En tant que contributeur occasionnel au Figaro et lors de quelques débats, j’ai eu l’occasion de rencontrer Eugénie Bastié et d’échanger plusieurs propos avec elle. Intelligente et cultivée, elle fait partie de cette nouvelle génération de jeunes conservateurs dont les médias (et la France) avaient besoin.
Son dernier essai prouve une fois de plus, s’il en était besoin, qu’elle connaît très bien son sujet. Et pour cause : publiant régulièrement certaines personnalités citées dans son excellente radiographie du milieu intellectuel, elle est aux première loges. Mais que sommes-nous en train de vivre ? Faut-il regretter l’époque de Sartre et d’Aron lorsque les intellectuels étaient plus écoutés ? Pour Eugénie Bastié, ce qui se passe maintenant, c’est un “cloisonnement des appartenances”, une forme de “tribalisme intellectuel”. Chaque camp a des idées complètement opposées et le débat se transforme rapidement en… combat.
De Sylviane Agacinski à Mona Ozouf, de Nicolas Baverez à Alain de Benoist, en passant par Alain Finkielkraut, Régis Debray ou Chantal Delsol, l’auteur a interrogé une trentaine d’intellectuels sur la place occupée par le “spectateur engagé” dans le monde d’aujourd’hui. Ce qu’elle en conclut, c’est que le débat est devenu “insoluble” car chacun défend des “présupposés incommensurables”.
Toutefois, normalement, on devrait voir plus clair aujourd’hui. Les sources d’information sont innombrables et la facilité des voyages devrait permettre de porter un regard beaucoup plus lucide sur le monde que du temps de Sartre. Mais les intellectuels sont-ils capables d’accepter la défaite de leurs idées ? Ils se sont tellement trompés dans le passé que rien ne devrait nous étonner. Malgré tout, Eugénie Bastié reste optimiste : “…les intellectuels sont plus indispensables que jamais. Non pas pour constituer l’avant-garde qui débroussaille le chemin de l’Histoire, le flambeau qui éclaire les masses dans la révolution, mais pour tenter modestement d’apporter de la nuance là où règne le manichéisme, du doute là où règne un esprit critique ivre de sa puissance, de la raison là où règne l’émotion et de la conversation là où règne l’anathème”. Elle a raison. Mais à condition que ces intellectuels n’aient pas la prétention de donner leur avis sur tout… Pour le moment, c’est bien l’essai d’Eugénie Bastié qui est indispensable pour comprendre ce qui se passe avec eux.
3 commentaires
« La guerre des idées » et outrecuidance des intellectuels
Je reprends la citation de Pierre CONESA : « La mère connerie est perpétuellement enceinte ! »
Eugénie Bastié : La guerre des idées. Enquête au cœur de l’intelligentsia française (Robert Laffont)
Plus vieux que Connessa c’est Abbé de son etat le dit de Bourdeilles Sa formule (Brantome 🙂 » quand le Francais dort , le diable le berce » s ´ applique particulièrement bien au Royaume dont le Prince est un enfant privé d Histoire Nationale Patriotique ,ou, voire en meme
Temps ,collaborationniste! !
Les intellectuels sont les chiens de garde de l’étatisme. C’est tout ce qu’il faut retenir.
Les intellectuels ne servent qu’à défendre et justifier l’étatisme.
Sans État, il n’y aurait pas d’intellectuels. Les intellectuels ne sont que les chiens de garde et et les protecteurs de l’État sous toutes ses formes.
Les intellectuels servent à proposer voire imposer des réponses (le plus souvent possible passant par l’État) aux problèmes insolubles que posent l’étatisme.
Pour rappel, les problèmes de société = les ravages de l’étatisme.