Le président ukrainien a essayé de recoller les morceaux d’une relation très dégradée avec la Maison Blanche, mardi, en disant « regretter » les incidents survenus lors de l’entrevue « qui ne s’était « pas passée comme prévu » avec Donald Trump, vendredi dernier dans le Bureau Ovale. Sans s’excuser formellement, il s’est dit prêt à travailler « sous le contrôle » du président américain pour une paix le plus vite possible, quelques heures après la suspension de l’aide militaire fournie par les Etats-Unis. Cette suspension a une valeur politique forte mais pas d’impact militaire immédiat puisqu’elle ne concerne que le reliquat d’une aide de 3.6 milliards de dollars attribué par Joe Biden à la fin de son mandat, soit quelques centaines de millions de dollars. Elle est aussi réversible, puisqu’une précédente suspension par le Sénat, mi 2023, avait été annulée quelques mois plus tard.
Mais elle confirme que Donald Trump est prêt à pousser Kiev dans ses retranchements pour obtenir rapidement la signature d’un accord de paix entre Moscou et Kiev dont, à vrai dire, l’intérêt pour son pays ne saute pas aux yeux. En effet, ce faisant Donald Trump ruine la réputation d’allié fiable de son pays auprès de ses alliés. Il est vrai que dans sa conception du monde il n’y a peut-être plus de place pour des alliés, seulement des vassaux. Et s’il s’agit uniquement de mettre fin à un carnage, comme il le proclame, dans l’espoir futile d’obtenir le Prix Nobel de la Paix. Donald Trump pourrait plutôt s’employer au Soudan, ou au Congo/Rwanda en ce moment.
 “C’est assez important, mais pas autant que cela aurait pu l’être au début de la guerre, car l’Ukraine est beaucoup moins dépendante de l’aide militaire directe des États-Unis qu’elle ne l’était auparavant”, estime Michael Kofman, chercheur à la Fondation Carnegie. Par ailleurs, l’industrie domestique de drones en Ukraine a permis de suppléer les manques d’obus des derniers mois. Près de 65% des soldats russes tués ou blessés sur le champ de bataille l’ont été par des drones, contre 20% par des tirs d’artillerie, dont la moitié seulement avait été fournie par Washington, l’an dernier. Le sujet le plus délicat pourrait être l’approvisionnement en obus de 155 mm utilisés par les canons de plus gros calibre, dont les Etats-Unis demeuraient le principal fournisseur malgré les efforts des Européens pour augmenter leurs livraisons à l’initiative, notamment, de la République tchèque. Pour l’instant, rien n’indique que les Etats-Unis ont mis fin à l’échange de renseignements, mais la détérioration de leurs relations avec Kiev et leur rapprochement spectaculaire avec Moscou pourrait rapidement changer la donne.
