Lundi 15 juin 2015, Maison de la Chimie, Paris
Thomas Piketty
Dans une interview accordée au quotidien Libération (7 juin), l’économiste Thomas Piketty ressort sa proposition d’un impôt progressif avec des taux très élevés (jusqu’à 80 %) pour les plus hauts revenus. Ce serait, considère Piketty, une mesure de « justice sociale » dans un monde inégalitaire. Pour lui, cela constituerait une vraie mesure de gauche. Le problème c’est que la proposition de Piketty, au-delà de l’aspect immoral, celui de confisquer plus de ¾ des revenus d’une personne, part d’un constat complètement faux et risque d’avoir des conséquences terribles. Car pour l’auteur du Capital au XXIe siècle, les plus riches parmi les riches (les 0.1 % de la population) sont des rentiers et des salariés des grands groupes.
Les articles et études de l’IREF sur Thomas Piketty sont cités dans cet article paru (30 mars) dans l’hebdomadaire belge Le Vif/L’Express. Lire.
Il y a deux semaines, l’IREF vous faisait part des rétropédalages de Thomas Piketty sur les inégalités. Alors que cet article avait été relevé aux Etats-Unis, il a été passé en France sous un silence épais… Depuis la sortie de cet ouvrage, en effet, le débat a été quasi inexistant en France, alors qu’à travers le monde, il a soulevé parmi les économistes un grand nombre de commentaires. Et de nouvelles critiques, souvent très pertinentes alimentent continuellement les discussions.
Des centaines de milliers de personnes à travers le monde se sont précipitées sur l’ouvrage de Thomas Piketty, intitulé, Le capital au XXIe siècle. Un succès impressionnant et complètement inattendu, dans la mesure où il s’agit de plus de 900 pages de graphiques et de statistiques. Il n’en reste pas moins vrai que la plupart d’entre elles sont truffées d’erreurs ! Frédéric Georges-Tudo, journaliste économique indépendant, sans crainte devant l’ampleur de la tâche, s’est lancé dans la chasse aux erreurs du livre de Piketty.
Le débat entre économistes sur la portée des idées contenues dans le dernier ouvrage de Thomas Piketty, Le Capital au XXIe siècle, aura été plus animé aux Etats-Unis qu’en France. Le livre en effet, est à l’origine d’une vive polémique sur la nature des inégalités, comme sur les politiques publiques à mettre en œuvre pour les corriger. De Paul Krugman à Larry Summers, en passant par Kenneth Rogoff et Daron Acemoglu, tous les plus grands noms actuels de la science économique ont encensé, ou au contraire critiqué, cet ouvrage !
Accuser les riches et demander à ce qu’ils payent encore plus d’impôts est le sport préféré de nombreux politiques, journalistes et autres économistes parmi lesquels Thomas Piketty. Au-delà de leur militantisme gauchisant, ces personnes ignorent complètement qui sont en réalité ces riches et se cantonnent à une vision passéiste et complètement figée. En analysant les profils des riches d’aujourd’hui, on constate que nous sommes très loin de l’image qu’on trouve dans les écrits de Thomas Piketty qui en fait des rentiers s’enrichissant sur le dos des autres catégories de la population.
On a déjà lu dans ces colonnes et sous la plume de Jean-Philippe Delsol l’une des analyses les plus fouillées et les plus argumentées qui aient été publiées sur un site français à propos de ce que beaucoup tiennent en économie et à raison de son succès pour le livre-événement de l’année passée: « Le capital au XXIème siècle ». Par delà même son outil statistique, la thèse de Monsieur Piketty est d’une simplicité biblique. Après diverses vicissitudes au cours des siècles derniers, l’accumulation du capital et sa concentration ne vont cesser d’augmenter au cours du 21ème siècle, du fait que toutes les observations convergent pour montrer que le capital a une vocation irrépressible à exiger et à obtenir sur le long terme un taux de rémunération très supérieur au taux de la croissance devenu quasiment atone. Tel Shylock exigeant sa livre de chair, l’ogre « capital » creuse ainsi de graves inégalités dans la plupart des économies libérales qu’il rançonne sans vergogne. Pour réduire cette fracture intolérable et qui ne cesse de s’amplifier notamment par la voie des héritages , une seule solution: l’impôt et par souci d’efficacité jusqu’à des taux annuels ouvertement confiscatoires (dès le premier euro, jusqu’à 60% pour les revenus et de 1% jusqu’à 10% pour les patrimoines).
Thomas Piketty, l’économiste auteur du best-seller, le capital au XX1e siècle, vient de refuser la légion d’honneur. Au cœur de sa théorie, la réduction des inégalités avec pour outil privilégié la fiscalité. Dans un ouvrage collectif, intitulé la révolution fiscale il émettait l’idée d’un taxe à 60% pour les revenus les plus élevés qui a inspiré à François Hollande l’idée de taxe à 75%, enterrée depuis ce 1er janvier.
L’IREF sur Atlantico