Institut de Recherches Economiques et Fiscales

Faire un don

Nos ressources proviennent uniquement des dons privés !

Journal des Libertes
anglais
Accueil » Hanouna bâillonné par le gendarme de la télévision

Hanouna bâillonné par le gendarme de la télévision

par
0 vues

A vrai dire, la décision de l’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (Arcom) du 24 juillet 2024 n’a pas surpris grand-monde. Il y a des mois que C8 – qui est une chaîne généraliste et pas d’informations – craignait ne pas voir sa fréquence renouvelée. Cyril Hanouna, son animateur vedette, était dans le collimateur du gendarme de la télévision depuis des années à cause de ses « dérapages » plus ou moins contrôlés.

Bien évidemment, toutes les bonnes consciences de gauche se sont félicitées de cette mise au pas, jusqu’à Thibaut Bruttin, le directeur général de Reporters sans frontières (RSF), pourtant censé défendre « le droit, pour chaque être humain, d’avoir accès à une information libre » et « agir pour la liberté, le pluralisme et l’indépendance du journalisme ».

L’Arcom justifie sa décision par le fait que la chaîne ne respectait pas la convention signée le 29 mai 2019 et, qu’à ce titre, elle avait été sanctionnée à de nombreuses reprises pour un montant total de 7,5 millions d’euros.

Si l’on ne peut nier que C8 ait souvent pris des libertés avec le cahier des charges accepté en 2019, on ne peut que s’interroger sur le fait que l’Arcom ait jugé son projet sans intérêt pour le public. L’autorité administrative doit, en effet, examiner les projets en appréciant (loi du 30 septembre 1986) leur intérêt pour le public. C8 a la meilleure audience des chaînes de la TNT (3,1%) avec plus de 9 millions de téléspectateurs cumulés chaque jour. Et Hanouna, puisque c’est de lui qu’il s’agit, en rassemble 2 millions à lui seul.

Si nous souscrivons aux propos de David Lisnard  – « Plutôt que de se pencher sur le manque de pluralisme au sein du service public, payé avec les impôts des Français, on préfère en France museler les chaînes privées » – nous nous interrogeons aussi sur la procédure d’attribution des chaînes.

Actuellement, l’Arcom attribue les fréquences de la TNT gratuitement, pour une durée maximale de 10 ans, après un appel à candidatures qui demande, entre autres choses, de respecter « le caractère pluraliste de l’expression de courants de pensée et d’opinion, l’honnêteté de l’information et son indépendance à l’égard des intérêts économiques des actionnaires ». C’est cette procédure qu’il faut revoir.

On se demande bien pourquoi les chaînes privées de la TNT devraient être davantage « pluralistes » que la presse écrite ou les chaînes YouTube. Il nous semble qu’il serait plus judicieux que l’Arcom vende les fréquences à un opérateur qui en deviendrait pleinement propriétaire et serait libre (et responsable) des programmes qu’il diffuserait. Il serait aussi libre de revendre la fréquence à un autre opérateur. L’Arcom n’aurait plus de droit de regard sur les émissions, pas plus que de pouvoir de sanctions. Elle se contenterait de surveiller l’impartialité du service public de l’audiovisuel avant sa privatisation.

Abonnez-vous à la Lettre des libertés !

Vous pouvez aussi aimer

Laissez un commentaire