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Les leçons de Turgot pour nos politiques

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L’Institut Hayek de la ville de Iasi (Roumanie), en partenariat avec l’IREF et les éditions Libréchange, vient de publier, à l’occasion d’un colloque à l’université de Iasi auquel j’ai participé, la première traduction de plusieurs écrits de Turgot en langue roumaine. Une occasion excellente de rappeler aux intellectuels et à tous les politiques que la France a bien une tradition libérale et que c’est bien Turgot qui a influencé Adam Smith et les libéraux anglo-saxons.

Il est aussi très important de comprendre l’extraordinaire aptitude de Turgot à anticiper les maux de l’étatisme, la capacité de nuisance des corporations et de tous ceux qui jouissent de privilèges ainsi que les défauts des « décideurs », plus préoccupés par leur carrière et par le souci de plaire au roi que par le bien du pays. Le gouvernement ne cherche que « la soumission et l’argent ».

Déjà, en 1749, dans sa première Lettre sur le papier-monnaie, Turgot, alors âgé de seulement 22 ans, rappelle que la valeur d’une monnaie dépend de la santé de l’économie nationale et de celle de ses agents. La monnaie ne se fabrique pas, c’est un produit comme un autre qui devrait répondre aux lois du marché libre. De même, il l’écrira plus tard, l’Etat ne doit pas se mêler des taux du crédit et ne doit rien imposer qui puisse affecter les relations entre les agents économiques.

Dans l’Eloge de M. de Gournay avec lequel il avait parcouru les campagnes françaises pendant quelques années, Turgot mesure l’importance de la liberté d’entreprendre et de travailler sans obstacles. Les taxes et les règlements sont les pires ennemis de l’économie et ceux qui les soutiennent – fonctionnaires, collecteurs d’impôts, rentiers – sont des « agents improductifs ». La France a juste besoin d’un Etat de droit, pour le reste il faut « laissez faire, laissez passer ». La taxation est un fléau et dans ses Réflexions sur la formation et la distribution des richesses (1766), Turgot insiste sur l’importance de l’épargne, de la suppression des impôts indirects. Il est même favorable à impôt unique. Grand défenseur de la liberté du commerce, du libre-échange, il se dit partisan de la sous-traitance, proposant de confier la construction des routes à des sociétés privées, de vendre les mines de plomb qui appartenaient au roi et même de sous-traiter la construction des bateaux. Il aurait sûrement été en faveur de la privatisation des ADP. Grand ami de Condorcet, il comprend l’importance des calculs, uniformise les unités de mesure et crée le premier Office de statistique nationale.

Turgot est un vrai libéral aussi parce qu’il défend l’individu. Dans une Lettre (1770) adressée au Dr Price (un « whig » anglais), il se prononce en faveur d’une démocratie décentralisée et insiste sur le fait que « seuls les individus ont des droits » et que le droit à la propriété privée devrait être inaliénable. C’est l’intérêt particulier qui constitue le moteur de la société. Le genre humain ne cesse de se diriger vers la perfection. Turgot a compris dès le XVIIIe siècle que l’entrepreneuriat et l’innovation sont les ingrédients indispensables à une économie saine et que les taxes et réglementations sont des freins dangereux au progrès humain. Une belle leçon valable encore aujourd’hui et que, malheureusement, nos politiques n’ont toujours pas assimilée.

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