Au 10 décembre 2021, l’Etat français est toujours actionnaire de 11 entreprises du CAC40. L’Agence des participations de l’État (APE), chargée de la gestion de ces participations et de la collecte des dividendes, a publié son dernier relevé d’activité. On y apprend qu’elle a perçu 300 millions de dividendes pour l’année 2021, une somme dérisoire au regard des 51 milliards d’euros versés par les entreprises du CAC 40 cette année.
Pourquoi alors un si faible rendement ? Premièrement, les entreprises dont l’Etat est actionnaire ont été plus directement impactées par la crise sanitaire puis énergétique, car nombreuses dans les secteurs du transport et de l’énergie.
Deuxièmement, ces entreprises étaient moins bien préparées à la crise car fortement endettées et moins rentables que leurs consœurs du CAC 40. De 2016 à 2018, la rentabilité des participations de l’Etat était de 7% contre 9% pour les autres entreprises du CAC 40. Quant à l’endettement net de ces entreprises, il atteignait 103% des capitaux propres en 2018 contre 25% en moyenne pour les autres entreprises du CAC 40.
Il faut dire que l’intérêt de ces entreprises et celui de leur actionnaire peuvent être divergents. La crise énergétique l’a prouvé : le Gouvernement a gelé les prix de l’électricité et du gaz. L’impact de cette mesure sur le chiffre d’affaires d’Engie (23% du capital appartient à l’État) ou d’EDF (83%) atteint plusieurs centaines de millions d’euros.
Leur situation financière dégradée n’empêche pour autant pas l’État de « ponctionner » ces entreprises. Comme l’indique le président de Fipeco, François Ecalle, ancien rapporteur général de la Cour des comptes, l’APE est connue pour réclamer des dividendes excessifs au regard des résultats comptables des entreprises, ce qui finit par les fragiliser et, sur le long terme, par les rendre moins rentables. C’est en particulier le cas à EDF, Engie ou Air France.
A cette recherche de la maximisation du profit s’ajoute la limitation des risques comme l’a dénoncé récemment Stéphane Richard, l’ex-PDG d’Orange, empêchant ainsi les sociétés de se battre à armes égales avec leur concurrentes.
Tout cela plaide pour que l’Etat se désengage de ces entreprises et se recentre sur ses missions régaliennes.
3 commentaires
Pour en finir avec l’Etat actionnaire
Le rôle de l edf est avant tout être un aménageur du territoire comme celui de la
Sncf
Si on les ponctionne tout ce qui est amélioration et investissement à long terme sera mis en suspend d ou le fractionnement des 2 France
Il en est de même pour les autoroutes la fibre les communications au sens large pour faciliter l échange et éviter la désertification
Pour en finir avec l’Etat actionnaire
L’Etat peine lourdement à assumer ses fonctions régaliennes ( police, justice, santé, éducation) mais participe à des entreprises de secteur marchand ( Renault, Peugeot, La Poste, Air France, etc…) Ce paradoxe a t il échappé à notre Haut Commissaire au Plan ?
Pour en finir avec l’Etat actionnaire
Je connais bien des entreprises non gérées par l’Etat qui se plantent gravement. Le problème n’est donc pas l’Etat, mais qui tire les ficelles. Je ne suis pas pour autant favorable aux entreprises contrôlées par l’Etat, mais parfois afin de « sauver » (au sens propre du terme) une entreprise clé de notre économie, il faut peut-être envisager une aide de l’Etat et cette aide ne peut être gratuite. D’autre part certaines entreprises (EDF-GDF) n’ont pas vocation à être privatisées car il y va de notre indépendance nationale.
Sans vouloir être passéiste, regarder de temps en temps dans le rétroviseur ne fait pas de mal.
Et enfin, pour conclure, ma rengaine préférée : « cherchez à qui profite le crime ! ».