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Intelligence artificielle : les entrepreneurs savent mieux que l’Etat

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Au lieu de « débloquer » 1.5 Mds d’euros, on aurait mieux fait d’encourager l’innovation par moins d’Etat, de bureaucratie et d’impôts. Mais les politiques aiment les rapports et l’interventionnisme, même s’il est inutile et coûteux.

Le mercredi 28 mars, le rapport Villani sur l’intelligence artificielle a été présenté officiellement. Dès le lendemain, le gouvernement a annoncé 1,5 milliard d’euros consacrés à l’intelligence artificielle d’ici la fin du quinquennat afin notamment de « revenir dans la course dans ce domaine jugé stratégique et dominé jusqu’à présent par les mastodontes américains et chinois », selon l’Elysée. « Donner un sens à l’IA » est le titre du rapport Villani.

Loin de nous l’idée de sous-estimer les compétences de notre illustre mathématicien. Néanmoins, des rapports réalisés dans le passé par des personnalités de tous horizons n’ont pas pour autant résolu les problèmes d’avenir. En 1978 par exemple, le rapport Simon Nora et Alain Minc sur l’informatisation de la société à l’attention du président Valéry Giscard d’Estaing ne prévoit pas les révolutions informatiques à venir, laissant les Français croire en la gloire future du Minitel. Plus tard, en 1994, le rapport intitulé « Les autoroutes de l’information », réalisé par des polytechniciens et ingénieurs des télécoms (Gérard Théry, Alain Bonnafé, Michel Guieysse), sous-estime complètement le rôle de l’Internet : « Par sa large diffusion et son faible coût d’utilisation, Internet tend à s’imposer au reste du monde et pourrait devenir, après amélioration, le vecteur américain prioritaire des autoroutes de l’information, avec le bénéfice d’une implantation internationale et d’une avance concurrentielle en termes de services et d’équipements. Cependant son mode de fonctionnement coopératif n’est pas conçu pour offrir des services commerciaux. Sa large ouverture à tous types d’utilisateurs et de services fait apparaître ses limites, notamment son inaptitude à offrir des services de qualité en temps réel de voix ou d’images. …De plus il n’existe aucun moyen de facturation sur Internet, si ce n’est l’abonnement à un service, auquel on accède avec un mot de passe. Ce réseau est donc mai adapté à la fourniture de services commerciaux. Le chiffre d’affaires mondial sur les services qu’il engendre ne correspond qu’au douzième de celui du Minitel. Les limites d’Internet démontrent ainsi qu’il ne saurait, dans le long terme, constituer à lui tout seul, le réseau d’autoroutes mondial. » Et les auteurs du rapport de conseiller au Premier ministre, Edouard Balladur, d’accorder les sommes nécessaires à la société France Télécom pour mettre en place les « nouvelles autoroutes de l’information ».

Ce n’est qu’un exemple parmi d’autres. Dans le cas de l’IA, nous sommes encore plus dans le flou qu’on ne l’était en 1994 lorsque le potentiel de l’internet était déjà visible sauf pour ceux qui pensaient que l’argent public pouvait compenser les retards français. Cela fut le cas une nouvelle fois plus tard, en 2008, avec le projet « Quaero », cher à Jacques Chirac, et qui devait torpiller Google. On connaît les résultats.

Le problème avec les politiques c’est qu’ils veulent toujours tout prévoir. Pour cela, ils ont besoin de rapports. Ceux qui veulent faire des rapports ne manquent jamais à l’appel et ceux qui en profitent ensuite sont encore plus nombreux. La distribution d’argent public et la mission – louable en soi – de mettre le pays à la pointe de l’innovation, est une aubaine pour beaucoup. Sauf que les Microsoft, Google, Amazon et autres ne se décrètent pas. C’est l’entrepreneuriat et l’innovation qui s’en chargent. Au lieu de « débloquer » 1.5 Mds d’euros, on aurait mieux fait d’encourager l’innovation par moins d’Etat, de bureaucratie et d’impôts. Car les entrepreneurs savent mieux que l’Etat ce qu’il faut faire.

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5 commentaires

LEXXIS 3 avril 2018 - 7:25 pm

L'ESPOIR D'UNE REVANCHE?
Il y quand même plus qu'un paradoxe à ce qu'un État qui s'illustre dans des lois et règlements d'où la logique est rigoureusement absente, dont le sens, quand il apparaît, est extrêmement confus, dont enfin le fameux " et en même temps" ne fait enfin que souligner les innombrables contradictions et l'incapacité à choisir, il est donc assez paradoxal qu'un État aussi sévèrement handicapé dans sa compréhension du quotidien se mette en tête de montrer à tous la voie prometteuse de l'intelligence artificielle. Comme s'il agissait pour lui d'une sorte d'espoir de revanche sur une intelligence naturelle dont les dernières décennies ont trop souvent cruellement montré au citoyen comme au contribuable qu'elle lui faisait vraiment défaut.

En réalité quelques siècles plus tard, on ferme ainsi la boucle ouverte par Descartes lorsqu'il prétendait (ce qu'on a bien retenu): "Le bon sens est la chose la mieux partagée car (ce qu'on a malheureusement oublié…) chacun pense en être si bien pourvu, que même ceux qui sont les plus difficiles à contenter en toute autre chose, n'ont point coutume d'en désirer plus qu'ils en ont".

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Jean-Philippe de Lespinay 4 avril 2018 - 10:58 am

Le rapport Villani finance une recherche achevée depuis 1986 !
Cédric Villani est un universitaire et il n'a fait que se conformer à la position des chercheurs IA français, tous universitaires, sauf un (moi-même) : toujours plus d'argent consacré à la "recherche" ! Sans jamais trouver bien sûr. Contrairement au privé qui, lui, a fait plusieurs découvertes essentielles en IA entre 1986 et 1991 (l'IA raisonnante) sur fonds propres, jamais aidé par l'Etat.

