Voici quelques mois, nous n’étions pas beaucoup à l’annoncer et encore cette alerte ne provoquait-elle chez plusieurs que ricanements et incrédulité. Eh bien maintenant, nous y sommes! Cette fois-ci l’euthanasie financière des retraités est bien en marche. En plus, elle avance vite, elle est massive et brutale comme vient de le révéler le Premier Ministre dans sa déclaration du 26 août dernier au Journal du Dimanche, en faisant d’un coup voler en éclats la solidarité intergénérationnelle sur laquelle depuis la Libération repose l’essentiel de notre démocratie sociale.
Retraites
Au nom de l’égalité et d’un semblant de justice sociale, le gouvernement envisage une fois de plus de prendre aux uns pour redonner aux autres. Deux dossiers sont à l’agenda social de la rentrée politique : la réforme des retraites et celle de l’assurance chômage. Dans les deux cas, il est envisagé de faire les poches des riches.
Ce qu’on appelle « réformes » en France sous Emmanuel Macron veut dire « encore plus d’Etat ». L’IREF avait donné l’alerte il y a un an déjà. L’assurance chômage devient la « propriété » de l’Etat qui décide qui seront les bénéficiaires. On la nomme improprement « assurance » car elle devient un « droit » comme l’a précisé la ministre Pénicaud. Le gouvernement propose la réforme du système des HLM, ce qui serait une bonne initiative. Sauf qu’il la confie à la Caisse des dépôts, organisme archaïque et monopolistique, véritable rentier de l’Etat français, sans équivalent à l’étranger. La réforme du logement social devrait plutôt passer par les privatisations et l’ouverture à la concurrence.
Même s’il ne s’agit pas de la première fois, saluons le voyage européen que deux rapporteurs sénateurs – Jean-Marie Vanlerenberghe et René-Paul Savary – ont entrepris pour aller examiner les exemples de réforme systémique des retraites dans quelques pays comme l’Allemagne, l’Italie, la Suède et le Danemark. Il est vrai que l’argent des contribuables aurait pu être économisé tant la littérature sur le sujet est riche, y compris sur le site de notre Institut. La réforme des retraites en Suède a même fait l’objet de nombreuses études et livres et de plusieurs rapports parlementaires.
A peine avions-nous attiré l’attention de nos lecteurs sur l’ambiguïté de la promesse électorale du Président Macron: “Pour chaque euro cotisé, le même droit à pension pour tous”, qu’un nouveau tweet présidentiel vient démontrer une fois encore combien, dans son souci de complaire à tous, la parole présidentielle est confuse et ambivalente.
Ça ne pouvait être qu’un nouveau « big bang », comme la plupart des réformes d’Emmanuel Macron présentées dans les médias. Pour le moment, c’est plus un « pschitt bang » qui soulève beaucoup d’inquiétudes.
Avertissement: le champ de cet article se limite exclusivement aux cotisations du monde salarial, les cotisations vieillesse des indépendants posant d’autres problèmes que nous traiterons en leur temps.
Fonds de pension : 8.15 % de rendement moyen annuel !
Il y a 10 ans, la Roumanie mettait en place le deuxième pilier du nouveau système de retraite en confiant aux fonds de pension la gestion par capitalisation d’une partie (3.75 % du salaire brut) des contributions pour la retraite des salariés.
Sur le nouveau site du Haut-Commissariat à la Réforme des Retraites (par abréviation HCRR ensuite) une note, datée du 9 janvier 2018 avec une dernière mise à jour du 17 avril dernier, se donne pour objet de trier le vrai du faux à propos de quelques “idées reçues sur la retraite“. On commence ainsi par l’affirmation “Notre système de retraites est en faillite” pour finir huit opinions plus loin par “La réforme des retraites sert à faire des économies”. De mise au point en mise au point, on parcourt ainsi en neuf rubriques une bonne partie de la doxa officielle sur les retraites. Le problème est que cette “pensée autorisée” vouée par essence à (r?)établir la vérité comporte elle-même de nombreuses approximations à côté de plusieurs erreurs grossières, tous dérapages malvenus qui interrogent à la fois sur le sérieux de la préparation du texte et sur les orientations qu’il préfigure quant à la prochaine réforme.
Cela fait déjà un certain temps que dans les allées du pouvoir, à la Cour des comptes, à l’Inspection des Finances, à l’INSEE, à France Stratégie ou encore à Terra Nova, il est de bon ton de présenter les actuels retraités comme des nantis, des privilégiés, des “rentiers”. D’ailleurs, les médias les montrent toujours assez jeunes, souriants et épanouis, soit en voyage au volant d’élégants cabriolets, soit se prélassant en transats sur de superbes paquebots, soit encore circulant en vélo dans des paysages magnifiques. Mais, honte à eux: les retraités absorberaient goulument une part excessive (présentement 13 à 14% selon les sources) du PIB du pays, au détriment notamment de la jeunesse qui se débat dans des difficultés sans nom. Un peu comme si les seniors étaient responsables de l’échec des politiques économiques erratiques et démagogiques menées depuis des décennies très largement sans eux et même dernièrement, ouvertement contre eux. Pour parler clair, alors que jusqu’en 2010, les réformes des retraites avaient été conduites dans un souci exclusif de rééquilibrage financier, les toutes dernières réformes ont ajouté aux sacrifices demandés aux seniors, au blocage prolongé de leurs pensions, aux manipulations douteuses des temps, des taux et des montants, une sorte de mise en examen sociale des retraités, accusés de parasitisme et d’égoïsme aux dépens des générations suivantes.