui dégrade encore le pouvoir d’achat du consommateur… qui revendique alors une nouvelle hausse de salaire ! Par ailleurs, au niveau des finances publiques, l’inflation conduira obligatoirement, même de façon progressive, à une élévation des taux d’intérêt, donc à un alourdissement du poids de la dette nationale.

Les solutions miracles qui nous sont promises non seulement ne résolvent rien, mais aggravent tout, faute pour nous d’avoir d’abord assaini les fondamentaux de notre économie.

L’Union européenne, par ses règles budgétaires contraignantes, a longtemps empêché de telles dérives. La crise de la covid a fait voler en éclat les mécanismes stabilisateurs. Certains pensent que cette évolution va libérer la France d’un carcan gestionnaire qui la bride, sans qu’elle ait besoin de mettre en œuvre de profondes réformes structurelles. Croire que l’inflation, telle qu’elle se présente, nous sortira de nos difficultés relève du domaine de l’aberration. Nous espérons que  l’inflation nous protègera de la pauvreté. Nous aurons l’inflation avec la pauvreté.

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6 commentaires

LAURENT46 15 février 2022 - 6:16

Inflation et pauvreté le vrai programme de Macron et de Pécresse. Ils ont vendu Alstom puis les ont racheté au double de la vente sans les brevets et avec 4000 emplois perdus ! racheté sous les ordres de Macron par EDF qui est déjà en pleine déconfiture ! mais certainement comme pour la vente les principaux intervenants dans cette transaction sont aussi les principaux donateurs pour la campagne de Macron a qui il faut encore 5 ans pour racheter les 4 autres entreprises vendues par Macron aux étrangers. Et devinez qui va payer ? les « emmerdés » qui travaillent encore pour faire tant soit peu la richesse du pays mais hélas devenue insuffisante pour rembourser toute le dettes de Macron et des Pécresse les deux aux manettes de ces ventes. Alors pas fini d’être emmerdé et de payer ce qui va encore augmenter la pauvreté.

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Picot 15 février 2022 - 9:29

Et l’euro qui est beaucoup trop cher pour nous contrairement aux Allemands, nous ne pouvons pas y toucher. Vous ne pensez pas que c’est aussi un problème?

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Obeguyx 15 février 2022 - 9:37

Très bon article. Le fil de la rigueur imposé par Bruxelles était la seule bonne chose pour la France. Nous allons devoir nous rendre compte que c’est le seul moyen de nous en sortir. En 58, les français ont fini par rappeler De Gaulle, car toutes les politiques précédentes étaient calamiteuses. La rigueur a été mise en place et la France a prospéré. Le socialisme, avec Giscard est arrivé et la dégringolade a commencé. Depuis, nous n’avons même plus conscience de ce qui se passe. C’est toujours de la faute des autres. Nous ne sommes jamais en cause. Réveillons-nous !!!

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Bernard GUILHON 15 février 2022 - 10:18

« la politique de création monétaire massive à laquelle la Banque centrale européenne s’est retrouvée contrainte de procéder du fait de l’explosion des déficits publics ». Les bras m’en tombent. La BCE contrainte à la création de fausse monnaie! Et par qui, grand Dieu? Sinon par la technocratie bruxelloise, sous le coupe des lobbies locaux, et donc de Wall Street.
Tout ça n’est que poudre aux yeux. Le malheur de la France c’est de se coltiner un budget social aussi élevé que son budget général, et dont la moitié est gaspillé dans le but inexprimé d’acheter des votes. Avec un tel boulet, ce n’est pas demain la veille que les affaires reprendront.

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Nicolas Lecaussin 15 février 2022 - 10:32

difficile de comprendre comment les lobbies locaux de Bruxelles seraient de wall street..Puis, quel rôle pourrait jouer wall street dans la création de monnaie ???

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en fait 15 février 2022 - 10:44

L’inflation est très certainement le concept le plus incompris. En effet, même pour un entrepreneur, il est très délicat à saisir. Aussi, il ne faut pas avoir peur au début de commencer par la délicate notion de liberté individuelle. Sa mesure véritable est très complexe, déjà au niveau de l’entreprise, il y a un sérieux  » loup » entre le compte d’exploitation et le bilan. De nos jours, l’inflation essaye de synthétiser les Trois 84 : 1784 le mariage de Figaro – 1884 le capitalisme Fabien – 1984 George Orwell -.
D’ailleurs, les politiques s’emparent du sujet. Aussi, le peuple se rend compte rapidement qu’il y a quelque(s) chose(s) de pourri dans le « Royaume ».
Oui, l’entreprise est le coeur du problème, et non les sabotages organisés par les « n » banques centrales à côté des réalités économiques, elles peuvent cependant, dire un grand merci à Turing.
Une perception correcte au niveau des entreprises, permet de résoudre les dramatiques contradictions économiques, mais, il ne faut pas rêver trop de fromages sont en jeu(x), l’entrepreneur est un « voleur ».
donc tout va très bien.

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