Madame le Ministre,
J’ai été extrêmement surpris par vos récents propos et particulièrement par vos annonces concernant les « fake news » ou les « fausses nouvelles ». Vous affirmez que certains Français seraient «hautement réactionnaires» et que l’audiovisuel public devrait «changer les mentalités sur le terrain».
Cela me rappelle l’objectif du système totalitaire communiste qui voulait créer « l’homme nouveau », à l’image du parti et selon les écrits marxistes-léninistes. Les informations ne pouvaient provenir que des organes officiels et, forcément, elles devaient montrer une société parfaite, sans aucune tache. Toute autre source d’information constituait un crime politique et ne pouvait être qu’une machine à … « fake news », et leurs auteurs des traîtres à la solde du capitalisme. Je ne crois pas du tout que la « patrie des droits de l’homme » ait besoin de ce genre de mesures idéologiques qui transformeraient les Français. Mais que pourrait signifier le mot « réactionnaire » ?
Je pense qu’un « réactionnaire » vous rappellerait que, de la collaboration sous l’Occupation jusqu’aux sympathies pour l’URSS et pour d’autres dictatures, les « fake news » propagées par une grande partie de la presse française font partie de l’Histoire. Aujourd’hui, l’antilibéralisme – qui va de pair avec l’anti-américanisme –, le trop grand respect pour le pouvoir et pour tout ce qui vient de l’Etat, caractérisent de nombreux journalistes qui, selon cette loi, devraient détenir les clefs de l’information. A propos des journalistes, il faudrait aussi réformer la plupart des écoles de journalisme, car beaucoup sont trop engagées à gauche…
Comment, se demanderait un réactionnaire, selon la loi que vous défendez, le juge pourrait-il s’assurer en 48 heures qu’une information est une information « vraie » plutôt qu’une « fake news ». Selon quels critères ? Serait-il un nouveau « commissaire politique » ? Et selon quels principes – moraux ou autres – le contenu des entreprises de presse ferait-il figure de référencement ? La télé publique, financée avec l’argent des contribuables, serait-elle plus fiable que d’autres chaînes de télé ?
Vous dénoncez les Français réactionnaires ». En effet, le « réactionnaire » se prononcerait surtout pour la privatisation de l’audiovisuel public afin d’économiser les milliards d’euros dépensés par les contribuables pour des chaînes qu’ils ne regardent (écoutent) pas ou très peu. Car, en quoi les aides et autres avantages accordés par l’Etat aux médias français seraient-ils moins dangereux pour la qualité de l’information que les rémunérations données par des tiers ?
Le « réactionnaire » est contre cet Etat culturel malade de « subventionnite » aiguë comme l’a parfaitement décrit Marc Fumaroli il y a quelques années. Il est même pour la suppression du ministère de la Culture, votre ministère, en affectant ses missions à des organisations proches du terrain et en facilitant le développement des fondations privées comme c’est le cas dans d’autres pays…
Vous affirmez que « Nous allons bâtir un champion industriel du numérique pour reconquérir le jeune public. Les sociétés vont décupler et regrouper leurs efforts : elles investiront 150 millions d’€ supplémentaires dans le numérique d’ici 2022, et elles développeront les nouvelles offres en ligne. » Mais c’est ce que l’Etat industriel français a essayé de faire dans le passé ! C’était le but du Plan Calcul lancé en 1966 et qui a lamentablement échoué en gaspillant l’argent des contribuables ! Il faudrait plutôt donner plus de libertés aux entrepreneurs, les laisser prendre des risques tout en supprimant les réglementations et en baissant au maximum les taxes et les impôts.
La société française devrait reposer sur certaines valeurs : l’équité, la liberté et la responsabilité. Votre loi contre les « fausses informations » balaye tous ces piliers car elle met l’Etat dans la posture du décideur, du juge suprême. Celui-ci n’est nullement « habilité » à le faire. C’est une décision autoritaire qui infantilise les Français. Le « réactionnaire » considère que cette loi est liberticide et ressemble parfaitement à une forme de censure imposée par le pouvoir. Il ne peut pas y avoir d’information « vraie » cautionnée et approuvée par le pouvoir. Le « réactionnaire » croit en l’abondance de l’information, il croit en la responsabilité et la capacité de discernement des Français.
Si c’est ça un « réactionnaire », Madame le ministre, alors j’en suis un !
4 commentaires
Moi aussi je suis un reactionnaire!
Cher Monsieur Lecaussin,
J'approuve entierement ce que vous dites et je m'etonne que les media "principaux" ne s'offusquent pas d'une loi qui va créer une information "officielle".
Respectueusement
Montin
Re : Moi aussi je suis un reactionnaire !
Merci à vous !
Reactionnaire à l'idéologie unique: je suis!
'Les régimes totalitaires se caractérisent par un monopole idéologique du parti au pouvoir'
Nous y sommes!
Back in the USSR!
Eh oui! Un Ministère de la Vérité, comme dans 1984 de Mr Orwell. Nous voilà revenus au temps béni de l'Union Soviétique.