Les commentaires dans la presse française sur la politique économique de Margaret Thatcher ne sont pas riches en détail et pour cause : privatisations, mise au pas de l’administration et des syndicats, réduction de la fiscalité. « Ultralibéralisme » : politiquement incorrect ! Les résultats ont été spectaculaires quand on les compare à ceux de la France.
Au mois de mai 1979, le nouveau Premier ministre britannique, Margaret Thatcher, annonçait le programme de la « révolution conservatrice » s’appuyant en particulier sur la privatisation de nombreuses entreprises et l’introduction de la concurrence au sein même de l’Etat, tant au niveau des services publics qu’à l’intérieur de l’administration. La Grande-Bretagne de la fin des années 1970 était l’homme-malade de l’Europe avec un des taux d’imposition les plus élevés (83 % de taux maximum), un chômage largement au-dessus de la moyenne européenne, une inflation galopante (18 % en 1979) et un recul de l’investissement sans précédent (en 1980, le PIB britannique était inférieur de 25 % au PIB français).
Privatisations et fin du « closed shop »
Face à cette situation catastrophique, aggravée par des grèves à répétition dans tous les secteurs d’activité, Thatcher change de cap et lance une vaste campagne de privatisations. En peu de temps, elle transfère au privé les télécommunications, les transports (ferroviaires, routiers, aériens et maritimes), le gaz et l’électricité, les banques et de nombreuses autres entreprises se trouvant dans le giron de l’Etat. Les impôts baissent : en seulement 7 ans, le taux de 83 % est descendu à 40 %. Parallèlement, elle met en place la technique des marchés internes ( internal markets ) dans les services publics. L’avantage de cette technique est de donner le choix au consommateur et d’en finir avec la répartition arbitraire des fonds publics par décision administrative : si les usagers ne sont pas contents des services d’une administration, celle-ci peut voir ses crédits coupés.
Pour mener à bien ces réformes, elle s’est attaquée à la rigidité et à la bureaucratie des relations sociales en obligeant les syndicats à utiliser le vote secret dans toutes les décisions concernant le déclenchement d’une grève. Elle a aussi mis un terme aux politiques antidémocratiques du « closed shop » (seuls les travailleurs syndiqués pouvaient être embauchés). Il est utile de rappeler que parmi les mesures symboliques prises par Margaret Thatcher a figuré la suppression du ministère de la Fonction publique et de plus de 436 Quangos (Quasi-Autonomous-Non Governmental-Agencies), des organismes publics et parapublics inutiles.
« L’ultralibéralisme »
N’en déplaise à ses détracteurs, Margaret Thatcher a non seulement été élue trois fois de suite, mais elle est aussi devenue très populaire, bénéficiant, à chaque élection, de plus du tiers du vote ouvrier. Il est donc complètement faux d’affirmer que ces réformes auraient appauvri le peuple en creusant les inégalités comme l’affirme le quotidien Libération (9 avril) en titrant « La Grande faucheuse » tout en l’accusant d’avoir été le symbole de « l’ultralibéralisme des années 1980 ». Les chiffres sont là pour nous prouver le contraire. L’ « ultralibéralisme » de Thatcher a enrichi beaucoup plus le peuple que le socialisme de Mitterrand. Sous Thatcher, le PIB britannique a connu une croissance moyenne de 2.5 %/an (avec un pic à 6 % en 1988), plus que la plupart des autres pays membres de l’OCDE, dont la France (1.9 %). Cette croissance économique s’est traduite par une augmentation des revenus des Britanniques et de leur bien-être (même l’OFCE – Observatoire Français des Conjonctures Economiques le reconnaît dans un Rapport de janvier 2006) : le taux de croissance annuel moyen du bien-être qui tient compte du PIB/habitant a été de 1.9 % entre 1980 et 1990, plus de deux fois plus élevé qu’en France ! Entre 1980 et 1990, le taux de chômage britannique est passé de 11 % à 6 % alors que le taux de chômage français a suivi le chemin inverse : de 7 % à presque 12 %.
La Grande-Bretagne et la France (1980-1990)
GRANDE-BRETAGNE |
FRANCE |
|
Taux de croissance annuel moyen du PIB (1980 – 1990) |
2.5 % |
1.9 % |
Evolution du taux de chômage (1980-1990) |
De 12 % Ã 6 % |
De 6 % Ã 11 % |
Taux de croissance annuel moyen du bien-être (1980 – 1990) |
1.9 % |
0.8 % |
Enfin, contrairement à ce que disent ses détracteurs, Margaret Thatcher était profondément européenne. Elle souhaitait une Europe de la libre circulation des biens et des personnes, un grand Marché étendue à l’Est après la chute du communisme. Ce qui a été réalisé. Mais elle ne voulait pas d’une Europe bureaucratique et politique qui fabrique des réglementations et des normes.
Un hommage mérité
En 1990, Mario Vargas Llosa rend visite à Margaret Thatcher. Voici ce qu’il écrit dans un essai qui lui est consacré : « J’en profitai pour lui exprimer ma conviction, plus forte encore aujourd’hui, que ce qui s’est produit en Grande-Bretagne durant ces quelques onze années constitue probablement la révolution la plus féconde qui ait eu lieu dans l’Europe de ce siècle, et la plus contagieuse pour le reste du monde. Une révolution sans balle et sans victime, sans discours flamboyant ni meeting à grand spectacle, faite par les urnes et les lois, dans le plus strict respect des instituions démocratiques ; une révolution incapable, par conséquent, d’éveiller enthousiasme ou même compréhension auprès de l’intelligentsia, cette classe forgeuse de mythes qui décerne les brevets révolutionnaires. Margaret Thatcher remet entre les mains de son successeur un pays où elle aurait fait l’extraordinaire effort de transférer à la société civile les fonctions et responsabilités que lui avait ravies l’Etat ».
2 commentaires
Taux de chomage
Je suis libéral mais il faut quand même note que la premiére année où elle a été au pouvoir (1979) le taux de chomage a presque doublé, pour atteindre 12%…je ne sais pas pour quelle raison
Trop tard
Elle ne pourra plus venir sauver la France.
Le vice inhérent du capitalisme consiste en une répartition inégale des richesses;la vertu inhérente du socialisme consiste en une répartition égale de la misère(Winston Churchill)
j’ai choisi mon camp.