La salade nous est servie tous les jours par les politiques de gauche, par les syndicalistes et autres bien-pensants de service. La France serait victime d’une politique néolibérale depuis les années 1980. D’où tous les malheurs socio-économiques qui lui seraient tombés dessus. Dans son essai, Guillaume Bazot a la patience et le courage (il est maître de conférences en économie à Paris 8 !) de décortiquer toutes ces billevesées. Non, la France n’a pas connu de politique néolibérale (pour qu’elle soit néo, il aurait fallu qu’elle ait d’abord été libérale dans le passé, ce qui n’est pas vraiment le cas) et le monde capitaliste, depuis la fin de la deuxième guerre mondiale, a connu une période de prospérité sans précédent. Plus encore, cette prospérité s’est accentuée depuis une trentaine d’années. Les données montrent que le niveau de vie des 90 % les moins aisés ne s’est réduit dans aucun pays occidental depuis 30 ans. Contrairement à ce qu’on entend, les pauvres ne sont pas plus pauvres parce que les riches seraient de plus en plus riches. Les pays où le revenu des classes moyennes s’est le plus accru sont aussi ceux où le revenu des 10 % les plus aisés a le plus augmenté ! En France, selon les données présentées par l’auteur, les classes moyennes ont vu leur revenu augmenter plus vite que celui des 10 % des plus riches. Non, les inégalités ne se sont pas creusées, surtout si l’on tient compte des impôts, des taxes et des effets de la redistribution.
De même, contrairement encore une fois aux idées si complaisamment diffusées, il n’y a pas eu de hausse de la part du capital dans les revenus par rapport à celle du travail. Guillaume Bazot montre, statistiques à l’appui, qu’il est difficile de faire une corrélation entre libéralisation et mondialisation d’une part et accroissement des revenus du capital par rapport à ceux du travail d’autre part. La France est même l’un des pays dont la part du capital est parmi les plus faibles. Au sujet des inégalités, l’auteur a bien remarqué qu’au niveau mondial, elles sont davantage le fait des écarts de développement entre pays que des écarts de revenu à l’intérieur des pays. Et qu’il vaut mieux privilégier la croissance économique plutôt que la redistribution.
Guillaume Bazot explique aussi les conséquences néfastes d’une hausse de la taxation des riches ou des entreprises et dépeint avec brio la catastrophe que pourrait produire une politique de la décroissance, idéologie à la mode ces temps-ci. Ses démonstrations sont solidement argumentées, les chiffres sont clairement présentés, aucun détail n’est ignoré. Il est extrêmement réconfortant de découvrir des universitaires français qui rejettent le dogmatisme antilibéral.
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Il est en effet invraisemblable d’entre dire que nous vivons dans une société libérale, alors que notre société s’engage vers une fonctionnarisation croissante, une dépendance de plus en plus prégnante envers l’État qui prélèvera bientôt la totalité de la richesse nationale pour la redistribuer à sa guise et la gaspiller en achetant sa domination technocratique par des chèques pour tout les actes de la vie… Reniant ses discours, Macron agit en réalité en étatiste forcené, pas en libéral !