A peine avions-nous attiré l’attention de nos lecteurs sur l’ambiguïté de la promesse électorale du Président Macron: “Pour chaque euro cotisé, le même droit à pension pour tous”, qu’un nouveau tweet présidentiel vient démontrer une fois encore combien, dans son souci de complaire à tous, la parole présidentielle est confuse et ambivalente.
Retraites
Ça ne pouvait être qu’un nouveau « big bang », comme la plupart des réformes d’Emmanuel Macron présentées dans les médias. Pour le moment, c’est plus un « pschitt bang » qui soulève beaucoup d’inquiétudes.
Avertissement: le champ de cet article se limite exclusivement aux cotisations du monde salarial, les cotisations vieillesse des indépendants posant d’autres problèmes que nous traiterons en leur temps.
Fonds de pension : 8.15 % de rendement moyen annuel !
Il y a 10 ans, la Roumanie mettait en place le deuxième pilier du nouveau système de retraite en confiant aux fonds de pension la gestion par capitalisation d’une partie (3.75 % du salaire brut) des contributions pour la retraite des salariés.
Sur le nouveau site du Haut-Commissariat à la Réforme des Retraites (par abréviation HCRR ensuite) une note, datée du 9 janvier 2018 avec une dernière mise à jour du 17 avril dernier, se donne pour objet de trier le vrai du faux à propos de quelques “idées reçues sur la retraite“. On commence ainsi par l’affirmation “Notre système de retraites est en faillite” pour finir huit opinions plus loin par “La réforme des retraites sert à faire des économies”. De mise au point en mise au point, on parcourt ainsi en neuf rubriques une bonne partie de la doxa officielle sur les retraites. Le problème est que cette “pensée autorisée” vouée par essence à (r?)établir la vérité comporte elle-même de nombreuses approximations à côté de plusieurs erreurs grossières, tous dérapages malvenus qui interrogent à la fois sur le sérieux de la préparation du texte et sur les orientations qu’il préfigure quant à la prochaine réforme.
Cela fait déjà un certain temps que dans les allées du pouvoir, à la Cour des comptes, à l’Inspection des Finances, à l’INSEE, à France Stratégie ou encore à Terra Nova, il est de bon ton de présenter les actuels retraités comme des nantis, des privilégiés, des “rentiers”. D’ailleurs, les médias les montrent toujours assez jeunes, souriants et épanouis, soit en voyage au volant d’élégants cabriolets, soit se prélassant en transats sur de superbes paquebots, soit encore circulant en vélo dans des paysages magnifiques. Mais, honte à eux: les retraités absorberaient goulument une part excessive (présentement 13 à 14% selon les sources) du PIB du pays, au détriment notamment de la jeunesse qui se débat dans des difficultés sans nom. Un peu comme si les seniors étaient responsables de l’échec des politiques économiques erratiques et démagogiques menées depuis des décennies très largement sans eux et même dernièrement, ouvertement contre eux. Pour parler clair, alors que jusqu’en 2010, les réformes des retraites avaient été conduites dans un souci exclusif de rééquilibrage financier, les toutes dernières réformes ont ajouté aux sacrifices demandés aux seniors, au blocage prolongé de leurs pensions, aux manipulations douteuses des temps, des taux et des montants, une sorte de mise en examen sociale des retraités, accusés de parasitisme et d’égoïsme aux dépens des générations suivantes.
CSG, taxe foncière : retraités et propriétaires, victimes expiatoires
Est-il juste de considérer comme des rentiers les retraités qui bénéficient du fruit de leurs cotisations ?
Est-il juste de taxer encore plus les propriétaires français qui sont d’ores et déjà les plus imposés d’Europe ?
A part d’être un excellent et très connu joueur de football, le brésilien Neymar est un employé du club Paris Saint-Germain. Comme tous les employés, il reçoit une fiche de paye mensuelle sur laquelle figurent ses cotisations salariales, y compris celles pour la Sécurité sociale. C’est une obligation. Ce joueur qui gagne 3.1 millions d’euros par mois doit cotiser comme un simple smicard. Or, il vient de s’accidenter et il est considéré comme étant en arrêt maladie.
Tristement, les uns après les autres, beaucoup de retraités commencent en recevant leurs pensions à constater les dégâts et ils s’aperçoivent que le trou creusé par la majoration non compensée de la CSG annoncée à 1,70% entraîne en réalité une baisse nettement supérieure du montant net de leur pension. Rappelons d’ailleurs à toutes fins utiles que ce 1,70 point d’augmentation correspond en réalité pour la plupart des retraités à une augmentation de plus de 25% du poids de la CSG, puisque (6,60 +1,70= 8,30 et 8,30/ 6,60 = 1,2576). Nous pensons donc rendre service à nos lecteurs en cernant la portée précise de la réforme, d’abord en recensant ceux qui y échappent (I), puis en calculant l’incidence exacte de la majoration sur le net à payer (II) et enfin en recherchant à quelle hauteur elle peut être partiellement compensée par la baisse résultante d’impôt sur le revenu, puisque la majoration est intégralement déductible de la base d’imposition (III). Pour des raisons de simplicité, tous les calculs seront conduits à pension brute constante et hors de toute revalorisation.
Il est absolument insupportable de voir partout prospérer l’affirmation très “tendance” que les retraités coûtent cher et même bien entendu (cf. Terra Nova, France Stratégie…et quelques autres éminences de la même paroisse) beaucoup trop cher à la Nation. Certes on se trouve bien en présence d’un système de répartition et voici souvent des lustres que les cotisations passées des retraités d’aujourd’hui ont financé les pensions de leurs devanciers d’hier. Mais si on dépouille ces retraités de leurs propres cotisations passées, il faut réciproquement admettre en logique de répartition que les cotisations des actifs actuels viennent directement en déduction du coût des pensions présentes. Or, bien qu’ils partagent avec les propriétaires fonciers l’insigne disgrâce d’appartenir à la race présidentiellement honnie des rentiers, on ne peut à la fois priver les retraités et du crédit de leurs cotisations passées et du produit des cotisations actuelles, car notre système de répartition demeure par essence un système contributif et il faut bien à un moment ou à un autre lui rattacher des cotisations qui ont été effectivement versées et qui n’ont pas disparu comme par enchantement.