Le titre de cet essai ressemble à son auteur : plein d’humour sur un thème sérieux, celui de la vieillesse, plein de prévenance aussi, sans honte pour ses peurs qu’il énumère avec drôlerie et sincérité. Car Jean-Loup Chiflet est réaliste et s’il est conscient des désillusions et des troubles de l’âge, sa vivacité et sa profonde culture reprennent vite le dessus pour positiver la moindre ombre au tableau. Ses références littéraires de l’Antiquité à nos jours dévoilent un désir insatiable de connaissance universelle. Elles touchent autant le sage que le jouisseur, s’adressent autant à l’ignorant qu’à l’érudit. Elles n’ignorent ni la faiblesse et la souffrance qui rendent humble, ni la chute inaltérable qui suit les heures de gloire. En lui point d’autre objectif que de chasser ce mépris ambiant qui dénigre le vieil âge et de lui rendre sa grandeur.
Il y parvient avec gaîté, où l’affectif pour lui doit avoir une grande part dans le quotidien que le progrès de la médecine ne cesse d’améliorer. Son style alerte dépasse sa crainte de mourir, car point de mode d’emploi pour mourir, si ce n’est une quasi-certitude de l’existence de l’âme qui doit se détacher au plus vite du corps et qui le ferait opter pour l’incinération ! Son seul souci, l’héritage de notre planète aux générations à venir, car si J-L Chiflet ne craint pas la mort, il a malheureusement peur des cataclysmes annoncés par la doxa ambiante, mais celle-ci est-elle fiable ? En attendant il rédige son propre éloge funèbre avec plein d’autodérision avant d’impressionner le lecteur par tant de rire et de sensibilité où le doute devient encouragement de bien vivre pour mieux mourir…