J'ai tenté par tous les moyens d'informer M. Villani de l’existence de l'IA raisonnante installée dans les entreprises depuis 1987 qui permet aux non informaticiens, donc à tout le monde, de programmer beaucoup mieux et plus vite que les informaticiens. Il ne répond jamais et invite à ses conférences tout le gratin des informaticiens prétendant être des spécialistes de l'IA (Yann Le Cun de Facebook par exemple) mais qui ne savent pas ce qu'est l'intelligence – ce qui est tout de même extraordinaire ! – et n'en ont donc jamais donné à leurs programmes.

L'informatique est une technique en pleine détresse et fait tout pour qu'on l'ignore. Lisez le Chaos Report (https://www.infoq.com/fr/articles/rapport-chaos-2015) publié tous les deux ans depuis plus de 20 ans. Il analyse le succès des programmes sur la planète. Ses conclusions immuables depuis 20 ans : seulement 30 % des programmes sont satisfaisants, 20 % sont jetés à la poubelle, et 50 % sont à réécrire !

Plus "stressant" encore, l'informatique est si peu au point qu'elle stresse 64% des utilisateurs (enquête CMO Council 2010) et même 46% des informaticiens (enquête Kelly Services 2005)!

En résumé, cela fait 20 ans que l'on vous cache que l'informatique est foireuse, retarde le développement économique et qu'il existe une solution de remplacement parfaite avec l'IA raisonnante. Tout cela avec le soutien actif de l'Etat.

Il y a une évidence que tout le monde comprendra : pourquoi des informaticiens soutiendraient-ils une technologie qui va les mettre sur la paille ? Il ne faut donc pas compter sur eux pour installer l'IA dans nos foyers. Et tant pis pour l'humanité !

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Paulus Valentinus 4 avril 2018 - 11:00 am

Avant l'AI, l'intelligence tout court
Le rapport Villani vaut ce qu'il vaut et seul l'avenir nous dira ce qu'il en est. Mais pourquoi l'intelligence artificielle quand on pourrait faire tellement avec les outils à notre disposition aujourd'hui. ON parle de l'incapacité de l'administration à régler la délivrance de cartes grises. Pourquoi ne pose-t-on pas la question simple "à quoi sert la carte grise"? Mais à rien. L'administration a toutes les informations sur propriétaire de la voiture à partir de la plaque d'immatriculation, la police peut les avoir avec un terminal assez simple et les fichiers pourraient être complétés par l'attestation d'assurance (un clic de plus de l'assureur pour renseigner un fichier central), de même pour le contrôle technique de la voiture (qui devient d'ailleurs lui aussi fou avec les nouvelles dispositions). De cette façon le contrôle de police (papiers s'il vous plaît!) se résumerait pour le policier ou le gendarme à rentrer le numéro d'immatriculation dans son terminal. Il saurait tout instantanément. Cela ouvrirait aussi la voie à la chasse aux doubles plaques et de façon automatique avec les radars adéquats. Toutes ces technologies existent et feraient disparaître tous ces bureaux où il faut aller supplier pour avoir une carte grise inutile. Tout cela pourrait s'appliquer à beaucoup de démarche de la vie quotidienne. Se poser systématiquement la question: "cela sert-il à quelque chose". La réponse est souvent claire: "à rien".

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Jean-Philippe de Lespinay 12 mars 2019 - 11:24 am

Les technologies dont vous parlez nécessitent des informaticiens, donc des intermédiaires entre l’ordinateur et les utilisateurs qui savent. Il faut plusieurs mois ou années pour qu'ils fassent le travail demandé et qu'il soit réellement opérationnel. A ce moment-là, le résultat est le plus souvent obsolète donc à réécrire.
Avec l'IA raisonnante, il n'y a pas d’intermédiaire. C'est celui qui sait qui écrit, en Français. Le programme, ou la modification du programme, demande quelques minutes à quelques heures. Et il y a autant de développeurs potentiels qu'il y d'habitants sur la planète. De plus elle permet d'aborder des domaines inaccessibles à l’informatique classique et pourtant indispensables (extraction et validation automatique des connaissances, simulation logique, assistance à l'invention et à la création, conversationnels, didacticiels intelligents, aides au diagnostic, etc.)

Toute technique ayant besoin d’ordinateurs (ou plutôt de microprocesseurs) pour innover et tout le monde devenant capable de parler à un ordinateur pour en faire ce qu'il veut, vous imaginez à quelle vitesse progressera la société ?

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yuropp 26 mars 2019 - 5:47 pm

Principe de Dilbert
"Le problème avec les politiques c’est qu’ils veulent toujours tout prévoir. Pour cela, ils ont besoin de rapports."

Les rapports servent à "justifier" des décisions qu'ils n'ont aucune compétence pour prendre. Parce que ce sont des "décideurs", et que si un décideur était compétent, il ne serait pas décideur mais acteur !
La situation est d'ailleurs la même dans le cas de grosses boîtes privées : un "chef" l'est devenu parce qu'il n'avait aucune compétence dont le "vrai boulot" ne puisse se passer, et le mécanisme est récursif.

En théorie, un innovateur individuel (ou, mieux, une petite équipe rompue aux échanges informels, entre cafetière et tableau blanc) peut "briser la malédiction". Seulement, tout une gangue de parasites externes (fonctionnaires qui se prennent pour Colbert, employés de banques qui se prennent pour des investisseurs) vont vouloir des interlocuteurs "à leur image". Des parasites. Et voila comment le pognon qui devrait aller à l'investissement part dans la gestion et la justification…

Non seulement ce sont des incompétents qui décident, mais en plus ils sont contagieux…

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