La France perd chaque année un peu plus de libertés économiques. C’est ce que révèle l’indice des libertés humaines 2018 qui vient d’être publié. Établi par un consortium de think tanks dont le CATO Institute, le Fraser Institute et la Friedrich Naumann Foundation for Freedom, le classement mondial est accablant pour le pays des droits de l’homme : 25ème pour les libertés personnelles, 57ème pour les libertés économiques.
L’indice des libertés humaines attribue une note sur 10 à près de 160 pays. Regroupant près de 80 indicateurs, il est divisé en deux grandes catégories. La première évalue l’état des libertés personnelles comme la libre-circulation, la liberté d’association ou la sécurité. La seconde correspond aux libertés économiques telles que le respect du droit de propriété, le système monétaire ou le commerce international. En 2016, date correspondant à la dernière évaluation, les cinq pays les plus libres étaient, dans l’ordre, la Nouvelle-Zélande, la Suisse, Hong-kong, l’Australie et le Canada. En fin de classement, on retrouve la Libye, l’Irak, le Yémen, le Venezuela et, enfin, la Syrie.
La France, avant-dernière en Europe de l’Ouest
La situation française n’est pas reluisante. Du côté des libertés personnelles, l’Hexagone a regagné les places qu’il avait perdues en 2015 à cause des assassinats terroristes contre Charlie Hebdo. Néanmoins, notre pays reste assez mal classé concernant l’état de droit, la liberté religieuse et la liberté de la presse.
The Human Freedom Index 2018. » align= »center » />Sur les questions économiques, de nombreux points noirs caractérisent la France. Avec une 57ème place, nous nous maintenons mais loin de l’excellence de la plupart des pays d’Europe de l’Ouest et du Nord. Par rapport à l’année dernière, l’Hexagone a même perdu cinq places.
« la France nuit aux libertés économiques par la taille excessive de son État »
Pour Tanja Porčnik, une des auteurs du rapport, « la France nuit historiquement aux libertés économiques par la taille excessive de son État, plus spécifiquement à cause de la dépense publique, de la redistribution et des subventions, et par le niveau de taxation marginale des hauts revenus. »
La France explose tous les records pour les impôts et les taxes : 48 % du PIB de prélèvements obligatoires pour 57 % de dépenses publiques et une dette qui augmente de 2000 € par seconde. Les dépenses publiques, les subventions et les redistributions forcées nuisent par définition à notre liberté de disposer du fruit de notre travail, car l’État choisit à notre place la manière de dépenser notre argent.
L’indice des libertés humaines égratigne aussi la France sur son incapacité à faire respecter les droits de propriété et la liberté contractuelle, comme avec la surprotection légale des locataires ou le droit de préemption de logements ou de terres agricoles. Les barrières tarifaires, mais surtout non tarifaires, font de la France un pays relativement protectionniste. Le libre-échange des capitaux est aussi très limité et réglementé dans notre pays.
Les normes obligatoires sur les activités industrielles et commerciales sont de véritables freins à la croissance. Concernant le marché du travail, la législation en matière de fixation des salaires, de licenciement et de négociation collective anticoncurrentielle contribue à créer du chômage de masse tout en altérant la compétitivité des firmes françaises.
Si notre pays a perdu cinq places, Tanja Porčnik l’explique notamment par « la croissance de la création monétaire en comparaison avec la production réelle, l’augmentation des taxes douanières et les pouvoirs plus importants offerts aux syndicats. » Rappelons que ces indicateurs sont comparés entre les années 2015 et 2016.
Liberté économique, liberté individuelle et démocratie sont intimement liées
Le classement des libertés humaines est bien entendu limité par son caractère théorique, par la nécessité de pondérer les différents éléments de l’évaluation et par la difficile définition de standards internationaux. Il présente néanmoins un intérêt pour révéler certaines tendances de fond.
La première concerne le lien empirique entre liberté individuelle et liberté économique. Aucun pays ne peut avoir l’un sans l’autre. Pour l’économiste Milton Friedman, « l’accroissement de la liberté économique va de pair avec l’accroissement des libertés civiles et politiques »[[Milton Friedman, Capitalisme et liberté, 1962.]]. Pour le prix Nobel, le marché libre et le droit de propriété sont des freins indispensables pour éviter de se retrouver avec un pouvoir politique despotique.
The Human Freedom Index 2018 ; Gwartney et al., Economic Freedom of the World: 2017 Annual Report, traduit par l’IREF. » align= »center » />La seconde tendance est que la liberté humaine est fortement corrélée à la prospérité (à l’exception notable des pays du Golfe assis sur la rente pétrolière). Les travaux d’Hernando de Soto sur la pauvreté montrent que reconnaître formellement le droit de propriété et la liberté contractuelle est indispensable pour éliminer la misère et permettre à tous de bénéficier du système productif.
Figure 5 : état de la démocratie et des libertés humaines
Le classement des libertés humaines permet de rappeler les liens indissociables entre liberté individuelle, liberté économique, prospérité et démocratie. La situation française reste toujours aussi préoccupante, particulièrement sur les libertés économiques, ce qui pénalise la création de richesses et d’emplois. De nombreux pays ont su faire des réformes et ont rapidement atteint les premières places du classement. Des sources d’inspiration pour le gouvernement actuel ?
The Human Freedom Index 2018. » align= »center » />